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STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Après l'opération Barbarossa, les forces de l'Axe contraignent l'URSS au repli.
Après une série de succès, l'Allemagne s'enlisera progressivement puis cédera à Stalingrad et à Koursk.
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STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 17 Mar 2017, 13:14

Le 24 août 1939 résonne comme un coup de tonnerre ! La veille, le Reich et l'URSS, l'eau et le feu, ont conclu un pacte de non agression.
A travers le monde, les communistes y perdent leur latin. Les autres restent coi. Les plus pragmatiques ont bien compris que les deux dictateurs avaient trouvé un intérêt commun malgré tout ce qui les oppose. La campagne de Pologne le confirmera moins d'un mois plus tard.

Ce pacte, STALINE va vouloir y croire jusqu'au bout, seule garantie qu'il a de gagner du temps avant la confrontation inévitable avec son redoutable et menaçant voisin occidental.
Même le 22 juin 1941 il semble, contre toute logique, encore vouloir y croire...

Et même dans les mois qui suivent, les pires de l'histoire russe depuis 1812, le Petit Père continue à considérer une paix de compromis avec HITLER. Des propositions d'une paix nébuleuse qui pourrait lui sauver la peau au fur et à mesure que la Wehrmacht progresse vers Moscou.

Des propositions de paix qu'HITLER semblerait prêt à écouter tant l'Armée rouge et le régime stalinien tardent à s'effondrer. Mais HITLER veut faire monter les enchères au plus haut avant d'envisager une possible négociation qui lui permettrait de créer son "Lebensraum"

Etonnamment, je n'ai rien trouvé à ce sujet sur le forum :?: (en tous les cas dans la rubrique "Le front de l'Est").

Alors, voici une première salve de ces improbables tractations de paix entre 2 ennemis à mort... ...qu'une paix pragmatique pourrait finalement servir tous deux.

Barbarossa
- d'emblée STALINE songe à sonder des possibilités "d'arrangement" via Tokyo ou les Affaires étrangères allemandes (l'ancien ambassadeur d'Allemagne à Moscou serait ouvert dans ce sens?)...
- fin juin 1941 : l'ambassadeur de Bulgarie à Moscou est contacté pour proposer la cession des Etats baltes, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Bucovine et de la Carélie contre l'arrêt des hostilités (l'ambassadrice de Suède aurait également fourni une proposition à l'Abwehr) ;
- mi-juillet 1941 : virtuellement vaincue, l'Armée rouge ne s'incline pas et HITLER s'inquiète... au point peut être d'accepter de laisser survivre le régime stalinien contre d'importantes compensations territoriales (cf. "Propos de table" François DELPLA) ;
- juillet/août 1941 : la Finlande est approchée pour sortir de la guerre en échange de concessions territoriales (et lever la menace sur Leningrad) ;
- 19 août 1941 : GOEBBELS évoque le doute qui assaille son Führer alors que celui-ci découvre que le potentiel de l'URSS est supérieur à ce qu'il en pensait... et évoque l'hypothèse d'une paix de compromis avec STALINE ;
- 25 août 1941 : HITLER refuse des propositions du Kremlin relatives aux prisonniers de guerre (signe que des canaux sont malgré tout ouverts) à ce moment-là HITLER compte bien se saisir rapidement de Leningrad... ce qui immanquablement ferait monter les enchères d'une future négociation ;
- 6 septembre 1941 : Directive n°35, HITLER décide d'attaquer Moscou pour pousser STALINE dans ses derniers retranchements pendant que la Heeresgruppe Süd achève la conquête de l'Ukraine et pousse jusqu'au Caucase (rêve et réalité...) ;
- 19 septembre 1941 : Kiev tombe et l'Ukraine suivra...
- 24 septembre 1941 : GOEBBELS relate l'espoir d'HITLER que STALINE fasse une proposition de paix qu'il acceptera !
- 2 octobre 1941 : la marche sur Moscou reprend ;
- 9 octobre 1941 : STALINE prépare l'abandon de Moscou mais serait d'autre part passé par BERIA pour transmettre une ultime proposition de paix qui serait parvenue à HITLER mais qu'il aurait refusée maintenant convaincu de prendre Moscou (cf. "La Guerre germano-soviétique", Nicolas BERNARD).

Constat étonnant que sous le bruit des canons les chuchotements des diplomates ne cessent pas et qu'à trop forcer les choses, fort heureusement, HITLER rate peut être son pari en ce second semestre 1941...
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Tomcat  Nouveau message 17 Mar 2017, 16:30

Bonne idée Daniel !!! ::super::

Apparemment AH a été trop gourmand...

Y a t-il eu des offres après 1941 ?

Que pense l'entourage d'AH de ces offres ? A t-il été poussé à la surenchère ou Est-ce sa seule décision ?

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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 17 Mar 2017, 20:05

Oui, il y a eu d'autres offres après 41 mais il faut que je remette le grappin sur le bon bouquin.
Le sujet m'est inconnu, raison pour laquelle je le lance.

En espérant que d'autres viendront nous éclairer... (si François DELPLA et Nicolas BERNARD avaient la bonne idée de passer par là par exemple...)
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Alcide NITRYK  Nouveau message 17 Mar 2017, 21:08

Oncle Joe s'est ressaisi après une période de prostration, tous ses plans ayant pour but de libérer l'Europe du joug impérialiste tombant à l'eau.
Sa décision de ne pas partir de Moscou galvanisa le moral des Soviétiques.


 

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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 20 Mar 2017, 12:31

Tomcat a écrit:Bonne idée Daniel !!! ::super::

Apparemment AH a été trop gourmand...

Y a t-il eu des offres après 1941 ?

Que pense l'entourage d'AH de ces offres ? A t-il été poussé à la surenchère ou Est-ce sa seule décision ?


Des négociations persistent en 1942, en Suède, mais ne semblent pas revêtir la même ampleur que les péripéties de 1941, lesquelles impliquent la Bulgarie. Ce qui me semble certain, sachant que j'avais initialement pensé le contraire, c'est que Hitler est prêt à conclure la paix avec Staline, mais que cette paix sera dévastatrice, consistant à conserver, à tout le moins, Leningrad, l'Ukraine, voire le Caucase.

Le volet diplomatique de la guerre germano-soviétique reste fort méconnu. J'ai surtout fait oeuvre de pionnier en la matière, afin d'attirer l'attention des historiens sur cette thématique. :roll:
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de quovadis  Nouveau message 21 Mar 2017, 07:43



 

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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Mar 2017, 10:19

Merci pour cette contribution Quovadis.
J'ai "copié/collé" ci-dessous le texte proposé par le lien.


Août-septembre 1943: comment Tokyo a tenté de réconcilier Staline avec Hitler
MOSCOU, 26 août (par Anatoli Kochkine, docteur en histoire, professeur à l'Université orientale - RIA Novosti).

Voici quelques années les Archives nationales des Etats-Unis ont mis la main sur une correspondance diplomatique entre l'ambassadeur du Japon à Berlin, le général Hiroshi Oshima, et le ministère nippon des Affaires étrangères, correspondance qui avait été interceptée et décodée par les services de renseignement américains. Ce courrier révèle qu'après la défaite subie par l'armée allemande à Stalingrad en 1943, le gouvernement japonais avait tenté une médiation entre Moscou et Berlin dans le but de mener des pourparlers séparés sur la cessation des hostilités sur le front germano-soviétique.

Ainsi, Hiroshi Oshima avait informé Tokyo qu'Hitler aurait accepté de mettre fin à la guerre contre l'URSS à condition que les dirigeants soviétiques lui cèdent l'Ukraine. A cette occasion l'agence ITAR-TASS a publié une dépêche disant que cette "correspondance déchiffrée ne fournit pas de réponse à la question de savoir si cette proposition a été ou non communiquée à Moscou".

Après la catastrophe de Stalingrad, Berlin avait effectivement envisagé de sonder le Kremlin quant à un "accommodement" avec l'Union soviétique. Alliés de l'Allemagne, les Japonais avaient entrepris de procéder à ce sondage. Mais en poursuivant aussi leurs propres objectifs. Au début du mois de février 1943, après des combats prolongés, les troupes nippones avaient été contraintes d'abandonner Guadalcanal (dans l'archipel des îles Salomon), d'une grande importance stratégique. Cela avait coïncidé avec la capitulation des troupes allemandes à Stalingrad. Conscient qu'un tournant venait de se produire dans la Seconde Guerre mondiale au détriment des pays de l'"Axe", le gouvernement japonais décida de recourir à des manoeuvres diplomatiques. Il élabora un plan de médiation du Japon dans l'organisation de négociations de paix entre l'Allemagne et l'URSS. Selon les Japonais, en cas d'acceptation de Moscou, même si les pourparlers n'aboutissaient pas à un armistice, le fait même de l'existence de contacts entre l'URSS et l'Allemagne devait semer la suspicion et la méfiance des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'Union soviétique. En effet, les Trois Grands avaient convenu de s'abstenir d'engager des pourparlers séparés avec les ennemis.

En cas de cessation des hostilités sur le front principal, germano-soviétique, toutes les forces de l'Allemagne se retourneraient contre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Ce qui n'aurait pas manqué d'affaiblir les forces des alliés occidentaux dans le Pacifique et de permettre au Japon de redresser la situation dans cette région.

En janvier 1943, les responsables des bureaux de renseignement japonais en Europe se réunirent à Ankara et décidèrent que la mission première de ces bureaux était de contribuer à une interruption de la guerre soviéto-allemande via un accord entre l'URSS et l'Allemagne. Le pot aux roses fut découvert par les services de renseignement américains. Alors, par le truchement de leur ambassadeur en URSS, Washington informa Moscou que depuis quelque temps les Allemands faisaient des propositions insistantes aux Japonais... et que le Japon y aurait répondu en demandant pourquoi l'Allemagne ne conclurait-elle pas la paix avec l'URSS et ne ferait-elle pas de cette dernière un allié?

Le président des Etats-Unis, Franklin Roosevelt, était probablement préoccupé par ces manoeuvres japonaises et dans le message de félicitation adressé à Staline à l'occasion de la victoire des troupes soviétiques à Stalingrad, il a mis l'accent sur la nécessité "de tendre toutes les énergies pour parvenir à la défaite définitive et à la capitulation sans condition de l'ennemi". Dans sa réponse, Staline avait exprimé l'espoir que "les actions conjointes des forces armées des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Union soviétique aboutiront prochainement à la victoire sur notre ennemi commun". Le dirigeant soviétique faisait ainsi comprendre qu'il n'était pas question d'un armistice avec l'Allemagne.

L'ordre du jour du Chef suprême des armées, Staline, publié dans la Pravda le 1er mai 1943, ne laissait aucun doute à ce sujet. Il y était dit: "Le bavardage sur la paix dans le camp des fascistes atteste seulement qu'ils traversent une grave crise. Comment pourrait-on faire la paix avec les brigands impérialistes du camp fasciste allemand qui ont inondé de sang l'Europe et l'ont couverte de potences?"

Néanmoins, au mois d'août 1943, après le revers subi par les Allemands sur le saillant de Koursk, une nouvelle réunion des directeurs des bureaux de renseignement japonais en Europe se tint à Berlin. A cette époque, les membres de l'état-major nippon ne dissimulaient plus leurs doutes quant à la "possibilité d'anéantir l'URSS par des moyens militaires". Les participants à la conférence de Berlin eux aussi constatèrent que l'Allemagne avait à l'évidence perdu la guerre et que sa défaite n'était plus qu'une question de temps. Les dirigeants nippons commencèrent à appréhender le moment où, après avoir vaincu l'Allemagne, et même avant, l'URSS se porterait à l'aide des alliés et engagerait les hostilités contre le Japon pour accélérer la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est la raison pour laquelle les partisans de l'"accommodement" relancèrent leurs manoeuvres diplomatiques.

Le ministère nippon des Affaires étrangères donna des instructions à son ambassade à Moscou pour qu'elle tente de réaliser l'idée des "pourparlers de paix" soviéto-allemands. Toutefois, lorsque l'ambassadeur du Japon Naotake Sato, aborda ce thème le 10 septembre 1943 au cours d'un entretien avec Viatcheslav Molotov, le Commissaire du peuple aux Affaires étrangères déclara: Dans le contexte actuel de la guerre, le gouvernement soviétique estime totalement exclu un armistice ou une paix avec l'Allemagne hitlérienne ou avec ses satellites.

Cependant, malgré la fermeté du gouvernement soviétique au sujet de l'armistice, un an plus tard le ministre nippon de la Guerre, le feld-maréchal Hajime Sugiyama, et ses partisans se proposèrent une nouvelle fois en qualité de médiateurs dans des négociations sur la cessation de la guerre soviéto-allemande. Ils prétendaient que l'évolution de la situation était propice à cela.

Le 5 septembre 1944, au cours d'une réunion du Conseil supérieur de la guerre, Hajime Sugiyama évoqua en ces termes les chances d'une médiation heureuse du Japon: Se fondant sur les informations fournies par les services de renseignement, le commandement des forces terrestres pense que depuis le début de la guerre contre l'Allemagne l'Union soviétique a déjà perdu 15 millions d'hommes ainsi que la plus grande partie de ses moyens matériels et que pour cette raison elle est lasse de la guerre. Qui plus est, la situation internationale est telle que des contradictions se sont fait jour entre l'URSS et la Grande-Bretagne en Méditerranée, dans le Sud-Est de l'Europe, dans les mers septentrionales et en d'autres endroits. Un affrontement armé entre les Etats-Unis et l'URSS n'est pas non plus à écarter. D'un autre côté, bien qu'Hitler envisage une nouvelle offensive sur le front oriental, il est pleinement conscient du désavantage que représente la poursuite de la guerre contre l'URSS. Voilà pourquoi le moment est favorable à une médiation active du Japon en vue de parvenir à un armistice entre l'Allemagne et l'URSS.

Le but principal poursuivi par Tokyo consistait moins à "faire la paix" entre l'Allemagne et l'URSS qu'à démontrer à cette dernière sa "bonne volonté", de manière à prévenir l'entrée de l'Union soviétique dans la guerre contre le Japon. Le Kremlin en était parfaitement conscient.

En 1944, le gouvernement nippon continua de proposer sa médiation. Il suggéra officiellement au gouvernement soviétique d'envoyer à Moscou une mission japonaise spéciale. Devinant les véritables desseins des Japonais, les dirigeants soviétiques chargèrent l'ambassadeur de l'URSS à Washington d'informer le gouvernement des Etats-Unis du sondage opéré par le Japon. Dans un télégramme en date du 23 septembre 1944, Viatcheslav Molotov chargea l'ambassadeur Andreï Gromyko d'informer confidentiellement les Etats-Unis que "le gouvernement soviétique, sachant bien que la mission mentionnée avait pour premier souci non pas les rapports entre le Japon et l'URSS mais la conclusion éventuelle d'une paix séparée entre l'Allemagne et l'URSS, a repoussé la proposition du gouvernement japonais".
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Mar 2017, 12:09

Disons qu'après leurs débâcles du second semestre 1942, les leaders japonais comptent beaucoup sur l’Allemagne nazie pour épuiser l’adversaire. Mais le Reich subit lui-même une série de revers, d'El Alamein à Stalingrad, de l'Afrique du Nord à Tunis, du débarquement allié en Sicile à la victoire soviétique de Koursk, jusqu'à la chute de Mussolini. Désormais, le Japon se prépare au pire – à savoir que l’Allemagne subisse le même sort que le fascisme italien ! Pour y parer, une solution : restaurer la paix entre les nazis et l’Union soviétique, ce qui permettrait à l’Axe de forger un bloc eurasiatique contre l’Occident.

Dès lors, à compter de l'année 1943, La Russie stalinienne occupe ainsi une place clé dans la politique japonaise. A tout le moins le régime impérial cherche-t-il à se prémunir d’une guerre avec elle. Aussi multiplie-t-il les concessions : la presse modère le ton à son égard ; le 30 mars 1944, le Japon cède à l’URSS, à un tarif avantageux (notamment une somme de cinq millions de roubles… payable après la guerre), ses concessions minières – charbon et pétrole – au nord des îles Sakhaline. Aux États-Unis, d’aucuns grincent des dents : au plus fort de la guerre mondiale, Japonais et Soviétiques trouvent encore l’opportunité de dialoguer…

Staline ne cherche pas à s’encombrer d’une guerre avec le Japon. D’abord parce que la Russie a trop fort à faire avec l’Allemagne pour s’offrir le luxe d’un "second front" en Sibérie. Ensuite parce qu’il persiste à se méfier des Alliés occidentaux : en l’embarquant dans une telle aventure, ne chercheraient-ils pas à lui faire retirer les marrons du feu dans le Pacifique ? C’est pourquoi le dictateur géorgien joue-t-il l’attentisme, sans pour autant froisser les Anglo-Saxons. Ce compromis l’amène, lors de la conférence de Téhéran en novembre 1943, à formuler cette promesse à Roosevelt et Churchill : l’URSS s’engagera contre le Japon, oui, mais après la défaite de l’Allemagne. C’est là l’option la moins mauvaise. De la sorte, le Kremlin satisfait les revendications américaines, mais non sans monnayer son entrée en guerre – par diverses exigences territoriales repoussant notamment vers l’ouest les frontières soviéto-polonaises, ou lui permettant de poser le pied en Mandchourie. Et en posant comme condition suspensive à son intervention l’écrasement du Reich, Staline évite de se retrouver « gros jean comme devant » dans l’éventualité où les « capitalistes de l’Ouest » signeraient avec Berlin une paix séparée…

Le maintien des relations de "bon" voisinage entre le Japon et l'URSS, qui fait suite à des décennies de mésentente, obéit donc à un marché de dupes. Jusqu'à l'invasion soviétique d'août 1945.
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Mar 2017, 12:24

Merci Nicolas.

Pour revenir à la fin 1941... Peut-on imaginer qu'HITLER ai fait monter les enchères trop haut en croyant Moscou à portée de main plutôt qu'en acceptant de négocier une paix de compromis en octobre il aurait laissé l'URSS sur le flan ? A moins que l'on n'en sache pas assez sur le sérieux des démarches staliniennes ?
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Re: STALINE-HITLER - "Je t'offre la paix moi non plus"

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 21 Mar 2017, 12:45

Ce qui est certain, c'est que Staline a fait au moins une offre de paix via la Bulgarie, et que cette offre a été rejetée. Au cours de l'automne 1941, Ribbentrop a assuré à l’un de ses diplomates, Fritz Hesse, que Hitler avait rejeté une offre de paix soviétique formulée par l’entremise de la Bulgarie, "de toute évidence parce qu’il était convaincu qu’il pouvait soutenir l’épreuve et en sortir bientôt vainqueur".

On ne peut guère dater cette ou ces offres de paix. Staline lui-même, dans la première semaine d'octobre 1941, demande à Beria de relancer les pourparlers: s'agit-il de la proposition rejetée par Hitler? En l'état, impossible de l'affirmer avec certitude. Toujours est-il que Hitler, lui, ne désespère pas d'amener Staline à la table des négociations. Le général Halder observe dans son Journal, à la date du 18 novembre 1941, que, pour le Führer, "les deux camps belligérants réaliseront qu'ils ne peuvent s'annihiler mutuellement, ce qui devrait les amener à une paix négociée" (à l'évidence, l'allusion ne vise pas seulement les Soviétiques, mais également la Grande-Bretagne).

En toute hypothèse, il est prouvé (je cite des documents à ce titre dans mon livre) que Hitler attendait une offre de paix de Staline. A-t-il lui-même entamé des démarches? Possible, mais je n'y crois guère - c'eût été se mettre en position de faiblesse, à mon humble avis.

J'en déduis plutôt que Hitler attendait de Staline qu'il craque et lui cède de larges portions de la Russie d'Europe. Mais ni Staline, ni l'Armée rouge, n'ont craqué. En ce sens, oui, le dictateur nazi s'est révélé trop gourmand. Mais lui et ses généraux ont loupé une occasion de s'emparer de Moscou dans la seconde quinzaine d'octobre, privilégiant un encerclement massif de la capitale à un assaut frontal, ce qui m'amène à considérer que cette erreur militaire a lourdement pesé sur le sort des pourparlers. Si les nazis avaient paradé sur la Place Rouge, si le drapeau à croix gammée avait flotté sur le Kremlin, le dictateur géorgien se serait-il montré plus accommodant? On ne sait, mais j'ai mon intime conviction.
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