Bonsoir,
Probablement dernier gros message avant un certain temps, je reprends le taf' demain - ou plutôt aujourd'hui (z'avez vraiment de la chance que j'aie les moeurs d'un cyborg
).
- Donc Staline, en juillet, fait tout pour provoquer cette insurrection, en sachant parfaitement que la population polonaise EST 100% AK (y a pas de différence) et que l'AL est inexistante en effectifs (quelques attentats bruyants et inutiles = vaste opération de propagande).
Comme rappelé plus haut, l'Armée de Libération comprenait 40.000 partisans lorsque le premier Soviétique entrera en Pologne. 20.000 rejoindront l'Armée rouge au fur et à mesure de son avance foudroyante. 20.000 autres demeuraient en territoire occupé. C'est peu face aux rivaux, l'
A.K. regroupant 250.000 agents, les "bataillons paysans" 150.000. Mais un cinquième des sabotages étaient dus aux communistes, très actifs dans l'action violente. Et ils avaient su, à cet égard, se mettre en avant, comme en France.
Prétendre que la Résistance communiste est inexistante, y compris même à Varsovie, me paraît ainsi exagéré.
Enfin, si Staline a véritablement cherché à provoquer l'
A.K., force est d'admettre qu'il a fait preuve d'un génie politique et d'un don de voyance digne d'admiration. En effet, la décision de l'
A.K. de passer à l'action a été prise, non sans hésitation, à la dernière minute. Le dictateur soviétique, à moins d'avoir fait du général Bor Komorowski un de ses agents - ce qu'il n'était évidemment pas - n'avait aucun moyen d'exercer la moindre pression directe sur l'Armée de l'Intérieur.
De surcroît, il lui aurait fallu intervenir directement dans la marche des opérations. Or, la situation de fin juillet - début août 1944 est bien trop confuse pour permettre à Staline d'avoir la moindre prise sur l'Armée rouge. Pouvait-il prévoir et contrôler les modalités de la contre-offensive allemande ?
La meilleure hypothèse, pour lui, était de déborder Varsovie, et d'y amener les communistes à devancer l'
A.K.. La capitale devait tomber dans la première semaine d'août, les communistes auraient pu s'adapter à la situation. Cette subtilité se retrouvait dans la composition du Comité de Lublin, qui n'était pas uniquement composé de communistes - lesquels n'en occupaient pas moins les postes clés. Staline avait besoin d'une façade de légitimité pour mieux satelliser la Pologne sans provoquer les Anglo-Saxons.
Dans ce contexte, une insurrection de l'
A.K. l'aurait amené à dévoiler trop tôt son jeu vis-à-vis de la Pologne. Appuyer l'opération aurait compliqué sa politique de satellisation. Ne pas la soutenir l'aurait mis en difficulté auprès des Alliés. C'est pourquoi il parlera en termes excédés de cette initiative de l'
A.K. : il y a lieu de croire cette irritation sincère, outre qu'elle visait un évident but médiatique, à savoir discréditer l'
A.K. en la présentant comme une clique gouvernée par des irresponsables.
- Il ordonne, toujours en fin juillet, aux deux pointes (Deblin - dont les polonais de Berling - et Zegze) de stopper leur marche vers l'Ouest et de virer à 90° vers Varsovie-Praga en ne fournissant AUCUN efforts en aviation et artillerie.
Attendez, vous exagérez manifestement. L'une des formations employées par les Soviétiques, la 2e armée blindée, alignait plusieurs centaines de chars (808 au 18 juillet 1944). Il a fallu d'importants combats aux Allemands, qui avaient regroupés d'importantes formations de
Panzer, pour stopper les Soviétiques et les Polonais, puis pour les repousser. La bataille était loin d'être gagnée par la
Wehrmacht, et la contre-offensive a regroupé de puissants moyens, outre d'être bien organisée.
- Bref, il prépare tout simplement le Stop and Go avec comme conséquenses l'extermination de AK et l'invasion de la Pologne. (qui a commencée avec l'élimination de Sikorski, partisan d'une résistance armée contre le régime stalinien)
Staline avait beau considérer Sikorski comme un gêneur, il ne l'a pas pour autant supprimé. En fait, la thèse de l'accident a le mérite de la vraisemblance, et d'être soutenue par des éléments révélés par un
pseudo-historien qui s'était acharné à vouloir démontrer la culpabilité... de Churchill.
Rappel des faits : en fin de soirée du 4 juillet 1943, près de deux mois après l'annonce de la découverte d'un charnier d'officiers polonais à Katyn (officiers massacrés par les Soviétiques, pain bénit pour la propagande nazie), le
Liberator qui transportait le général Sikorksi s'écrasait près de Gibraltar, quelques instants après avoir décollé de l'aérodrome britannique.
Sa mort fut une véritable catastrophe pour le gouvernement polonais en exil. Sikorski, héros de guerre, politicien doué, homme intègre, incarnait la résistance polonaise à l'envahisseur nazi. Avec lui disparaissait, en plein contentieux avec Moscou, le seul individu suffisamment charismatique pour défendre avec le brio requis les intérêts de la Pologne face aux prétentions soviétiques. Ce alors que le Kremlin prenait prétexte du désarroi polonais consécutif à la découverte du charnier de Katyn pour se désolidariser des collègues du général.
Les circonstances de la mort de Sikorski n'ont jamais été pleinement élucidées. Accident ou sabotage ? En ce qui concerne la seconde hypothèse, rien n'est venue la confirmer. Aucune trace de sabotage n'a été relevée. Aucune preuve n'a été apportée.
En revanche, l'hypothèse de l'accident est bien plus crédible.
En effet, un sac postal aurait indirectement bloqué les commandes de l'appareil.
Un sac postal avait été retrouvé sur la piste d'atterrissage, étant tombé du
Liberator qui allait s'écraser en mer, non loin de là. Or tous les témoins ont affirmé que la porte arrière de l'appareil avait été fermée avant le décollage. De même le mécanicien navigant avait signalé que
"tout était en ordre dans la cabine, ce qui impliqu[ait] que les trappes des soutes à bombes [avaient été] bien fermées" (David Irving,
La mort mystérieuse du général Sikorski, Robert Laffont, 1969, p. 221). Comment ce sac avait-il pu s'échapper de l'avion ? Le pilote,
flight commander tchèque du nom Edward Prchal, seul survivant de l'accident, supposa, si l'on en croit Irving, que le sac n'avait
"pu être perdu que par l'ouverture du logement de la roue avant du train d'atterrissage".
Je cite David Irving (
op. cit., p. 221-222) :
C'est possible. Dans le Liberator aménagé en transport, le poste bombardier, dans le nez vitré de l'appareil, était utilisé comme soute et on y mettait du courrier. En principe, les sacs étaient arrimés, l'écoutille fermée.
Mais le dimanche matin, 4 juillet, vers 7 heures, un homme est monté à bord prendre des sacs de courrier. On ne l'a su que par hasard au cours de l'enquête. Prchal, Kelly, son mécanicien navigant et les autres l'ignoraient. Le caporal Hopgood, de garde dans l'appareil, a déclaré : "L'homme est allé dans la soute à bombes AVANT prendre les sacs... Il l'a vu aller vers l'avant. La soute à bombes était aménagée en compartiment voyageurs. Le wing-commander Falk pense que Hopgood a voulu dire dans le compartiment du bombardier à l'avant.
L'homme de l'A.D.R.U. prend son ou ses colis. Il déplace les autres sacs pour trouver ceux qu'il cherche et il referme mal l'écoutille (nous restons dans le domaine des hypothèses). Le mécanicien, dans sa dernière inspection de l'avion, durant le point fixe en bout de piste, constate que les trappes de soutes à bombes sont bien fermées mais ne pense pas à se rendre dans le compartiment du bombardier où, à sa connaissance, personne n'est entré.
Les trépidations des moteurs, le roulis de l'appareil qui roule pour aller en bout de piste secouent les sacs, les font glisser et l'un d'eux passe dans le logement de la roue avant du train. Quand l'avion démarre pour décoller, il tombe sur la piste.
Voilà qui expliquerait la perte du sac postal que retrouvera le lendemain le mitrailleur William Miller.
Mais où un sac est passé, un autre peut suivre. Un second sac de courrier prend donc le même chemin et va à son tour tomber par l'ouverture. A ce moment, l'avion a décollé. Prchal rentre son train. La roue avant en remontant repousse le sac postal dans l'appareil. Elle le repousse au dessus d'elle, jusqu'à le plaquer contre le plancher du poste de pilotage et contre les câbles des gouvernes de profondeur qu'il bloque.
Quand l'avion s'écrase en mer (ou au cours du repêchage), ne serait-ce que parce que la pression d'huile est tombée dans les vérins du train d'atterrissage, le sac est libéré et devient une épave comme les autres. C'est un sac ; en principe, il contient des lettres, du papier. Il n'a pas plus laissé de traces sur les câbles métalliques qu'un tampon de chiffons et les experts ne pourront déceler les points de friction en cherchant des éraflures qui n'existent pas.
David Irving a au moins précisé que cette hypothèse n'était pas de lui, mais de
"certains milieux" (p. 221 - merci de les citer, Dave, il ne le fait pas...). Il ajoute également, p. 223 :
"L'hypothèse est séduisante. Mais ce n'est qu'une hypothèse."Cela étant dit, comme l'a dit le
wing-commander Falk, cité par Irving, p. 222-223 :
Après avoir étudié les conclusions de la commission d'enquête, je suis maintenant plus convaincu que jamais que cette explication est la seule qui cadre au mieux avec les témoignages dont nous disposons. Pas une seule déposition n'infirme l'hypothèse ; plusieurs l'étayent.
Mais David Irving, remarquable crétin quand il s'y met, finira par nier l'évidence, et malgré son enquête qui établissait la certitude de l'accident, prétendra que le crash de l'appareil était d'origine criminelle, et que Winston Churchill a commandité le meurtre du général polonais ! Et à ce sujet, il commettra
une superbe falsification de document à cet effet...
- J'en reviens toujours à mon idée : la solution se trouve à Téhéran. La fin de la seconde guerre mondiale y a été négociée : Staline était beaucoup trop rapide pour les alliés.
Euh... Suis vraiment pas sûr d'être d'accord avec vous sur ce point là... Ni à Téhéran, ni à Yalta, ni à Potsdam les Trois Grands ne se sont partagés le monde.
(Quant à la grande bataille de chars à Praga - j'y habite - il y a tout simplement pas la place : Vistule à l'Ouest, marais au Sud, forêts à l'Est, lac au Nord = reste un vieux et minuscule quartier , Praga)
- Vous citez la "Herman Goering" . En août et septembre, cette division + la 137 DP étaient sur la rive gauche, au Sud de Gora Kalwaria, à Studzianki (50 kms Sud Varsovie) face à Berzarin.
Quand les historiens causent de Praga, c'est un genre de convention, un peu comme les historiens du Premier Empire qui placent à Austerlitz la bataille qui s'est déroulée sur le plateau de Pratzen, sur Kobelnitz, Krzenowitz, Puntowitz, et à proximité de Brunn. En fait, la fameuse bataille de chars a pris place à Radzymin et Wolomin. Et encore, je résume.
Reste qu'elle a bien eu lieu, et que les
Panzer ont bel et bien brisé l'assaut de Rokossovski.