Post Numéro: 23 de ponor 24 Jan 2023, 17:19
Penchons nous maintenant sur le sort des soldats après la bataille des Bouches du Danube
On ne réalise pas toujours qu'un nombre non négligeable de militaires Roumains a été fait prisonnier dès 1941 et ont passé donc de très longues années dans les camps soviétiques.
Ils ont été rejoints plus tard par les survivants de la bataille de Stalingrad puis par d'autres au cours des campagnes successives.
Le lieutenant Posa nous livre dans son carnet de guerre un récit très vivant de son transfert de camp en camp jusqu’aux contreforts de l’Oural au camp d’Oranki, un camp pour officiers, la vie quotidienne au camp,
la certitude initiale d’être délivrés rapidement par l’avance allemande , le doute après la bataille de Moscou la déception après Stalingrad et la résignation après Kursk.
Il nous parle sans parti pris de l’arrivée des prisonniers roumains, italiens, hongrois, allemands de la bataille de Stalingrad et des raisons pour laquelle beaucoup n’ont pas survécu.
Il décrit cette longue attente après la fin de la guerre où ils ont attendu en vain leur rapatriement tandis qu’ils leur était proposé des séances de propagande et de rééducation
avec enfin le retour en 1948.
Capturé avec une blessure au poumon sur le front du Danube le lieutenant Posa est ramené sur son ancienne position, occupée par 200 soviétiques.
Il y retrouve 2 soldats survivants de son peloton. Ils sont transférés à Ismail où ils seront gardés au pénitencier de la ville après un passage par l’hôpital pour le lieutenant afin de soigner sa blessure .
Le front se rapprochant la douzaine de prisonniers roumain se trouvant à Ismail a été évacuée par train vers Bolograd en Bessarabie où ils ont rejoint plusieurs centaines de prisonniers roumains du bataillon d'infanterie de marine
dont la position était à Chilia Veche, sur la rive droite du bras du Danube du même nom, qui avaient été encerclés et capturés.
Après une marche qui les a conduits à l’embouchure du Dniestr ils ont été transférés par pontons sur l’autre rive et ont marché jusqu’à une gare d’où un train les a transportés jusque la gare d’Odessa où les attendait un train préparé spécialement pour une longue route et où ils ont été équipés de tenues de prisonniers.
Ils voyageront plusieurs jours, traversant les steppes du Donbass puis la région de Penza, un plateau couvert de forêts sans fin, pour arriver à un camp où se trouvaient aussi des allemands et quelques finlandais. C’était le mois de juillet. I
Après quelque temps ils ont été transférés à nouveau par train vers Kazan sur la Volga puis par vapeur par la rivière Kama vers un camp d’environ 2000 prisonniers à Elabuga (Ielabuga), une ville Tatare.
En juillet après un hiver passé dans ce camp ils ont été transportés vers la destination finale : le camp d’Oranki près de Nijni-Novgorod.
Le lieutenant Posa relate la vie de ce camp, l’arrivée fin 1942 de prisonniers roumains de la bataille de la boucle du Don et comment les officiers roumains ont été appelés à essayer de sauver ces hommes arrivés dans un état pitoyable.
Il raconte aussi l’arrivée des prisonniers allemands après la bataille de Stalingrad
A partir de 1943 la nourriture s’est améliorée et l’atmosphère s’est quelque peu détendue.
Une partie des officiers du camp étaient partis comme volontaires avec la division Tudor Vladimirescu (constituée en octobre 1944). Ils devaient entrer en campagne contre les allemands
L'armistice avec la Roumanie (septembre 1944) a donné l’espoir d’un rapatriement mais il lui faudra encore beaucoup de patience puisque le traité de paix entre la Roumanie et l'Union Soviétique ne sera signé qu'en 1946 et qu'il ne sera rapatrié finalement qu’en mai 1948
après une grève de la faim organisée dans le camp par des officiers et dont il ne parle pas dans son carnet pour des raisons faciles à comprendre.
Certains officiers ayant accepté de suivre des cours de rééducation politique ont été rapatriés en 1946.
Les prisonniers rapatriés, surtout les officiers, étaient l’objet de méfiance dans le nouveau régime et recevaient des postes subalternes ou mal situés.
C'est ainsi que Ioan Posa et son épouse n'ont obtenu d'abord que des postes de professeur dans une école de village avant, des années plus tard d'obtenir un poste dans la ville de Botosani.
C'est pourquoi aussi ces carnets sont restés secrets aussi longtemps.