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Galvaniser ses troupes ?

Après l'opération Barbarossa, les forces de l'Axe contraignent l'URSS au repli.
Après une série de succès, l'Allemagne s'enlisera progressivement puis cédera à Stalingrad et à Koursk.
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Nouveau message Post Numéro: 11  Nouveau message de Mikoyan  Nouveau message 28 Aoû 2007, 22:03

Robin l'Amiral a écrit: j'ai lu, que les ordres des officiers généraux russes devaient être contre-signés par le commissaire politique ?

Je crois que c’est excessif, les décisions étaient prises en général en concertation, il fallait que les deux tombent d’accord. En principe chacun avait son prés carré, l’un la direction militaire de l’unité, l’autre la surveillance (que les ordres militaires et les directives du parti soient appliquées) et la formation politique de l’unité. Quand les deux s’entendaient le duo pouvait être remarquable, ils se complétaient bien, s’il y avait des tiraillements et dissensions ça devenait plus problématique. Dans les témoignages j’ai vu généralement un ascendant du comandant sur le commissaire politique, mais j’ai vu également des commissaires révoquer des ordres du comandant. Ce n’est pas tant que le commissaire avait les pleins pouvoirs, j’ai le sentiment du contraire, mais comme il travaillait de pair avec le comandant, il prenait des fois sur le terrain des décisions même purement militaire. Je me souviens par exemple d’un témoignage d’un officier à Stalingrad, ordre lui avait été donné d’attaquer au petit matin avec le renfort d’une unité blindée. Manque de pot à l’heure de l’attaque l’unité n’est pas sur place. L’officier ne sait pas s’il doit attaquer ou pas. Sur ces entrefaites se pointe le commissaire politique en tournée, il annule sur le champ l’ordre d’attaquer il aurait pu très bien dire l’inverse, mais il a jugé que dans ces conditions l’attaque était incertaine pour les hommes. Nous sommes ici loin du commissaire politique sanguinaire et fanatique comme on se complait parfois à le caricaturer. Les commissaires n’étaient pas plus pires ou meilleurs que les autres. Comme chez les officiers, il y avait des braves types et des salauds, des compétents et des incompétents. C’est affaire plus de personne que de statut à mon avis, mais c’est mon avis et je n’attends pas qu’on le partage.
Autre récit, le célèbre as Pokrychkine, a raconté une mésaventure avec un de ses comandants qui lui a failli couter sa vie. Comme il n’était pas d’accord avec les tactiques de son comandant, celui-ci l’a pris en grippe, il défiait en quelque sorte son autorité. Profitant de l’absence du commissaire politique qui le couvrait, le comandant se débrouille pour l’exclure du parti ( !) et le traduit en cours martiale pour désobéissance. Alerté par lettre le commissaire intervient, il rédige un rapport au commissaire de la division -on voit bien ici qu’il ne peut pas (ou plus) intervenir directement auprès de son comandant- le commissaire divisionnaire expose la situation au comandant de la division et ce dernier prend la décision de révoquer le comandant du régiment de Pokrychkine, tandis que le commissaire réhabilite Pokrychkine dans le parti.
Les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’on le voudrait.

Sinon Nicolas Bernard je suis globalement d’accord avec vous, plus que vous ne le pensez en fait. Mais il me semble que les purges interviennent aussi du fait de la contestation de l’opposition communiste à la politique de Staline. Malgré que l’opposition ait été exclue, puis ses membres exilés, la contestation à Staline était aussi réelle même si elle était loin d’avoir l’ampleur et le teneur des procès stalinien. Cela a enclenché la paranoïa de Staline, la popularité de Staline n’était pas bonne à ce moment là, paranoïa qui va donner à plein, il va imposer son ordre par la terreur, les purges, et par « la solution finale » au problème de l’opposition : camp et assassinat de masses des « oppositsioneri ». J’embraye tout à fait ici sur les travaux de Pierre Broué dans son dernier livre : Communistes contre Staline - massacre d’une génération- (Fayard).
Mais bon nous débordons plus que largement du sujet.

Ceci dit, avec la guerre il y a eu, me semble-t-il, une bouffée d’oxygène, d’une certaine embellie comme vous dites, des idéaux communistes comme du vieux fond nationaliste et religieux russe. Mais comme je le disais également, ce fut une parenthèse sans lendemain dés l’armistice signée Staline reprend son gant de fer.

Robin l'Amiral a écrit: j'ai Mais le Komsomol lui-même a été épuré, dès 1936. Ses dirigeants avaient été liquidés ou emprisonnés. Et à ce que je sache, jamais par la suite le Komsomol ne révèlera de véritable opposition au régime, ni a fortiori les commissaires qui en étaient issus. Ces nouvelles promotions étaient d'ailleurs de nature à favoriser ambitions et arrivisme, car il fallait vite combler les vides laissés par la Grande Terreur...

C’est là où nous divergeons, sans nier l’effet épurant des purges, et de l’effet moule et sélectionneur du parti, il n’empêche que ses jeunes komsomols se nourrissent aux mêmes sources que leurs malheureux ainés et que ses jeunes hommes déboulent sur le front avec des idéaux propres à leur jeunesse. Ils ont 20/25 ans et si on les place là, c’est parce que il n’y a rien d’autre sous la main ! Loin d’eux l’idée de carrière à mon avis alors que leur patrie était à feu et à sang et qu’ils n’ignoraient pas le sort qui leur était promis s’ils se faisaient capturer par l’ennemi !
Et puis durant la guerre comme je le disais, il y a une plus grande tolérance de fait.


 

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Nouveau message Post Numéro: 12  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 30 Aoû 2007, 02:01

Mikoyan a écrit:Sinon Nicolas Bernard je suis globalement d’accord avec vous, plus que vous ne le pensez en fait. Mais il me semble que les purges interviennent aussi du fait de la contestation de l’opposition communiste à la politique de Staline. Malgré que l’opposition ait été exclue, puis ses membres exilés, la contestation à Staline était aussi réelle même si elle était loin d’avoir l’ampleur et le teneur des procès stalinien. Cela a enclenché la paranoïa de Staline, la popularité de Staline n’était pas bonne à ce moment là, paranoïa qui va donner à plein, il va imposer son ordre par la terreur, les purges, et par « la solution finale » au problème de l’opposition : camp et assassinat de masses des « oppositsioneri ». J’embraye tout à fait ici sur les travaux de Pierre Broué dans son dernier livre : Communistes contre Staline - massacre d’une génération- (Fayard).
Mais bon nous débordons plus que largement du sujet.


Autant en causer quand même, puisqu'après tout, il s'agit de déterminer comment un pays aussi terrorisé, donc névrosé, a pu résister à l'envahisseur nazi. C'est qu'une dynamique, relayée par les commissaires politiques, a bel et bien été créée.

Je reviendrai plus tard sur les origines de la Grande Terreur - il est déjà bien tard. Je pense que l'analyse de Pierre Broué manque de netteté : les purges staliniennes obéissent à un faisceau de causes, et la paranoïa de Staline, moteur essentiel de cette politique, était bien plus "étendue".



Ceci dit, avec la guerre il y a eu, me semble-t-il, une bouffée d’oxygène, d’une certaine embellie comme vous dites, des idéaux communistes comme du vieux fond nationaliste et religieux russe. Mais comme je le disais également, ce fut une parenthèse sans lendemain dés l’armistice signée Staline reprend son gant de fer.


Ouaip. A l'inverse des années trente, celles de l'après-guerre en U.R.S.S. ont été longtemps méconnues de l'Occident, alors qu'elles ont témoigné d'une véritable glaciation du régime.


Robin l'Amiral a écrit:C’est là où nous divergeons, sans nier l’effet épurant des purges, et de l’effet moule et sélectionneur du parti, il n’empêche que ses jeunes komsomols se nourrissent aux mêmes sources que leurs malheureux ainés et que ses jeunes hommes déboulent sur le front avec des idéaux propres à leur jeunesse. Ils ont 20/25 ans et si on les place là, c’est parce que il n’y a rien d’autre sous la main ! Loin d’eux l’idée de carrière à mon avis alors que leur patrie était à feu et à sang et qu’ils n’ignoraient pas le sort qui leur était promis s’ils se faisaient capturer par l’ennemi !


Mais ils sont le produit du système d'éducation et de propagande des années trente, époque où tout est réécrit en faveur de Staline, Trotsky et autres Kamenev et Zinoviev allant jusqu'à disparaître des photographies de la Révolution. Bref, ils se faisaient davantage les chantres du socialisme en un seul pays que de l'internationalisme.



Et puis durant la guerre comme je le disais, il y a une plus grande tolérance de fait.


En effet, mais elle touche plutôt la ligne de front elle-même, et n'opère véritablement qu'à partir de Stalingrad.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 13  Nouveau message de Robin l'Amiral  Nouveau message 30 Aoû 2007, 04:06

Bonjour,
Merci Mikoyan pour vos réponses


 

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