François Delpla a écrit:De la rigueur, c'est tout ce à quoi j'aspire !
Vous avez écrit récemment sur le fil "Hess" :
elgor a écrit:c'est aux gens qui contredisent les vérités couramment admises d'apporter la preuve de leurs affirmations, pas le contraire !
J'espère que ma réaction vous a fait réfléchir.
Les "vérités couramment admises" sont précisément la cible sur laquelle tout historien tire, quand il fait de la recherche, c'est-à-dire autre chose que de l'enseignement ou des articles de vulgarisation. Il ne les démolit pas systématiquement, mais systématiquement il doit soupeser les pièces censées les démontrer.
Là on ne peut être que d'accord ! si on trouve des faits nouveaux et des documents nouveaux qui vont à l'encontre des vérités couramment admises, il faut changer les vérités couramment admises. L'ouverture des archives de la Stasi et du KGB a permis de revoir certaines idées sur la guerre froide. Par contre s'il s'agit de spéculer sur "d'éventuels documents" que "pourraient" recéler les archives anglaises, là pas d'accord ! Attendons 2016, et l'ouverture de ces archives. Si ces archives vous donnent raison, je serai le premier à le reconnaître
En l'occurrence, s'il est une vérité couramment admise, c'est que le régime nazi aurait été un panier de crabes sans direction réelle. Une idée courante dès le début, mais habillée de scientificité par des universitaires ouest-allemands vers 1960 et suivantes, sous label d'une "école fonctionnaliste".
J'ai employé en effet le terme "panier de crabes" mais en comparant tout de suite à la cour de Louis XIV. Les dirigeants nazis n'hésitaient pas à se faire des croche-pieds entre eux pour être plus près du "soleil". Hitler restait le führer et donc le centre de distribution du pouvoir et des faveurs.
C'est ainsi par exemple que la SGM n'aurait pas éclaté début septembre 39 parce que Hitler avait calculé depuis longtemps que ce serait le meilleur moment, mais parce que le leader d'une tendance pro-russe, Ribbentrop, pétri de haine pour les Anglais et d'illusions sur leur faiblesse, aurait provisoirement dominé une tendance pro-anglaise incarnée par Göring.
Je n'ai jamais dit ça et ni même entendu le dire. Maintenant s'il y en a qui le disent, il faut qu'ils en apportent la preuve
S'il y a des considérations spéculatives, fondées sur des pièces triées en fonction de la chose à démontrer, et de surcroît mal interprétées, celles-là sont assurément du nombre.
Selon votre règle encadrée plus haut, il faudrait leur donner le bon Dieu sans confession et seuls ceux qui les contestent seraient soumis à l'obligation d'une démonstration !
Est-ce bien cela que vous voulez dire ?
Je n'ai jamais dit ça et je ne vous permet pas de supposer que je l'ai dit. Je connais assez le milieu des historiens et je sais que non seulement, ils émettent des conclusions différentes à propos de pièces réelles, mais en plus ils extrapolent en fonction de leur convictions. Et ils s'y accrochent !
Pour en revenir à votre question, ces historiens ont fourni des arguments suffisants pour qu'ils soient acceptés par la majorité. Ont ils raison ? ont ils tort ? leur position à au moins, à mon avis, le mérite de la cohérence. Vous pensez le contraire ? vous en avez parfaitement le droit ! Mais alors apportez nous des écrits, des documents incontestables du genre "Mein Führer ! Conformément à vos ordres je décollerais demain pour l'Angleterre ....... signé Rudolf Hess"
pour appuyer vos thèses. Je caricature un peu, mais dans le fond c'est cette forme de document qui manque. Au lieu de ça on a des spéculations, certes intéressantes, mais qui n'en restent pas moins des spéculations et surtout le fameux, "vous ne connaissez pas l'état nazi". Si vous voulez dire par celà que je n'y étais pas, vous avez raison ! mais vous aussi vous n'y étiez pas ! Je n'y étais pas, mais je connais les hommes ! Cette description de dirigeants nazis au garde à vous, tous unis derrière leur führer et ne pensant qu'au Reich de 1000 ans, me fait doucement rigoler. Ils n'étaient pas si unis que ça puisqu'en 1934, Hitler en a fait fusiller un certain nombre. Et après il a fait ce que font tous les dirigeants, y compris les dictateurs, de la gestion du personnel. Essayer de jouer avec les compétences certes mais aussi les ambitions au risque de créer des frustrations. Et c'est justement le cas de Hess ...