Le raid "Millénium" avait eu, incontestablement, un résultat moral bénéfique, côté anglo-saxon, ainsi qu'une inquiétude légitime, côté allemand, des populations urbaines.
Néanmoins, si on entre le détail, le raid s'était "résumé" à larguer 1455 tonnes de bombes, essentiellement incendiaires, donc légères, sur une zone urbaine de l'ordre de 250 km²; ce qui n'enlève rien à leurs performances intrinsèques, sauf que, pour des raisons d'autonomie aller-retour, la charge de bombes embarquées par appareil devait, alors, tenir compte de la réserve de carburant disponible pour le retour - l'Opération Doolittle était , certes, "super sympa" sous l'aspect "propagande", mais aucun des appareils n'était revenu "à bon port"! -. Dans le cadre de l'opération Millémium, il était impératif que le bilan des appareils perdus reste le plus "raisonnable" possible (ce qui avait été le cas).
Maintenant , amusons-nous à comparer l'Opération "Millémium", avec celui de l’opération Corkscrew – Pantelleria, en 11 juin 1943, évoquée, sur un autre poste, par Prosper. Dans le cadre de Corkscrew, il s'agissait de 4119 tonnes de bombes larguées, soit, à la louche, trois fois plus de bombinettes, sur une surface "réelle" de l'ordre de 25 km², à l'excès. En raison de la distance, 240 km aller-retour, les appareils alliés pouvaient, dès lors, charger leurs soutes, sans se poser de question sur leurs autonomie de vol!
On va appeler un chat, un chat, mais, à l'été 1944, les "Patrons" des flottes de bombardiers alliés s'étaient posés de très sérieuses questions quant à la rentabilité "finale" de leurs raids de bombardement, face à la Flak et la chasse spécialisée allemande. Dans ce seul contexte, il convient non pas de raisonner en termes de pertes "brut" - appareils abattus ou perdus,- mais en termes de dégâts à réparer, nécessitant, souvent, plusieurs semaines d'immobilisation au sol... de mémoire, on flirtait, alors, côté allié, avec largement plus de 20%, bien souvent, 25% du parc d'aéronefs "immobilisés" pour réparations!