Le 24 août 1939 résonne comme un coup de tonnerre ! La veille, le
Reich et l'URSS, l'eau et le feu, ont conclu un pacte de non agression.
A travers le monde, les communistes y perdent leur latin. Les autres restent coi. Les plus pragmatiques ont bien compris que les deux dictateurs avaient trouvé un intérêt commun malgré tout ce qui les oppose. La campagne de Pologne le confirmera moins d'un mois plus tard.
Ce pacte, STALINE va vouloir y croire jusqu'au bout, seule garantie qu'il a de gagner du temps avant la confrontation inévitable avec son redoutable et menaçant voisin occidental.
Même le 22 juin 1941 il semble, contre toute logique, encore vouloir y croire...
Et même dans les mois qui suivent, les pires de l'histoire russe depuis 1812, le Petit Père continue à considérer une paix de compromis avec HITLER. Des propositions d'une paix nébuleuse qui pourrait lui sauver la peau au fur et à mesure que la
Wehrmacht progresse vers Moscou.
Des propositions de paix qu'HITLER semblerait prêt à écouter tant l'Armée rouge et le régime stalinien tardent à s'effondrer. Mais HITLER veut faire monter les enchères au plus haut avant d'envisager une possible négociation qui lui permettrait de créer son "
Lebensraum"
Etonnamment, je n'ai rien trouvé à ce sujet sur le forum
(en tous les cas dans la rubrique "Le front de l'Est").
Alors, voici une première salve de ces improbables tractations de paix entre 2 ennemis à mort... ...qu'une paix pragmatique pourrait finalement servir tous deux.
Barbarossa- d'emblée STALINE songe à sonder des possibilités "d'arrangement" via Tokyo ou les Affaires étrangères allemandes (l'ancien ambassadeur d'Allemagne à Moscou serait ouvert dans ce sens?)...
- fin juin 1941 : l'ambassadeur de Bulgarie à Moscou est contacté pour proposer la cession des Etats baltes, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Bucovine et de la Carélie contre l'arrêt des hostilités (l'ambassadrice de Suède aurait également fourni une proposition à l'
Abwehr) ;
- mi-juillet 1941 : virtuellement vaincue, l'Armée rouge ne s'incline pas et HITLER s'inquiète... au point peut être d'accepter de laisser survivre le régime stalinien contre d'importantes compensations territoriales (cf. "Propos de table" François DELPLA) ;
- juillet/août 1941 : la Finlande est approchée pour sortir de la guerre en échange de concessions territoriales (et lever la menace sur Leningrad) ;
- 19 août 1941 : GOEBBELS évoque le doute qui assaille son
Führer alors que celui-ci découvre que le potentiel de l'URSS est supérieur à ce qu'il en pensait... et évoque l'hypothèse d'une paix de compromis avec STALINE ;
- 25 août 1941 : HITLER refuse des propositions du Kremlin relatives aux prisonniers de guerre (signe que des canaux sont malgré tout ouverts) à ce moment-là HITLER compte bien se saisir rapidement de Leningrad... ce qui immanquablement ferait monter les enchères d'une future négociation ;
- 6 septembre 1941 : Directive n°35, HITLER décide d'attaquer Moscou pour pousser STALINE dans ses derniers retranchements pendant que la
Heeresgruppe Süd achève la conquête de l'Ukraine et pousse jusqu'au Caucase (rêve et réalité...) ;
- 19 septembre 1941 : Kiev tombe et l'Ukraine suivra...
- 24 septembre 1941 : GOEBBELS relate l'espoir d'HITLER que STALINE fasse une proposition de paix
qu'il acceptera !
- 2 octobre 1941 : la marche sur Moscou reprend ;
- 9 octobre 1941 : STALINE prépare l'abandon de Moscou mais serait d'autre part passé par BERIA pour transmettre une ultime proposition de paix qui serait parvenue à HITLER mais qu'il aurait refusée maintenant convaincu de prendre Moscou (cf. "La Guerre germano-soviétique", Nicolas BERNARD).
Constat étonnant que sous le bruit des canons les chuchotements des diplomates ne cessent pas et qu'à trop forcer les choses, fort heureusement, HITLER rate peut être son pari en ce second semestre 1941...