Bonjour:
C'est certes illogique pour un esprit sain, mais bourre de logique pour un nazi, je vais jouer les Goebbels pour m'expliquer :
Oui et non, Daniel. Je méconnais jusqu'à quel point les préjugés racistes nazis avaient envahi les esprits à l'OKH. A mon avis, il faut être prudent sur ce point: une chose c'est la propagande à consommer par le "tiers état" du Reich et une autre bien différente, l'état d'esprit du cerveau de l'armée de terre allemande. Mais, même si Barbarossa est "bourrée de logique nazie", elle l'est aussi bien d'absence de logique militaire, à commencer par le fait de méconnaitre la puissance réelle de l'Armée Rouge.
Cependant, c'est l'attitude de Staline qui nous intéresse en ce moment. Malgré les renseignements d'une attaque allemande imminente, il était convaincu que cela était impossible en juin 1941. Il savait aussi que toutes ces troupes allemandes qui se massaient en Pologne et en Prusse Orientale ne disposaient de matériel et de munitions que pour une campagne de courte durée, qu'il n'y avait aucune prévision pour lutter en hiver. Jusqu'où en savait-il exactement? Sur la compositions des différentes armées, je pense que beaucoup. L'O.S.1 fonctionnait assez bien à travers les différentes ambassades soviétiques en Europe occupée, mais je n'ai jamais lu que le plan des opérations de Barbarossa soit tombé entre les mains du service de renseignement militaire soviétique, même si Joukov a "deviné" à la milimètre près l'encerclement de Minsk, par exemple.
Est-ce que Staline pensait que les Allemands en savait bien plus de la composition de l'Armée Rouge en juin 1941? Je n'en sais rien sur ce point. En tout cas, son excès de confiance ne constitue pas le tout de son erreur.
Car, et je reponds à la question de Pierre, la disposition des forces armées soviétique de la frontière occidentale ne peut être considérée défensive à mon avis. On peut tourner et retourner à volonté le dispositif soviétique, mais il ne me semble pas défensif. On peu lire mille fois sur les différentes "histoires officielles de la Grande Guerre Patriotique" cette conception défensive "en profondeur", mais quand on va sur une carte du 22 juin 1941 cette défense en profondeur n'existe pas. Je crois bien que c'est la façon officielle de justifier l'écrasante défaite subie pendante les trois premières semaines. On a beau lire que cela a été la faute à Staline, ce qui est vrai, mais dire que cette faute a consisté à ce que Staline croyait que l'attaque allemande se produirait en 1942, ce n'est qu'une excuse: à partir de quels éléments a pu croire Staline que les Allemands attaqueraient en 1942? Voilà un beau mystère. L'idée principale de l' "histoire officielle" vient nous dire que les soviétiques ont été pris par surprise pendant une période de réorganisation de leur défense. A mon avis, voici une deuxième excuse. On justifie cette défense en profondeur en disant que son premier échelon sur la frontière était le seul constitué, mais comment expliquer la présence de forces blindés sur cette même première ligne? Cela est justement en contradiction avec une défense en profondeur. Pourtant, le 6e Corps Mécanisé soviétique, le plus puissant des 29 corps mécanisés soviétiques, se trouvait déployé à Biolystok, c'est-à-dire, sur la Niémen. Dròle de défense en profondeur! Et le 4e, le second en puissance, il était dans les "profondeurs" de Lvov! Pourquoi l'histoire "officielle" soviétique des années 70 nous parle de petits groupes de chars éparpillés par ici et par là, quand le 6e. C.M. disposait à lui seul de 1.024 chars (dont plus de cent KV et quelques 230 T-34) et que le 4e. CM était constituer par 890 chars (dont 99 KV et presque 350 T-34).
Un lien intéressant pour voir un peu la composition de l'Armée Rouge:
http://pagesperso-orange.fr/barbarossa/index.htmComparons un peu:
En 1939, avant l'acquisition des nouveaux territoires occidentaux, la conception militaire soviétique était nettement défensive: la ligne de la Dniepr (Ligne Staline et Ligne Molotov), et derrière, à une distance convenable, des concentrations de blindés pour parer à une pénétration ennemie et pour contre-attaquer. Ajoutons à cela que seulement quelques d'aérodromes sont avancés, à peine 40. Apparemment, il s'agit d'une conception défensive élastique, très proche de celle qui serat utilisée plus tard en 1942-43.
En 1940 se produit un changement de conception.
Les forces mécanisées passent à la première ligne, à peine derrière les nouvelles frontières.
Les aérodromes avancés augmentent considérablement.
On a crée une force de parachutistes de 200.000 hommes. Depuis quand on emploit ce genre d'unités pour la défense?
La conception du dispositif semble bien offensive le 22 juin 1941. Ou tout au moins il y a de fortes raisons pour douter de son caractère défensif.
Or, une conception ofensive expliquerait bien la défaite soviétique initiale, car une armée qui se prépare pour l'attaque se trouve dépourvue de moyens défensifs importants. Cette idée a été déjà exposée par des historiens militaires russes, comme Mikhaïl Meltyukhov (que je n'ai pas eu l'occasion de lire encore). Mais je vous laisse un petit lien (en anglais):
http://www.bookrags.com/wiki/Stalin%27s_Missed_ChanceBref, à regarder tout cela avec prudence, mais... En tout cas, l'affirmation selon laquelle Barbarossa serait une attaque préventive pour parer à une attaque soviétique, idée défendue par l'historien espagnol César Vidal, est tout à fait ridicule.
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