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[quote="carlo"]
Staline était au courant de l'attaque allemande et a pris des mesures préventives, c'est ce que les travaux de Jaurès et Roy Medvedev (The Unknown Staline,(Londres 2006, P;229-230)) ont mis en évidence d’après les documents disponibles. Comment se passe le 21 juin 1941: vers 13.00 h la Wehrmacht reçoit le signal Dortmund et rejoint ses positions d’assaut, la chose est rapidement signalée aux autorités soviétiques. Le 20, Sorge a déjà averti les renseignements soviétiques, le 21 non seulement l’ambassadeur britannique (vers 14.00h), mais aussi Mao Zedong par l’intermédiaire de Dimitrov avertissent de l’imminence d’une attaque allemande, sans parler des déserteurs allemands ou des pompiers de Moscou qui signalent que l'ambassade allemande brûle ses documents. Dans l’après-midi, Staline téléphone personnellement au commandant du district militaire de Moscou pour lui ordonner de mettre la défense aérienne en état d’alerte maximale. A 20.50 h, à lieu au Kremlin une réunion entre Joukov, Staline et Timochenko, on y corrige une directive qui sera envoyée 2 heures plus tard. Cette directive est [b]claire[/b], il s’agit d’une préparation militaire maximum des troupes.
Claire? Avez-vous le texte original?
C'est sur que dans la nuit du 21 au 22 juin, les EM des districts militaires reçoivent bel et et bien une note de Timochenko et de Joukov, avertissant
d'une possible attaque allemande les
22 ou bien 23 juin.Pour les forces aériennes il y était sommé de disperser l'aviation sur les terrains de campagne secondaires, occulter les lumières et mettre la DCA en alerte. Notez au passage
qu'aucune mission précise n'y était définie en cas de début de guerre. Par contre le message était lourdement insistant sur le fait de ne pas se laisser entrainer par des provocations (ce qui se traduisit en unité par un démontage des culasses des armes et un cadenassage des munitions!).
Par ailleurs la "connerie" de l'époque stalinienne à l'image du chef du message n'échappe à personne:
-il n'y avait pas d'aérodromes de secours, ils étaient prévus, non construits.
-la DCA se limitait à une -2 paires de maxim par terrain, les munitions étaient sous garde d'un chargé de consignation muni d'un pass: sans lui, pas d'accès...
-lumières occultées ou pas, il n'y avait pas de véhicules pour disséminer les avions. Par ailleurs cette démarche de planquer les avions, était contradictoire avec le niveau d'alerte 2 toujours en cours; tous les avions prêts à prendre l'air, câbles au sol détachés, moteur vérifié pré-chauffé.
-En outre, les missions au niveau des EM des districts, ne sont pas celles des divisions, ni des régiments. Il faut du temps que la chaîne du commandement élabore ses propres ordres descendants à chaque échelon de la hierarchie et les transmette. Des pilotes de chasse (O. Filippov par exemple) se souviennent d'avoir volé deux premiers jours avec l'interdiction de tirer! En fait, personne n'a eu le temps en unité d'appliquer les mesures préventives, même quand l'ordre était parvenu avant l'attaque...
Comme on peut le voir, tout est mis en oeuvre pour la future catastrophe à venir.
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Staline téléphone encore plusieurs fois à l’Etat-Major avant de rejoindre sa dacha vers 2.00 h du matin, il est réveillé 1 heure 40 plus tard par Joukov qui lui apprend que la guerre a commencé.
Les troupes à la frontière sont déjà, au moment où elle reçoivent le message en état d’alerte militaire, la transition vers l’alerte maximale doit prendre une heure ou deux. Pour l’aviation les déplacements de nuit, pour mettre les avions à l’abri s’avèrent difficiles, mais si l’état d’alerte n’a pas permis de sauver des milliers d’avions, souvent de type ancien, elle aura permis de préserver pas mal de personnels. (pour la dernière partie voir Medvedev, op. cit.,p.230).
Ca c'est un peu faux. L'aviation soviétique a perdu d'emblée ses meilleurs avions montés par ses meilleurs pilotes (j'ai dit meilleurs, pas les plus modernes NB la différence...).
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En fait ce n'est pas l'attaque en elle-même qui est une surprise pour les Soviétiques, mais la rapidité d'exécution des manœuvres et le caractère généralisé (frontal) de celle-ci les empêchera de manœuvrer comme prévu depuis les années trente en opérant une série de contre-attaques d'envergure depuis le second échelon. L'expérience de l'armée allemande fera la différence dans les premiers mois, mais dès les premiers mois aussi les taux d'attrition de cette même armée s'avèrent très inquiétants.
Rien ne permettait
a priori de supposer une quelconque supériorité, ni même une parité de l'armée soviétique dans la manoeuvre face à l'ennemi. Dans ces cas là, on applique le principe de précaution: rien n'interdisait à l'armée rouge de se placer en défense depuis des mois, avec un réseau de lignes de défense qui va bien, façon Koursk. Or ceci n'a pas été fait. L'armée était idéalement positionnée de façon à permettre soit une configuration "rapide" en formation d'attaque, soit une configuration "rapide" en formation de défense. Compte tenu de l'inertie de l'armée rouge, du désordre et de l'impréritie du commandement, ce choix du cul entre deux chaises lui fut fatal.
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La placidité de Staline s'explique par deux facteurs: ne pas donner l'occasion à Hitler d'un incident de nature à déclencher une guerre que Staline veut retarder à tout prix (comme la mobilisation russe en 1914), donc pas de provocations. Ensuite, et c'est important à comprendre, il est persuadé que l'Armée Rouge est matériellement et tactiquement supérieur à la Wehrmacht. Il faudra un peu de temps avant que la fortune des armes ne lui donne raison.
Tout le monde est absolument certain aujourd'hui, que Staline
et son entourage ne croyaient absolument pas à une attaque allemande avant une paix séparée avec l'Angleterre. Staline était beaucoup mieux informé des préparatifs hitlériens que l'on ne l'imagine communément. Ses espions ont mis en évidence l'insuffisance logistique et industrielle allemande pour atteindre l'Oural ou (et) le Kazakhstan, quels qu'aient pû être les résultats des combats. Là dessus, ils n'avaient pas tort...