Bilan[
Côté britanniqueBien que détérioré au cours de l'opération, le matériel électronique du radar ramené au Royaume-Uni par les hommes du major Frost permet d’analyser et de copier les connaissances des Allemands en matière de détection radar. Des mesures sont prises en conséquence, dont les effets se feront sentir jusqu'à la fin du conflit . Les éléments rapportés permettront aux scientifiques britanniques de brouiller les écrans radar allemands avant de passer à l'action. Ce brouillage viendra en complément de méthodes plus basiques comme le largage par avion sur les zones adéquates de « windows » ( lamelles de papier métallisé) qui perturbent la détection aérienne.
Photos 10 Les fameuses « windows »
L'opération confirme bien à quel point le renseignement reste crucial pour la préparation et le bon déroulement d'une action. Ce raid a en effet été rendu possible grâce aux photographies prises par les avions de reconnaissance-photo de la RAF , mais également et surtout par les informations très précises fournies par le réseau « Confrérie Notre-Dame »,(*) dont le colonel Rémy est alors le chef.
Enfin, preuve est faite qu'avec une préparation méthodique, une collaboration étroite entre la Marine, l’Armée de Terre et l’Aviation, le mur de l'Atlantique peut être ébréché avec des pertes minimes.. L'opération contribue ainsi à regonfler le moral britannique. Ce raid, suivi ultérieurement d'autres coups de main audacieux est la préfiguration du future Dévarquement du 6 juin.
Le bilan humain reste relativement léger : Sur un effectif initial de 119 hommes ils déploreront 2 tués, 7 blessés et 6 disparus (en fait 4 sur les 6 ont été capturés par les Allemands)
Côté allemandL'opération Biting suscitera une certaine admiration de la part du général allemand Kurt Student, chef des forces aéroportées de la Wehrmacht. Le raid , par contre, jettera le plus grand trouble au quartier général d' Hitler. Dans les semaines suivantes, après une inspection du général Rommel, l'évacuation du hameau de Bruneval sera ordonnée.
Les éléments connus des Britanniques leur laissent penser que les Allemands n'ont pas réellement compris l'objet de l'opération. Cependant, le général von der Heydte affirmera au lendemain de la guerre l'avoir bien réalisé en examinant les débris restants de la station radar. Haïssant le nazisme et souhaitant l'effondrement du Troisième Reich, il n'en soufflera mot à personne à ce moment là.
Le bilan humain est assez lourd : 5 tués et 18 disparus
Un des opérateurs radar ramené en AngleterreQuelles furent les répercutions ?A la suite de l'opération, le radar sera détruit ainsi que la villa. Finalement, la Luftwaffe ne jugera pas l'emplacement compromis. Au contraire : le terrain est maintenant encore plus dégagé et reste une situation idéale pour détecter tous mouvements aériens venant d'Angleterre. La Luftwaffe décidera t de créer sur le site une base de détection très importante dotée de cinq radars. Cette base reçevra le nom de code de Auerhahn (Grouse). Elle disposera ainsi d'un grand radar Wassermann S de 100 kW, de deux radars Freya et et de deux radars Würzburg.
En 1944, l'ensemble du site sera très fortement défendu par un réseau dense de barbelés, de champs de mines, de bunkers et de batterie de Flak de 20 et de 37 mm.
Côté anglais, les responsables du renseignement scientifique réalisent que les Allemands pourraient très bien leur rendre la pareille, et envoyer des paras capturer les savants qui travaillent au T.R.E., (Telecommunications and Radar Establishment) un laboratoire de pointe, véritable pépinière de talents en électronique, agréablement installé à Bournemouth, une station balnéaire de la côte sud de l'Angleterre. Un petit ‘commando’ anglais débarqua inopinément au laboratoire, armé et casqué, avec des mines de conspirateurs, pour volontairement créer un climat d'inquiétude et convaincre ainsi leurs collègues de déménager sans tarder dans des lieux plus sécurisés.
Cette mise en condition permettra de déménager l’établissement, rebaptisé Royal Radar Establishment à Malvern (Worcestershire) où un coup de main serait bien plus difficile à réaliser.
Les forces britanniques, en combinant parfaitement les actions des trois armes, ont réussi une mission en territoire ennemi en un minimum de temps avec un minimum de perte et ce, au nez et à la barbe des Allemands .
Voilà donc une mission parfaitement planifiée, préparée, coordonnée et finalement rondement menée aboutissant au plein succès.
Les exemples de ce type ne sont pas légions, qu’en pensez vous ?Sources
Pour plus de détails sur cette opération :
https://www.dday-overlord.com/debarquem ... e-brunevalHistoria Magazine n°31 – 1968 Ed. Tallandier 2ème GM
Sur les radars Würzburg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Radar_W%C3%BCrzburgLaboratoire RRE
https://malvernmuseum.co.uk/tre/https://www.bruneval42.com/histoire(*) Confrérie Notre Dame :
http://dictionnaire.sensagent.leparisie ... AME/fr-fr/