Post Numéro: 3 de Nicolas Bernard 24 Sep 2007, 00:32
Plus exactement, les Allemands ont stoppé l'offensive soviétique début août 1944, mais Staline tardera à la relancer - alors qu'elle aurait pu reprendre trois semaines plus tard -, outre qu'il ne fera pas le moindre effort, au cours du mois, pour venir en aide aux insurgés. L'appui soviétique se matérialisera le mois suivant, évidemment trop tard.
S'agissant de l'aide aérienne alliée, l'article me paraît équivoque, laissant entendre que 213 vols ont été effectués les 4 et 5 août 1944, alors que la statistique porte sur l'ensemble du mois d'août (le général Anders cite dans ses Mémoires un rapport londonien du 29 août 1944 évoquant 160 vols et 27 avions perdus du 1er au 27 août 1944 - Général Wladyslaw Anders, Mémoires 1939-1946, La Jeune Parque, 1948, p. 316). Ces avions avaient à franchir une immense distance, et tous n'ont pu atteindre la ville, dont le ciel était barré par la Flak et la Luftwaffe.
Les B-17 américains n'interviendront qu'à partir du 10 septembre, et de manière massive le 18, avec 110 Flying Fortresses engagées. Je n'ai pas trouvé d'information établissant un tir systématique des Soviétiques à leur encontre. La chose est invraisemblable, car ces bombardiers ont reçu l'autorisation de se poser sur des aérodromes russes.
Bref, il est fort possible que la D.C.A. soviétique ait ouvert le feu sur des appareils alliés, mais de manière purement accidentelle.
D'une part en effet, Staline avait refusé de participer à ces opérations aériennes, empêchant ainsi de les coordonner avec l'Armée rouge, et donc d'éviter de telles bavures - il avait même été jusqu'à refuser aux avions alliés l'usage des aérodromes russes, obligeant ces appareils à parcourir 1.500 km jusqu'à Varsovie.
D'autre part, il ne pouvait parallèlement se permettre la moindre friction avec les Anglo-Saxons. Si Roosevelt fermait les yeux, il n'en était pas de même de Churchill, qui avait bataillé ferme avec la R.A.F. pour organiser un pont aérien. Staline savait que sa décision de ne pas soutenir l'insurrection le mettait en difficulté diplomatique, aggravée par son refus d'accueillir les avions alliés sur ses bases aériennes de l'Armée rouge. Pas la peine d'en rajouter en donnant l'ordre de faire feu sur les appareils anglo-saxons !
Bref, si les avions occidentaux et polonais ont souffert, le résultat découle directement du barrage anti-aérien nazi, et indirectement de la politique stalinienne : absence délibérée de soutien logistique et de coordination s'agissant de ce pont aérien. Si des appareils alliés ont été abattus par la D.C.A. soviétique, il s'agit là de bavures découlant d'une telle situation, mais pas d'un ordre de tir venu du Kremlin.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).