Mikoyan a écrit:Que l’armée allemande ait eu des difficultés logistiques, je veux bien le croire mais si j’en crois les témoignages soviétiques, les troupes allemandes défourailler à tout va, elles faisaient une consommation effrénée en munitions. Les soviétiques en étaient suffoqués, eux qui comptaient leurs balles et obus à l’unité. Si c’est exact, c’est normal que la logistique peinait à les approvisionner
Mais les difficultés de la 6.
Armee ne se limitaient pas aux seules munitions. Les transports et le carburant manquaient. Le chef de l'aviation locale, Von Richthofen, estimait le 22 septembre que les renforts arrivaient à Paulus
"au compte-gouttes". Le casse-tête logistique venait de la division des forces allemandes entre Stalingrad et le Caucase : l'intendance avait eu toutes les peines du monde à organiser un ravitaillement optimal au regard d'une telle situation.
Il ne faut pas oublier non plus que la logistique de l’Armée Rouge est encore bien plus dramatique, elle ne manque pas seulement de vivre et de munition mais aussi tout simplement d’armement. Quand la 35e Gv SD monte en ligne à la fin aout l’unité est si mal armée qu’elle se voit toute heureuse de récupérer quelques armes à une unité cassée relevée du front. Idem quand la 13e GV SD se pointe à Stalingrad 10% (1000 hommes sur 10.000) ne sont pas armés. Que dire encore du bataillon de marine de la flottille de la Volga qui attaque fin aout pour refouler les allemands dans le secteur de Rynok, sur les 260 hommes que compte le bataillon, ils disposent exactement de 100 fusils, 20 pistolets mitrailleurs et 10 mitrailleuses, soit une arme pour deux… et je n’évoque pas le problème récurrents de manque de munitions.
A ajouter également, la baisse du moral, début septembre, des unités soviétiques en pleine retraite... Un tel redressement me laisse encore rêveur.
Nicolas Bernard a écrit:Oui mais la bataille de Stalingrad ne se résume pas non plus aux combats circonscrit dans la ville de la mi-septembre ! Les troupes de Paulus ont bénéficié d’une maitrise totale du ciel et ce dans une steppe rase ou il n’y avait pas un bosquet ou se cacher.
Oui, mais on cause là de la bataille pour la ville elle-même, pas des préliminaires, qui auraient pu tourner au drame si Paulus avait été en mesure de participer à la manoeuvre d'encerclement dirigée par la 4.
Panzerarmee le 30 août 1942, manoeuvre qui aurait abouti à la destruction des 62e et 64e armées soviétiques.
Dans la steppe, la supériorité opérationnelle des Allemands était évidemment totale. Quant à la maîtrise absolue du ciel, elle a connu quelques éclipses, car la
Luftwaffe a eu à contribuer à la mise en échec d'une offensive du Front de Stalingrad dans le secteur de Rynok le 18 septembre 1942, ce alors que l'offensive de Paulus s'essouffle.
Mais c’est vrai que la tactique bien rodée allemande va se gripper dans le pierrier de Stalingrad, il fallait avoir du cran quand même côté soviétique pour aller se coller à l’ennemi à un jet de grenade ! Il est clair que la supériorité allemande se tenait dans sa capacité manœuvrière, possibilité qu’ils vont perdre justement à Stalingrad, car la 6e armée va être fixée. Par contre, combattre au corps à corps, ça c’était tout à fait dans les cordes des soviétiques, et à Stalingrad ils vont incontestablement y exceller.
Ce d'autant qu'ils connaissent le terrain, et notamment le réseau des souterrains.
Nicolas Bernard a écrit:Le puissant soutien d’artillerie c’est quelque chose qui va se mettre en place vers la fin septembre/ début octobre. Je rappelle que le 13 septembre la 62e Armia c’est : 33.000 hommes, 60 blindés et 300 bouches à feu de tous types.
Mais Tchouikov va recevoir, le lendemain, l'appui de la 13e Division de Fusiliers de la Garde, soit dix mille hommes - dont un millier, effectivement, manquaient d'armes à feu. D'autres divisions, telles que les 95e et 284e Divisions de Fusiliers, débarqueront les jours suivants, sans oublier l'attaque soviétique à Rynok, qui oblige les Allemands à maintenir au nord de Stalingrad certains contingents appuyés par la
Luftwaffe. La supériorité numérique allemande est indéniable, mais est atténuée par la nature du terrain, propice aux coups de mains.
Nicolas Bernard a écrit:Pas dans la ville en tous cas, il a au contraire attaqué dans des secteurs très étroits, le 14 octobre par exemple il fait attaquer 3 ID et 2 PzD sur un front de 5 kilomètre environs, secteur essentiellement défendu par la 37e Gv SD !
Si, dans la ville elle-même. Le 13 septembre, l'offensive de Paulus dans la cité fait fi des principes élémentaires de concentration des forces. Il attaque sur tous les fronts, du nord au sud. Il lui a été reproché de ne pas concentrer ses troupes au nord et au sud, pour prendre les forces de Tchouikov à revers.
Quand au piège de Stalingrad, c’est une question de date. Le 13 septembre, alors que les combats débutent dans la ville, Joukov présente à Staline son plan d’encerclement de la 6e armée. Le plan reposait à mon sens uniquement si Stalingrad tenait, Stalingrad et ses ailes. À Stalingrad les soviétiques on fait le coup d’école de l’abcès de fixation pour mieux l’anéantir, et Hitler va tomber dans le piège. La 6e Armée va être en effet toute entière fixée autour de Stalingrad. C’est quand même incroyable une armée pour quelques centaines de mètres de ruines encore tenues pas les soviétiques !
Tout à fait. Mais Hitler ne pouvait reculer. La chose n'aurait, stratégiquement, servi à rien, car la guerre était, de toutes les manières, perdue. Le Caucase restait soviétique, l'Armée rouge se reconstituait, et pire encore, la machine de guerre américaine tournait désormais à plein régime, et allait frapper en Afrique du Nord le 8 novembre.
Au mieux, Stalingrad tombait aux mains des Allemands, et Hitler remportait un succès psychologique. Au pire, les Soviétiques l'emportaient et encerclaient la ville, permettant au
Führer d'en appeler à la guerre totale et, surtout, de titiller l'anticommunisme des Occidentaux. Ce fanatique connaissait ses classiques : Frédéric II n'avait-il pas été sauvé du désastre, en 1762, par la trahison en sa faveur de la Russie ?