Mikoyan a écrit:Je suis d’accord sur le régime stalinien mais, curieusement, j’ai l’impression que pendant la guerre, même si l’omnipotence du parti, et d’un parti stalinien, est toujours là, son étreinte s’est incroyablement relâcher. J’ai l’impression que nous sommes très loin de la chape de plomb des grandes purges.
C'est que les prétendus opposants ont tous été liquidés et déportés, y compris même leurs bourreaux ! Il n'y a plus personne à tuer ou emprisonner. Certes, en 1941, les grandes purges sont bel et bien achevées, au sens où le vent de la terreur est passé. Mais l'état d'esprit est demeuré. Les effectifs du
NKVD ont été doublés, le personnel épuré, remanié. La population de l'archipel a atteint, cette année là, son apogée, près de deux millions d'âmes.
La Grande Terreur s'inscrivait, à la suite des politiques répressives et de la dékoulakisation, de la collectivisation et des déportations massives, dans le cadre d'un projet de rénovation de la société. Staline peut d'autant mieux s'en féliciter qu'il est enfin parvenu à supprimer Trotsky, réfugié à Mexico.
En d'autres termes, le temps des rafles et des arrestations semble provisoirement révolu, à l'exception notable des territoires occupés de Pologne et des pays baltes, de Carélie et de Bessarabie, soviétisés "à toute vapeur". Mais la terreur stalinienne, parce qu'anonyme, pouvait à nouveau frapper, et nul n'était en mesure de l'oublier, chacun ayant un proche, un ami, un parent frappé par la répression des années trente.
Pire encore, l'invasion allemande amène Staline à procéder à une nouvelle épuration des cadres de l'Armée rouge et du
G.R.U.. Des communautés entières (Tatars, Allemands de la Volga, etc.) vont être déportées. Certes, la pression policière se relâche quelque peu et une plus grande liberté religieuse est affichée en 1943. Mais l'embellie - quoique le terme paraisse encore trop fort - ne durera pas, et les années d'après-guerre marqueront un véritable durcissement du régime, la démence paranoïaque de son maître allant en s'aggravant avec la vieillesse.
Je pense en particulier aux jeunes politrouks qui sortaient tout droit du komsomol. Or si j’en crois les travaux de Pierre Broué, on sait que le komsomol fut, durant les purges, un vivier incroyable d’opposants au régime, pas au communisme, il faut bien faire la distinction pour comprendre. Or ces jeunes ont été mis au pouvoir pour ainsi dire, c'est eux qui "prêchaient" à la troupe.
Mais le
Komsomol lui-même a été épuré, dès 1936. Ses dirigeants avaient été liquidés ou emprisonnés. Et à ce que je sache, jamais par la suite le
Komsomol ne révèlera de véritable opposition au régime, ni
a fortiori les commissaires qui en étaient issus. Ces nouvelles promotions étaient d'ailleurs de nature à favoriser ambitions et arrivisme, car il fallait vite combler les vides laissés par la Grande Terreur...
Pour le cyrillique, je tape sur word puis je copie/colle. Sinon il faut faire une petite modif sur son windows, il y a des pages sur le net qui explique très bien la marche à suivre.
OK, vais voir ça...