Bruno Roy-Henry a écrit:Le prix à payer pour les Russes a été exorbitant. Les pertes militaires énormes, dues à l'impéritie des généraux soviétiques...
D’abord, il est inexact de parler des « russes », l’armée rouge tout comme l’URSS était une mosaïque de peuples pour reprendre l’expression consacrée. Il faut donc parler des soviétiques. Ensuite l’impéritie des généraux soviétiques à bon dos, dans l’ensemble ils ont fait avec ce qu’ils étaient et ce qu’ils avaient. C'est-à-dire peu. On sait parfaitement que les purges ont littéralement décapités l’armée rouge de ses cadres militaires et politiques (le corps des commissaires politiques fut encore plus durement frappé que celui des officiers, chose que la plupart ignore ou que l’on tait !). Toute cette classe expérimentée a été remplacé par des subalternes qui n’avaient pas été formée pour cela. Passer de comandant de régiment à celui de division n’est pas une petite formalité. Idem pour les cadres politiques que l’on importe du civil et qui n’ont plus les compétences militaires de leur prédécesseurs.
Ensuite cette armée qui était en pleine réorganisation c’est trouvée totalement prise au dépourvu par l’attaque surprise Allemande. Il a fallu que les unités mobilisent et partent dans l’urgence contrer les troupes allemandes, elles parfaitement équipées, entrainées et rodées. En début de conflit les soviétiques cumulaient tous les handicaps.
La plus grande partie de l’armée professionnelle a été anéantie durant l’été 1941 et dans l’hiver 1942 il a fallu reformer des unités quasiment de but en blanc. Pour ce faire, on affectait une promotion d’élèves officiers formés en cours accélérés, on l’étoffait par des officiers et des soldats survivant ou sortis des hôpitaux, on refaisait le plein de recrues et après une rapide formation c’était bon pour le front… Les soviétiques ne faisaient pas cela par « impéritie », mais par nécessité, ils n’avaient pas le choix ! Et pourtant ces unités quasiment de bleusailles, engagées dans des conditions souvent extrêmement difficiles firent des miracles, des prodiges de vaillances et d’héroïsmes.
De même tirant la conclusion du gouffre abyssal d’officiers expérimentés pour encadrer les grosses unités, les soviétiques avaient trouvé la parade en réduisant les effectifs des unités. Plus petites les unités devenaient plus gérables pour des officiers manquant d’expériences.
La plupart du temps une division c’était 5/6000 hommes, un armée guère plus de 50.000, ça c’est un truc qu’on oublie de dire dans le descriptif des effectifs des batailles.
Autre point à signaler, aucune armée au monde n’a eu d’autant de généraux qui sont tombés sur le champ d’honneur que celle de l’armée rouge.
Bruno Roy-Henry a écrit:Chacun se souviendra du film sur l'affrontement des deux tireurs d'élites à Stalingrad. On y voit une troupe de jeunes recrues s'attaquer aux lignes allemandes sans aucune expérience des combats et à moitié désarmées.
Oui c’est aussi historique que Rambo dézinguant toute une division de Viêt ! Pour avoir épluché tous les documents russes qui me sont tombés sous la main sur la bataille de Stalingrad, je peux dire que c’est de la pure affabulation. Quand les combats dans la ville commencent le 13 septembre, la 62e armée c’est 30.000 hommes qui appartenaient à des unités cassés par deux mois de combat dans la steppe. C’est la 13e division de la Garde, (10.000 hommes) qui venaient tout juste d’être hâtivement reformée, qui va sauver la situation in-extremis en traversant la Volga le 15 septembre. La plupart de ses hommes étaient des bleus encadrés par de jeunes officiers de 20 ans et ce n’est pas en chargeant suicidairement qu’ils ont stoppés net les divisions d’élites allemandes, ni eux ni les autres.
A Stalingrad, il n’y a pas eu d’attaque suicide comme montré dans le film, les soviétiques mêmes s’ils l’avaient voulu n’en avaient pas les moyens. Leur infériorité numérique était écrasante et ils n’avaient pas un homme à gaspiller.
Bruno Roy-Henry a écrit:De plus, les commissaires politiques étaient dans le dos des généraux et les promettaient au poteau s'ils échouaient.
Alors ça, ça fait parti des autres stéréotypes de la contre-propagande de la guerre froide. C’est absurde. C’est ignorer totalement l’organisation de l’armée rouge et du rôle réel tenu pas les cadres politiques au cours de la guerre.
Bruno Roy-Henry a écrit: on ne peut avoir que du respect et de l'admiration pour le soldat soviétique qui a sacrifié sa vie dans ces conditions, ainsi que pour tous ceux et toutes celles qui ont maintenu des cadences infernales dans les usines afin que le matériel sorte en temps et en heure.
Là nous sommes d’accord.