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Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Après l'opération Barbarossa, les forces de l'Axe contraignent l'URSS au repli.
Après une série de succès, l'Allemagne s'enlisera progressivement puis cédera à Stalingrad et à Koursk.
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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 11  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 28 Jan 2017, 17:10

Quand on se penche sur les seules cartes de l'OKH, du mois de novembre 1942, on constate...

Que les 4. & 6. Armeen étaient "à poil", depuis un bail, sur leur arrières et des centaines de kilomètres.
Que les "résultats" de l'offensive russe "Uranus", déclenchée le 19 novembre, n'apparaissent qu'à dater du 21 novembre, mais ne sont "concrètement" mentionnés qu'à dater du 25.


Situation OKH, le 19 novembre

Image

Situation OKH, le 25 novembre

Image

Il semble - mais cette opinion n'engage que moi - que, "forts" des expériences précédentes, notamment l'offensive Timochenko, au mois de mai précédent, qui avait tourné (comme d'habitude!) à la déconfiture russe, les Allemands s'étaient forgés une certitude sur leur capacité à contrer (systématiquement) les initiatives soviétiques ; de surcroit, leurs services de renseignements tablant, alors, sur une grande offensive ennemie, menée sur le Heeresgruppe Mitte - Opération "secondaire" "Mars", déclenchée, le 25 novembre -, ils avaient, probablement, considéré, à tort, que "Uranus" n'était qu'une simple diversion. En plus, le quasi-désert qui existait derrière la 6. & la 4. Armee ne facilitait pas une analyse correct des évènements - il a fallu 6 jours, à l'OKH, pour constater la situation réelle -.

De son côté, Dodolf se méfiait d'une contre-offensive russe, qui viendrait isoler le Heeresgruppe A, dans le Caucase. C'était, d'ailleurs, l'intention première de l'opération "Saturne" - revisée "Petite Saturne", après le déclenchement de la contre-attaque "Unternehmen Wintergewitter", menée par v. Manstein, à partir du 12 décembre-, lancée le 16 décembre. La tentative du Heeresgruppe Don (v. Manstein), de faire jonction avec la 6.Armee., aura, au moins, eu un résultat, en contrant les intentions russes d'isoler le H.Gr.A.

Hormis l'opération"Mars" qui se cassera les dents sur le Heeresgruppe Mitte, mais dont la propagande stalinienne s'empressera de minorer les objectifs initiaux, et "Petite Saturne", qui ne mènera à bien qu'une partie de ses objectifs, les offensives méridionales russes de novembre-décembre 1942 - pour la première fois, depuis juin 1941 -, seront "victorieuses". Ce n'est pas, par hasard, que l'histoire officielle russe (toute tendance politique confondue) considère que Stalingrad constitue le tournant de la "Grande Guerre Patriotique".

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 12  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 28 Jan 2017, 19:50

Les wargames présentent une grande faiblesse, la mauvaise prise en compte des contingences logistiques (quand celles-ci ne sont pas purement et simplement oubliées pour des raisons ludiques).

Ils permettent d'approcher les réflexions stratégiques mais... guère plus.
Et d'autant plus à l'échelle du front de l'Est.
Image
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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 13  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 28 Jan 2017, 19:52

Tu as raison Loïc, seuls des KG de la 22e pzd servent de réserve avec des "bouchons" fait de détachement d'infanterie et 88.
Comme ils l'on crut longtemps cela suffisait à arrêter une incursion, mais
ici, ce n'est plus le cas.
Il n'y a rien, d'où l'intérêt de laisser la garnison en place pour immobiliser toutes les forces soviétiques qui ont fait la percé, sinon l'atteinte de Rostov
aurait été facile.
Il faut voir une carte bien faite de wargame, Stalingrad est noeud ferroviaire.
Son abandon aurait donné un tremplin aux soviétiques pour atteindre toute
l'arrière court de l'Ukraine.
Et de plus en détruisant une bonne part des unités fuyant le chaudron, en
fait l'infanterie.
Hitler a joué le tout pour le tout, il a laissé ses troupes en place, perdues pour perdues, c'était quitte ou double.
D'un autre côté il n'a pas su choisir entre la Tunisie et Stalingrad, qu'aurait
donné un ré-aiguillage des troupes, matériels et avions de la Tunisie vers la
Sicile?
Ils auraient pu retirer pas mal de troupe de la Tunisie pour la protection de l'Italie ou pour les envoyer dans la steppe du don.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 14  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 28 Jan 2017, 19:58

Dog Red a écrit:Les wargames présentent une grande faiblesse, la mauvaise prise en compte des contingences logistiques (quand celles-ci ne sont pas purement et simplement oubliées pour des raisons ludiques).

Ils permettent d'approcher les réflexions stratégiques mais... guère plus.
Et d'autant plus à l'échelle du front de l'Est.

Tout à fait c'est pour cela que je croise mon analyse aux livres de glantz et Lopez à qui je laisse
le dernier mot.
Mais cela éclaire tout de même.
Pour la logistique, fine, ce n'est pas forcément un problème, c'est pour cela que je cite la série
ocs faite pour cela: ::super::
https://boardgamegeek.com/boardgame/29285/case-blue
Le problème est de prendre en compte les différentes possibilités des unités lors d'une campagne surtout dans un combat moderne.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 15  Nouveau message de Tomcat  Nouveau message 29 Jan 2017, 00:01

Nicolas Bernard a écrit:Pour résumer ma position: l'affirmation selon laquelle Hitler aurait été convaincu par Göring de laisser la 6. Armee emmurée à Stalingrad n'est qu'une légende. En réalité, le Führer a pris sa décision de tenir sur place avant même de consulter ledit Göring. Lequel servira uniquement à épater la galerie pour imposer sa décision de tenir sur place.

Reprenons les faits. L'encerclement des troupes de Paulus, redouté depuis plusieurs jours, est réalisé le 22 novembre 1942. Or, la veille, Hitler a donné l'ordre à la 6. Armee de rester là où elle était, lors même qu'elle serait temporairement encerclée. Il a également rappelé son meilleur stratège, le Maréchal Von Manstein, du front de Leningrad, pour lui confier le commandement d’une armée de secours, le Groupe d’Armées Don. Et toujours dans la journée, il a consulté le chef d'état-major de la Luftwaffe, Hans Jeschonnek: si la teneur de leur entretien est inconnue, faute de compte-rendu, il est possible que ce soit à cette occasion - ou plus tard - que Jeschonnek ait indiqué au dictateur qu'il n'était pas impossible de ravitailler par air les troupes de Paulus, à tout le moins pour une courte durée (Joel S. A. Hayward, Stopped at Stalingrad. The Luftwaffe and Hitler’s Defeat in the East, Lawrence, University Press of Kansas, 1998, p. 234-235). Ce ne pouvait toutefois être autre chose qu'une sorte d'assurance conditionnelle, d'ailleurs vite démentie par les responsables de l'aviation sur le terrain. Hitler, qui se gargarisait de chiffres, ne pouvait raisonnablement prendre une décision de cette importance sur la foi des seules déclarations de Jeschonnek.

Bref, la décision du 21 novembre 1942 prescrivant de tenir sur place découlait, non des déclarations de Göring, mais d'une appréciation compréhensible de la situation au regard des éléments disponibles: sauf à transformer la défaite en déroute, il était imprudent de prescrire un repli global, et il importait au contraire de préparer, d'une part, une contre-offensive terrestre (volet Manstein) tout en réfléchissant à un ravitaillement aérien provisoire (volet Luftwaffe). Göring n'a joué aucun rôle dans cette décision. Il présidait une conférence à Berlin sur... l'exploitation des puits de pétrole du Caucase, et informé par téléphone le 21 ou le 22, n'a pu, comme Jeschonnek, que se borner à promettre que la Luftwaffe ferait son possible, tout en commençant à réunir des appareils (Hayward, Stopped a Stalingrad, op. cit., p. 239-240).

Ce n'est que le 22 novembre 1942 que le Reichsmarschall entre véritablement en scène. Il rencontre à son tour Hitler, qui s'apprête à quitter Berchtesgaden pour rejoindre son G.Q.G. de Rastenburg. Là encore, aucun compte-rendu de l'entretien ne nous est malheureusement parvenu. Nous n'avons d'autre source, en l'espèce, que Göring lui-même. A croire ses déclarations ultérieures à ses adjoints, Hitler l'aurait soumis à un genre de chantage affectif: si la Luftwaffe ne peut ravitailler la 6. Armee, cette dernière est perdue! Göring se serait alors engagé à la "sauver", pour éviter de laisser dire que la Luftwaffe se serait dérobée à une telle supplique... Et d'ajouter que Hitler lui aurait fait part de l'avis favorable de Jeschonnek, ce qui lui aurait ôté tout argument pour y parer (Hayward, Stopped a Stalingrad, op. cit., p. 240).

Cette version est-elle crédible? Le fait qu'avec ses propres mots, Göring a bel et bien avoué ultérieurement que le Führer lui avait forcé la main - bref, l'avait... utilisé - pour appuyer sa décision de maintenir la 6. Armee à Stalingrad.

En conséquence, le 25 novembre 1942, Göring n'a plus qu'à garantir, cette fois avec la plus grande fermeté (malgré les doutes, voire le désaccord franc et massif de ses généraux), que la 6. Armee sera ravitaillée par voie aérienne. A cette occasion, l'aide-de-camp du Führer, Gerhard Engel, dans son journal, décrit cette intervention lors de la conférence se tenant à Rastenburg:

Discussion majeure concernant l'approvisionnement de Stalingrad par voie aérienne. Göring s'est engagé à ravitailler l'armée. En moyenne, on pourrait acheminer 300 [500?] tonnes. On ferait appel à tout l'équipement disponibles, y compris les Ju-90, réservés aux vols commerciaux.

Z. [Kurt Zeitzler, chef d'état-major de l'armée de terre] était sceptique, estimait que 300 [ou 500] tonnes ne suffiraient pas. A évoqué la situation météorologique et les pertes. Cependant, le Reichsmarschall a déclaré avec véhémence que les avions voleraient quelles que soient les conditions météorologiques. Demiansk et d'autres épisodes avaient prouvé que c'était possible.

Son optimisme nous a horrifiés, même l'état-major général de la Luftwaffe s'abstenait de le partager. F. [Führer] était enthousiaste au sujet du Reichsmarschall, qui livrerait le ravitaillement comme il l'avait fait dans le passé. Il n'y avait pas de poule mouillé dans son entourage, à l'inverse des cercles de l'armée de terre.


Zeitzler prétendra ultérieurement que le ton serait monté à l'occasion de cette conférence, et qu'il aurait carrément traité Göring de menteur, si bien que le Reichsmarschall serait devenu livide (Kurt Zeitzler, « Stalingrad », in Seymour Freiden & William Richardson, éd., The Fatal Decisions, New York, Berkley Publ., 1958, p. 155-157). Cette allégation formulée une quinzaine d'années après les faits, déjà difficile à croire, a été pulvérisée depuis: il est établi, en effet, que Göring se trouvait à Paris du 24 au 27 novembre 1942, si bien que, compte tenu du journal de Gerhard Engel, Göring n'a pu intervenir que par téléphone ou tout autre moyen de communication. Tout au plus s'est-il de nouveau engagé, "à corps présent", lors de son retour à Rastenburg le 27 ou le 28 novembre.

Il ressort de l'ensemble de ces éléments que Hitler n'a certainement pas décidé d'interdire toute retraite à la 6. Armee parce que Göring l'aurait convaincu d'assurer son approvisionnement par les airs. Hitler a pris la décision de tenir sur place dès le 21 novembre, et n'a plus varié depuis. Cette décision a été prise avant d'avoir reçu une quelconque estimation fiable des services de la Luftwaffe. Göring lui-même ne s'est "fermement" engagé qu'ultérieurement.

Il est exclu également que Hitler ait sincèrement cru que la Luftwaffe serait en mesure de tenir les extravagantes promesses de Göring, telles que retranscrites par Engel: aucun chiffre sérieux ne lui avait été communiqué (Jeschonnek lui-même changerait vite d'avis sur le caractère réalisable du "pont aérien"), ni ne serait communiqué au cours de la conférence, ce qui tranche avec l'habituelle "pédanterie" mathématique jadis décrite par Albert Speer. Göring lui-même n'était pas assez idiot pour y croire, et relatera plus tard s'être fait forcer la main pour soutenir le Führer et défendre l'honneur de la Luftwaffe face à l'armée de terre.

Compte tenu des circonstances théâtrales des interventions de Göring à partir du 25 novembre 1942, il y a lieu de lui accorder globalement foi, et d'en déduire que Hitler l'a impliqué dans une vaste comédie pour mieux imposer ses vues à l'armée de terre en général et à la 6. Armee en particulier - laquelle, au demeurant, attendait énormément du "pont aérien", et n'en avait pas fait mystère (sur ce point précis, voir Hayward, Stopped at Stalingrad, op. cit., p. 235-238).



La version de Nicolas Bernard est confirmé dans le livre Stalingrad de Jean Lopez:

On y lis de plus qu'Hitler a le 20 novembre au soir donné l'ordre à Jeschonnek de préparer un pont aérien au cas ou la 6e armée serait encerclée et jusqu'à l'arrivée de l'armée de secours de Manstein soit 3 jours avant que l'encerclement soit effectif.
Le 24 novembre Manstein donne son approbation pour le maintien de la 6e armée et une opération de secours ce qui fait voler en éclat le front des grands chefs tous d'accord pour percer.
Manstein ne changera d'avis que le 27 ayant pris connaissance du nombre d'encerclés et des avis négatifs des officiers de la Luftwaffe mais c'est trop tard et Hitler lui ne changera pas d'avis...
Hitler force la main à Goering pour s'engager à ravitailler la poche à hauteur de 500 tonnes par jour contre l'avis des officiers de la Luftwaffe.

Ce qui a joué en faveur du choix de la poche et du pont aérien c'est que même si les 500t paraissaient difficilement réalisable, il était prévu que cela ne devait durer que quelque semaines et la Luftwaffe avait réussi à ravitailler 100000 hommes dans la poche de Demiansk en transportant 150t/jour pendant 70 jours en 1942.
Après Stalingrad, la Luftwaffe réussira à transporter 500t/jour dans la poche de Kouban en 1943....

Si la Luftwaffe a échoué à Stalingrad c'est que les conditions étaient très défavorables comparativement à Demiansk et Kouban et ces conditions ont été clairement sous-estimées:
les terrains d'aviation à l'extérieur sont sommaires et très éloignés, limitant le nombre de rotations, les plus proches sont à 200kms (à comparer aux 80kms pour Demiansk)
le nombre d'avions disponibles est limité compte tenu du pont aérien en cours en Tunisie
la chasse et la dca russe est très active : 40% des 488 avions perdus
les pistes à l'intérieur de la poche sont sous le feu de l'artillerie russe...

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 16  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 29 Jan 2017, 00:59

Un contre était possible mais uniquement dés les premiers jours, sinon la poche était condamnée.
En fait il a fallu un semaine aux soviétique pour comprendre qu'ils avaient mis dans leur trappe prés de 300000 hommes.
Et de là ils vont faire une défense plus sérieuse, avec ligne circonvallation et une autre de contrevallation et de l'artillerie et de la dca à l'intérieur.
Ainsi que des réserves.

J'avais déjà cité le double emploi de la Tunisie, mais je n'ai pas trouvé le nombre d'avion de transport et de chasse engagé pour ce pont aérien.
Quelqu'un le connaît-il?
Au delà de çà il serait intéressant de savoir, quels sont les moyens techniques mécaniciens, machines, matériels, pièces, engagés sur ce théâtre
d'opération et savoir si cela aurait fait la différence.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 17  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 29 Jan 2017, 03:16

Nicolas Bernard a écrit: :?

Si vous souhaitez exprimer votre amertume, il serait préférable de le faire par messagerie privée. Il n'y a aucune raison pour se départir, sur ce fil, de notre bonne humeur habituelle.

Nicolas Bernard a écrit:(...) il vous faudrait produire des éléments de preuve confirmant votre théorie. Or, vous admettez vous même qu'elle est mal étayée...

Vous ne croyez pas si bien dire, j'ai pris mes précautions pour signaler que ma théorie était mal étayée. Je considère que vous auriez été bien inspirée de prendre des précautions similaires. Relisez votre assertion : « Il est exclu également que Hitler ait sincèrement cru que la Luftwaffe serait en mesure de tenir les extravagantes promesses de Göring ». Vous conviendrez que cette phrase est péremptoire. Comment pouvez-vous être certain que Hitler n'a pas cru aux promesses d'un ravitaillement par l'aviation ?

Vous m'invitez à "produire des éléments de preuve confirmant ma théorie". Encore faut-il rappeler quelle est cette théorie que je défends : Hitler a cru à la promesse de Goering parce qu'il avait besoin d'y croire. J'ai ajouté la raison pour laquelle il avait besoin d'y croire : cela justifiait l'ordre de maintenir la 6e armée dans le chaudron.
Si j'en crois votre message, la promesse consistait à acheminer « 300 [500?] tonnes ». Il y a une ambiguité sur le chiffre : trois cent ou cinq cent tonnes ? Pouvez-vous préciser ?
En l'absence de preuve du contraire, on peut supposer que Hitler a pensé en son for intérieur : "le chiffre avancé par Goering est probablement gonflé, mais si on peut acheminer la moitié de ce qui est indiqué, cela suffira pour permettre à la 6e armée de se maintenir dans le chaudron". Je pense vraiment que ma théorie tient la route. Quant à la mission qui était confiée à Manstein, il n'est pas interdit de supposer que Hitler voulait y croire. Dans votre livre vous avez écrit que Hitler n'était pas défaitiste et qu'une défaite à Stalingrad ne lui semblait pas inévitable.

Vous demandez de "produire des éléments de preuve confirmant ma théorie". C'est paradoxale puisque vous même avez défendu sur le fil du "halt-befehl" une théorie sans apporter des preuves.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 18  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 29 Jan 2017, 06:42

Chef Chaudart a écrit:
François Delpla, si je ne me trompe, (et il n'est pas le seul) pensera même que le désavoeu de son dauphin par Hitler, dans les derniers jours du III Reich, renié par le Fuhrer pour avoir osé proposer de prendre le pouvoir à la place de son chef encerclé dans Berlin, n'est lui même qu'un coup monté entre les deux hommes. Une manière de "blanchir" le Reichmarshall aux yeux des Alliés en le répudiant, pour lui déléguer la succession après la mort inévitable du Fuhrer.


J'ai écrit pendant longtemps des phrases de ce genre, puis j'ai découvert à Londres le stupéfiant télégramme du 24 avril 1945, publié dans la page Hitler de mon site http://delpla.org/article.php3?id_article=55 sous le titre "Du nouveau sur les derniers jours du Führer : un télégramme inédit de Göring".

L'homme a bien l'air d'être aux abois, persuadé que Bormann veut sa peau et que Hitler est près de se laisser influencer par lui; en même temps, il a l'air de tenir, s'il doit être fusillé, à son image posthume : à tout prix ne pas passer pour un traître; mais d'un autre côté, pourquoi ce message est-il intercepté par les Anglais, et seul dans son genre à l'être ? Il faut qu'il ait été envoyé dans un code percé à jour, et ce, peut-être sciemment. Du coup je ne sais plus que penser. Soit tout est soigneusement monté, soit il y a une part d'improvisation et Hitler joue avec les nerfs de son vieux complice en se disant que Göring jouera encore mieux le rôle attendu si leur rupture apparente se double d'une apparence de rupture réelle !

Il faut voir Hitler comme un artiste, un dramaturge qui écrit constamment sa propre légende, tout en se mettant humblement au service d'une Providence dont il approuve d'avance les décrets (en l'occurrence, il fait tout pour que quelque chose de son Reich survive et si c'est raté ces efforts mêmes pour "ne jamais capituler", maintenir haut le drapeau de l'antisémitisme etc., seront un gage de renaissance, quand Dame Providence en décidera). Moins que jamais je ne prétends écrire tout seul cette histoire, et plus que jamais je pense qu'on commence seulement à l'écrire.


Au moment d'envoyer ce post, je relis mon article de 2014 sur les films Diplomatie et Monument's Men http://delpla.org/article.php3?id_article=631. Il résume bien la complicité originelle de Hitler et de Göring au moment de la plus grande et de la plus fructueuse prise de risques, l'incendie du Reichstag.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 19  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 29 Jan 2017, 07:03

Au sujet de Stalingrad, j'ai versé au dossier en 2014, dans mon Histoire du Troisième Reich, un récit tardif de Benoist-Méchin. Ce collabo français, historien à succès de l'armée allemande, reçoit en 1943 la visite de Schmundt, le plus proche collaborateur militaire de Hitler, qui l'instruit d'un discours que Hitler est censé avoir tenu à Paulus qui plaidait que beaucoup de ses hommes étaient pères de famille :

Ecoutez-moi, Paulus. La guerre est une chose cruelle. On y meurt
tous les jours, au coin d’un bois, au tournant d’une route, au fond
d’un ravin. Ces morts-là,
je les plains. On ne les plaindra jamais
assez car ce sont des victimes oubliées, des morts anonymes. Trois
mois après leur disparition personne ne se souvient plus d’eux,
en dehors de leur famille. Tandis que mourir à Stalingrad, c’est
se couvrir d’une gloire impérissable. On en parlera pendant des
siècles ! Pourquoi ? Parce que Stalingrad est le point le plus avancé
atteint en direction de l’est par le sang germanique. C’est un haut
lieu de l’Histoire, un promontoire sacré. Les enfants de tous ceux
qui sont morts à la guerre ont le droit d’être fiers de leurs pères.
Mais les enfants de ceux qui sont morts à Stalingrad ont le droit
de l’être doublement ! D’abord parce que leurs souffrances auront
été plus grandes ; ensuite parce qu’ils seront morts à la jonction
de l’Europe et de l’Asie ; enfin parce que leur sacrifice montrera
quelle hauteur insurpassable peuvent atteindre l’endurance et la
bravoure de notre race. Quoi qu’il advienne, Stalingrad doit être
une victoire allemande ! Et si le dieu de la guerre nous obligeait
envers et contre tout à évacuer le terrain, les deux cent mille morts
de Stalingrad resteront plantés au fond de la steppe comme un
phare dans la nuit. Leurs enfants n’auront qu’une ambition : les
rejoindre. Et si ce ne sont pas leurs enfants, d’autres générations
naîtront qui subiront la même attirance. J’irai même plus loin :
à supposer que nous soyons battus et que le Reich s’écroule, un
autre Reich surgira pour qui le mot de Stalingrad aura la même
vertu magique, des hommes qui se diront : « Puisque nos aïeux ont
été jusque là, nous ne pouvons faire moins ! Notre devoir est d’y
retourner pour prouver au monde que les soldats de 1943 n’étaient
qu’une avant-garde ! » Comprenez-vous
à présent pourquoi je vous dis : ne capitulez pas ! Mourez sur place !



(Jacques Benoist-Méchin, A l’épreuve du temps, t. 2, Paris, Julliard, 1989, chap. 17. Rééd. Paris, Perrin,
2011)

Il convient de se demander si Hitler avait déjà en tête une idée de ce genre quand il a interdit la retraite.
Ce qui n'exclut pas qu'il ait pu aussi espérer une victoire retentissante, au cas où la Providence ferait un gros effort.

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Re: Ravitailler la 6e armée à Stalingrad ?

Nouveau message Post Numéro: 20  Nouveau message de thucydide  Nouveau message 29 Jan 2017, 12:00

Je me méfies, de ces discours post seconde guerre mondiale.
D'abord ils mettent toujours la responsabilité sur Hitler, ils épargnent ainsi les qualités militaires des cadres allemands, tant dans le bellicisme que les choix
stratégiques et opérationnels.
J'ai appris à lire que c'était des grands manipulateurs et menteurs.
Ensuite cela peut ressembler si cette discussion a bien eu lieu à un verbiage d'un militaire allemand vers un inférieur ou vaincu soumis.
De la propagande, il faut tenir le moral.
Hitler avait il d'autres choix, la structure de la situation permettait-elle autre chose?
Et à qui la faute, toujours hitler, on voit cela depuis le début de la guerre froide, dans l'historiographie née aux états unis et en Allemagne.
Qui a fait ces choix, paulus, son état major, l'okh, l'okw c'est à dire l'état major
d'hitler et hitler lui même?

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