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Pourquoi Staline réclame-t-il l'ouverture d'un second front?

Nouveau messagePosté: 07 Juin 2007, 18:28
de Lettenaire
Bonjour Messieurs,

Une question qui me taraude depuis quelque temps et pour laquelle je n'ai trouvé aucune réponse concluante : pourquoi Staline demande-t-il aux Anglo-Saxons l'ouverture impérative d'un front en Europe occidentale ?

Etant informé de ses moyens de production, des réserves humaines disponibles et du prix qu'elles lui coûtent, sachant pertinemment que l'Allemagne n'a pas l'économie nécessaire pour lui tenir tête (ne serait-ce que d'un point de vue démographique), pourquoi n'a-t-il pas poursuivi son offensive seul jusqu'à Brest ? Pensait-il vraiment que l'URSS ne pouvait fournir cet effort de guerre ?

Au vu des tensions qui allaient éclater en 45 entre les Etats-Unis et l'URSS, n'a-t-il pas laissé passer l'occasion de mettre l'Europe entière dans son escarcelle et changer ainsi la face du monde ? Avec du temps certes et des pertes terribles, n'aurait-il pas pu placer son rideau de fer sur l'Atlantique ?

J'attends impatiemment les éclaircissements que vous allez me fournir.

Paul L.

Nouveau messagePosté: 07 Juin 2007, 19:40
de SLAY49
A partir de la conférence de Téhéran de Novembre 43 au cours de laquelle, le principe de la défaite allemande étant acquis, les alliés ont commencé à préparer l'après-guerre.
A Yalta, en février 45, c'est un Staline triomphant qui a su imposer à Churchill et à un Roosevelt déjà très malade ses zones d'occupation exclusives et celles qui devaient être partagées , tout en faisant de belles promesses sur des élections libres en Pologne et en Tchécoslovaquie qui ne seront jamais tenues... :twisted:
On finira même par lui accorder le prestige du choix de la date de la capitulation. En effet, la veille à Reims, ce n'est qu'une reddition technique limitée à l'Ouest qui a été signée au QG des forces alliées.
Pour ne pas froisser Staline, la reddition sans condition de l'Allemagne sur touts les fronts sera remise le lendemain à Berlin et en grandes pompes par le Maréchal Keitel à Joukov. La France est quasi miraculeusement représentée par de Lattre de Tassigny. Tedder signe pour les Occidentaux. Mais pour toujours, cette victoire sera celle de Staline.
Pour l'URSS, qui déplore des pertes humaines immenses (près de 21 millions de civils et de militaires tués, 2 millions d'invalides) et une économie ruinée, c'est évidemment une victoire chèrement acquise,et donc il ne pouvait continuer jusqu'a Brest...ouf :!:

Nouveau messagePosté: 07 Juin 2007, 20:13
de Mac givré
Il faut voir aussi que bien que tous les moyens de l'Axe en Europe étaient tournés sur l'URSS, et que la victoire n'à été à portée de main qu'à partir de 1942 : avant l'URSS devait supporter seule le poids de la lutte en Europe.
Les allemands jusqu'en 1944 n'ont pas renoncés aux grandes offensives comme le montre Koursk, offensives qui même si elles n'étaient pas couronnées de succès au niveau stratégique laminaient les grandes unité de fusiller Soviétique au niveau tactique.

La guerre ne se joue pas que sur le papier : ce n'est pas le tout de dire ils étaient à 1 contre 3 encore faut-il atteindre les objectifs .... La bataille d'Angletterre est un bon exemple de ce type de paradoxe : tout au plus 2000 aviateurs se sont combattus dans la bataille qui à scellé le sort de la seconde guerre mondiale (elle n'est pas la seule d'ailleurs ^^)

quand Staline demande l'ouverture d'un second front la situation n'est pas aussi glamour qu'à la fin de la guerre ;)

Nouveau messagePosté: 08 Juin 2007, 20:01
de Yuri67
Si Staline a demandé un second front, ce n'est pas pour rien ...

Bien qu'a partir de Stalingrad et Koursk, les rouges avaient repris globalement le dessus, ils n'etaient pas encore a Berlin ...

C'est vrai que 3/4 des forces allemandes ont toujours été affecté au front Est, meme apres le debarquement de normandie (et non pas outes les forces, on ce comprend Mac givré :D )). A l'Ouest il y avait donc 1/4 des forces, mais souvent, c'etait les meilleurs ... Sans compté que la luftwaffe et la flak etait plus qu'occupé depuis 1942 a protegé les villes allemandes ...

Bref, Staline savait parfaitement ce qu'il fesait je pense ....

La victoire a été sovietiques, en consequence c'est eux qui ont gagne le plus dans l'apres guerre, mais comme vous le dite, une victoire a quelle prix ?

J'ai vu recement que des nouvelles etudes font etat de 26 a 27 millions de morts en URSS, PG, populations civiles, millitaires, etc....

Re:

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 14:11
de Patrick.Fleuridas
SLAY49 a écrit:A partir de la conférence de Téhéran de Novembre 43 au cours de laquelle, le principe de la défaite allemande étant acquis, les alliés ont commencé à préparer l'après-guerre.
A Yalta, en février 45, c'est un Staline triomphant qui a su imposer à Churchill et à un Roosevelt déjà très malade ses zones d'occupation exclusives et celles qui devaient être partagées , tout en faisant de belles promesses sur des élections libres en Pologne et en Tchécoslovaquie qui ne seront jamais tenues... :twisted: (près de 21 millions de civils et de militaires tués, 2 millions d'invalides) et une économie ruinée, c'est évidemment une victoire chèrement acquise,et donc il ne pouvait continuer jusqu'a Brest...ouf :!:



On parle de Yalta, le partage du monde et l'on oubli la conférence de Postdam en juillet 45 à Berlin. C'est la dernière qui réunie les alliés victorieux de l'Allemagne . Les USA vont bientôt enfoncer le clou vis à vis de Staline avec les deux bombes atomiques sur le Japon. Churchill ne sera présent qu'au tout début de la conférence, remplacé par son successeur, Clement Attlee, après des élections perdues, peuple ingrat ! A Postdam, c'est le véritable "dépeçage" de l'Allemagne qui est minutieusement mis au point. les zones d'occupation respectives du territoire dans son ensemble et de Berlin en particulier (sa position géographique à l'Est dans la zone soviétique pose un réel problème qui amènera rapidement au blocus de Berlin puis à l'édification du mur en 1961)
On résume cette conférence à celle des trois D:
D pour Dénazification (démocratisation), enquêtes, interrogatoires, incarcérations, jugements. Il y a beaucoup à dire sur cette dénazification, partiale, et où déjà se dessine la future guerre froide. La course aux savants et technologies allemandes de fin de guerre, l'utilisation des réseaux et organisation de la Gestapo à l'Est pour la future police d'Etat Stazi, la bienveillance à l'Ouest vis à vis des grands industriels participant actifs au réarment puis à l'effort de guerre, alors qu'à L'Est les usines étaient systématiquement déménagées et leurs dirigeants arrêtés.

D pour décentralisation, L’Allemagne n'a plus d’existence en tant que nation, plus de capitale...Les Lands prennent une importance incontournable. Diviser, décentraliser le pays pour mieux aussi le surveiller...

D pour démilitarisation. Toutes les installations militaires sont démantelées. Cela concerne les fortifications (Plus de 17 000 ouvrages bétonnés à détruire sur le Westwall...) mais aussi les centres de production comme les usines d'armement, les chantiers navals, ect. L'Armée n'existe plus.

Pour finir à propos du chiffre des victimes soviétiques, on ne connaîtra sans doute jamais le compte. L'URSS peut donner tous les chiffres qu'elle veut, mais tient-elle compte des prisonniers de guerre soviétiques, ceux qui avaient survécu à l'extermination allemande, et qui furent à leur retour dans la mère patrie, au mieux envoyé au goulag, au pire immédiatement fusillé...Sans oublié les populations biélo-russes qui ont reçu en libérateurs les troupes allemandes en 1941: Staline s'en souviendra en temps et en heure...
Un lien pour la conférence de Postdam:
http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliot ... .1945.html

Re: Pourquoi Staline réclame-t-il l'ouverture d'un second front?

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 15:57
de Alcide NITRYK
Tout s'est joué à Téhéran, où Oncle Joe a pu jauger ses alliés occidentaux.
Roosevelt lui était à priori favorable et il a entériné ses gains territoriaux du Pacte Germano-soviétique.
Yalta, Roosevelt était mourant ; Oncle Joe savait qu'il y aurait du flottement chez les Occidentaux. Il a avancé ses pions sans complexes. Le seul refus qu'il essuya à Potsdam concernait l'extermination de 50 000 dirigeants militaires allemands.
Chassez le naturel ...

Re: Pourquoi Staline réclame-t-il l'ouverture d'un second front?

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 17:40
de pierma
Staline demande l'ouverture d'un second front en faisant valoir que l'URSS perd 5000 soldats par jour, ce qui doit constituer une moyenne à peu près exacte. L'argument est recevable. D"ailleurs à la fin de la guerre l'armée rouge connaît une certaine crise de ses effectifs : le potentiel humain de l'Union Soviétique n'est pas inépuisable, surtout à ce rythme là.

Savoir si Staline serait allé jusqu'à Brest est une autre affaire : cela l'aurait mis immédiatement en état de guerre avec les alliés occidentaux, et l'Union Soviétique avait besoin de réparer ses ruines, ce qu'il savait mieux que quiconque.

Re: Re:

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 17:48
de Luc Marcellin
Patrick.Fleuridas a écrit:
SLAY49 a écrit:Un lien pour la conférence de Postdam:
http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliot ... .1945.html


Le lien ne fonctionne pas... :(

Re: Pourquoi Staline réclame-t-il l'ouverture d'un second front?

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 18:05
de Prosper Vandenbroucke
Bonsoir Luc,
Oui effectivement le lien mis en ligne par Patrick est également obsolète chez moi.
En voici un autre:
http://potsdamer-konferenz.de/dokumente ... oll_fr.php
Bien amicalement
Prosper ;)

Re: Pourquoi Staline réclame-t-il l'ouverture d'un second front?

Nouveau messagePosté: 25 Déc 2015, 18:22
de Alcide NITRYK
pierma a écrit:Staline demande l'ouverture d'un second front en faisant valoir que l'URSS perd 5000 soldats par jour, ce qui doit constituer une moyenne à peu près exacte. L'argument est recevable. D"ailleurs à la fin de la guerre l'armée rouge connaît une certaine crise de ses effectifs : le potentiel humain de l'Union Soviétique n'est pas inépuisable, surtout à ce rythme là.
Savoir si Staline serait allé jusqu'à Brest est une autre affaire : cela l'aurait mis immédiatement en état de guerre avec les alliés occidentaux, et l'Union Soviétique avait besoin de réparer ses ruines, ce qu'il savait mieux que quiconque.

L'Armée Rouge est arrivée à Berlin à bout de souffle, ayant également subi de lourdes pertes en Hongrie. Les meilleures troupes ont été sacrifiées. L'armée de Patton ne l'aurait certainement pas reçue très cordialement.
Que les pertes soient dues aux Allemands, au NKVD autres organismes répressifs, la Russie ne s'est jamais remise de cette perte de potentiel humain.
Un peu à l'instar de la France, nominalement victorieuse en 1918, mais saignée à blanc.