Daniel Laurent a écrit:Je pencherais plutot pour 1924, quand il a ecrit avec Rudolf Hess la 1ere version de Mein Kampf. Mais, bon, ne pinaillons pas sur quelques annees et revenons a l'essentiel, a savoir le role exact de l'antisemistisme dans la pensee Hitlerienne.
Oui mais... précisément : dater la décision du génocide (1919 ? 1924 ? 1941 ?) permet de mesurer la place qu'occupait la haine antisémite dans l'esprit de Hitler, et donc de connaître... Hitler. Plus tôt il décide d'anéantir les Juifs, et le côté manipulateur obsessionnel apparaît. Plus tard il s'y résout, et il devient faible et hésitant.
Je ne pense pas qu'il en fut la base essentielle, meme s'il en fut la consequence la plus criminelle et la plus rappellee de nos jours.
La base de l'ideologie Hitlerienne est un nationalisme pan-germanique exacerbe, la conviction profonde de la superiorite de la "race" allemande ("Aryenne") sur toutes les autres et de la necessite absolue d'etendre, vers l'Est, les territoires Aryens au depends de plusieurs peuples "inferieurs", dont, entre autres, "Le Juif".
Paraphrasant qui tu sais, Nicolas, je dirais "Amour profond de l'Allemagne envers qui la Providence lui a confie une mission sacree" fut la base de la pensee et de l'action Hitlerienne.
Mais le "Juif" n'est pas simplement un peuple inférieur, à ses yeux. Les Latins sont décadents, les Slaves des esclaves, le "Juif" est un... bacille, un pou, une nuisance, à peine plus agréable que le moustique qu'on écrase gaiement. Sa haine des Juifs revêt des proportions sans commune mesure avec son hostilité aux races dites inférieures, qu'il saura parfois moduler - voir son traitement des Japonais. C'est une haine pathologique, significative d'une "guerre à mort".
Ce qui n'est nullement incompatible avec son amour de l'Allemagne - franchement discutable à la fin de son règne. L'Allemagne est, depuis la Grande Guerre, sa raison de vivre. Or, par la faute des Juifs, elle s'est écroulée en 1918. Sa vengeance, qui se traduit par une haine génocidaire, est liée à la volonté d'assurer une fois de plus la suprématie de sa nouvelle patrie.
"Le Juif" dans tout cela n'est que le bouc emissaire. Il servira d'abord de "responsable" de la defaite de 1918 lors de la montee vers le pouvoir, cela permettait de ne pas remettre en cause certaines elites dont on allait prochainement avoir grand besoin.
Mais en réalité, Hitler a du mettre son antisémitisme en sourdine, parce que le thème ne passait pas, électoralement causant.
Ensuite, "Le Juif" permettra de catalyser sur sa personne les velleites "socialistes" des nazis, sous couvert du "capital usurier indecent", pendant que le Reich eliminait les communistes, socialistes et syndicalistes a la grande joie des capitaines d'industrie allemands.
Bonne remarque. D'autant que l'expropriation des Juifs allait permettre de financer la politique sociale du Reich (voir Götz Aly, Comment Hitler acheta les Allemands, Flammarion, 2005).
Des le debut des guerres d'agression, "le Juif" fourni un pretexte pour permettre l'elimination des elites locales susceptibles de resister aux nazis. Concept rapidement etendu aux "Judeo-bolcheviques".
Je dirais que c'est plutôt l'inverse. Hitler cherche à dissimuler ses projets antisémites, et généralise donc ses directives. Pour mieux s'assurer de l'appui de la Wehrmacht en Russie, notamment, on cause des partisans, du système judéo-bolchevique, mais pas des Juifs en eux-mêmes. Le thème ne revêtira toute sa force que dans les mois suivants.
Et, egalement, l'avantage de permettre, de part les meurtres de masse, de compromettre davantage les executants, dont, notamment, la Whermacht.
En effet, mais des massacres, le nazisme en commet déjà : Slaves, Tziganes... Or, aucun d'entre eux ne prendra cet aspect industriel, planifié, soigneusement mis en scène, que sera le génocide juif. Preuve de sa spécificité dans l'Histoire, et dans l'esprit de Hitler.
Puis, a la fin, "le Juif" fut utilise, mais vivant cette fois-ci, dans les tentatives de "negotiations" de derniere minute avec les occidentaux.
En effet, mais je ne crois pas que Hitler ait vraiment cru à l'efficacité d'une telle politique.
Un outil politique et diplomatique, un pretexte, une monnaie d'echange.
Hitler etait-il veritablement antisemite ? Je n'en sais strictement rien, mais je constate qu'il a utilise l'antisemitisme latent qui regnait en Europe Centrale a l'epoque au mieux de ses interets qui, pour lui, etaient les interets de l'Allemagne.
Heureusement que Mussolini etait son allie et qu'il n'a pas decide que c'etait "Le Latin" qui etait l'ennemi, sinon je ne serais peut-etre pas la a vous agacer avec mes theories, chers membres.
Je considère au contraire que son antisémitisme occupe une place aussi centrale que mortifère. Ses propos témoignent d'une haine inimaginable à leur encontre, typiquement génocidaire. Ce n'était pas un instrument, mais une fin. Exterminer les Juifs était sa raison d'être.