François Delpla a écrit:Je recommande tout particulièrement sur cette question la lecture des Propos intimes et politiques, où l'on voit à l'oeuvre, comme jamais, l'enchevêtrement des deux croyances principales qui sous-tendent les actions de Hitler : la foi en la Providence et le constat d'une hiérarchie des races qui place les Aryens, càd avant tout, en cette époque, les Anglais et les Allemands, au principe de tout.
Je vais me permettre 2 conseils bibliographiques à mon tour :
- Ziemke et Bauer « Moscow to Stalingrad » ( ce que j'ai lu de meilleur sur les événements de la bataille de Moscou ( incluse ) à celle de Stalingrad ( incluse ))
- Geoffrey Jukes “Hitler’s Stalingrad Décisions”
François Delpla a écrit:Au niveau logique, c'est sans doute dès le début de septembre qu'il perd le moral, s'agissant de Bakou : il envoie Jodl le 7 chez Leeb, le dévoué chef de la section "opérations" de l'OKW lui rapporte que le blocage ne vient pas de Leeb, il prend la mouche et se fâche avec l'ensemble de la Generalität, les "propos" s'arrêtent brusquement pour ne jamais reprendre en continu...
Attention la crise de début septembre qui aboutit à une brouille durable entre Hitler et Jodl ( et à un degré à peine moindre entre Hitler et Keitel ; entre Hitler et Halder c’était déjà catastrophique avant ) a pour objet la situation de la 17ième armée et en particulier l’engagement du 49iè corps de montagne vers Soukhoumi : Jodl défend la position de List ( Leeb est l’ancien commandant du GA Nord qui a démissionné en janvier ou février 1942 pour incompatibilité de conception avec Hitler, c’est List qui comande la GA A en 1942 ) comme quoi le chemin choisi par Hitler pour attaquer Soukhoumi est impraticable pour une offensive.
L’offensive de la 1ière armée blindée qui a une tête de pont sur le Terek ( en direction de Grozny et Bakou ) n’est pas encore à cette date complétement ratée et elle sera à l’offensive jusque fin septembre et reprendra même l’offensive fin octobre début novembre ( subissant d’ailleurs un échec tactique )
La 17ième armée relance courant octobre l’offensive sur Tuapse avant de s’arrêter le 25 octobre sans avoir pu prendre la ville.
Entre temps Hitler aura lancer son ordre opérationnel n°1 qui devait définir la stratégie pour l’automne et l’hiver ( un ordre qui fait beaucoup pour établir la nullité militaire de Hitler ) et ordonne de préparer des offensives sur Leningrad ( abandonnée rapidement ) et le saillant de Toropetz tout en demandant de finir de prendre Stalingrad et de préparer des offensives contre Tuapse ( voir échec de l’offensive ci-dessus ) voire à partir du Terek ( la dernière offensive de la 1ière armé blindée échoue peu après toutefois
Bref la dégradation militaire en septembre et octobre est continue jusqu’à ce que Hitler jette l’éponge fin octobre et rentre à Rastenburg puis Munich et le Berghof
François Delpla a écrit:Mais il ne renonce à tout espoir qu'un mois plus tard, la Providence n'ayant pas fait de miracles et l'effort pour priver les Soviétiques de carburant prenant le dessus. Reste Stalingrad, où il peut à la fois continuer à espérer contre toute logique, faire mine d'essayer encore d'ouvrir une route vers les centres vitaux soviétiques et faire une démonstration de sacrifice anticommuniste pouvant donner à réfléchir aux bourgeoisies anglo-saxonnes.
Je pense qu’il renonce définitivement quand il quitte l’Ukraine le 31 octobre 1942 ( il a commandé depuis son QG en Ukraine durant tout l’été ) pour faire rentrer l’OKH d’Ukraine en Prusse Orientale et de là ( pour lui à titre personnel ) il quitte son QG pour la Bavière le 8 novembre où il sera lors de l’offensive sur Stalingrad : on peut parler de quasi-désertion pour quelqu’un qui veut assumer le commandement et ça en dit long sur son état d’esprit à ce moment là