Pour confirmer ce que disait Alain au conditionnel :
Avant 10 heures, (...)
À peu près à ce moment-là, l'ordre a été donné de saborder et d'abandonner le navire, bien que je ne le savais pas à l'époque.
(...)
La passerelle ne donne pratiquement aucun ordre via le télégraphe des machines mais, lorsque le vacarme de la bataille se réduit à une explosion occasionnelle, Junack a reçu l'ordre par le poste de commande des machines, "Dégagez le navire pour le sabordage". Ce fut le dernier ordre donné à bord du Bismarck.
(...)
A ce moment, tout le système de communication a lâché ; la salle centrale des machines a été isolée du poste de commande des machines et de la passerelle. Lorsque les charges de sabordage ont été amenées aux prises d'eau de refroidissement et que les choses sont devenues plus calmes au-dessus, Junack a envoyé son meilleur quartier-maître pour obtenir d'autres ordres. Le quartier-maître n'est pas revenu, et Junack n'a eu d'autre choix que d'agir de son propre chef. Il a fait ouvrir toutes les cloisons des conduits, puis a envoyé ses hommes sur le pont principal et a ordonné au chef machiniste d'installer les charges avec une amorce de neuf minutes. Il fut le dernier à quitter la salle des machines, où les lumières étaient encore allumées et les moteurs tournaient conformément au dernier ordre, "en avant lente".
(...)
Finalement, l'ordre est venu de la passerelle à tous les postes, " sabordez le navire ". Schmidt a inversé les pompes qui fonctionnaient encore dans sa section et a inondé les compartiments. Il a entendu les prises du condensateur et les vannes exploser dans les salles des machines et des chaudières. Une estafette a apporté un autre ordre : "Tout le monde sur le pont supérieur." Toutes les écoutilles blindées du pont principal et du pont des batteries étaient bloquées et les coursives avaient disparu. La seule façon d'atteindre le pont supérieur supérieur était d'utiliser un étroit palan à obus. Quand ils ont atteint le pont supérieur, Schmidt et ses hommes ont rejoint les hommes en gilet de sauvetage qui attendaient sur le pont arrière.
(...)
On a beaucoup discuté pour déterminer si le Bismarck a coulé à la suite des trois torpilles tirées par le Dorsetshire dans la phase ultime de l'action ou s'il a été sabordé.
Bien que j'étais encore à bord lorsque le Dorsetshire a tiré ses deux premières torpilles, vers 10 h 20, je n'ai pas eu connaissance des explosions qu'elles ont produites. Ce fait, cependant, n'a aucune incidence sur la question de savoir quels dommages, le cas échéant, ils ont causés. J'étais certainement conscient, lorsque j'ai quitté le poste de contrôle de tir arrière vers 10 h 20, que le Bismarck coulait très, très lentement. Fortement enfoncé par sa poupe, il se comportait comme si un compartiment après l'autre était en train de s'inonder, progressivement mais irrésistiblement. Il présentait tous les effets auxquels on pouvait s'attendre après que les charges de sabordage aient été déclenchées et que les robinets aient été ouverts vers 10 heures. L'affaissement, l'enfoncement par la poupe et la gîte sur bâbord se sont accrus plus rapidement après 10 h 30. Il est donc possible que, le cuirassé étant déjà extrêmement instable, la troisième torpille du Dorsetshire ait accéléré sa fin, mais elle n'en était pas responsable. Je suis absolument certain que le Bismarck aurait coulé sans cette torpille, mais peut-être un peu plus lentement.
(...)
[Patrick Beesly, Very Special Intelligence, dit dans une note à la page 85 : "Il semble peu douteux que des charges de sabordage aient été déclenchées, mais on peut douter qu'elles aient effectivement fait couler le Bismarck. Cela aurait été une coïncidence remarquable si elles [les charges] avaient fait effet exactement au même moment que les torpilles du Dorsetshire." Je ne vois pas en quoi une coïncidence significative aurait été impliquée même si des mesures pour saborder le navire avaient été prises au même moment que l'arrivée des torpilles du Dorsetshire. Après tout, les actions de sabordage n'ont pas produit des résultats instantanés, et au moment où les torpilles sont arrivées, une vingtaine de minutes plus tard, le Bismarck coulait irrémédiablement].
Dans
Battleship Bismarck: A Survivor's Story de Burkard Baron von Mullenheim-Rechberg. (original publié en 1979)
Donc le navire a été sabordé
et torpillé, ce qui a
accéléré son naufrage.
Même conclusion dans
Bismarck: The Final Days of Germany’s Greatest Battleship de Michael Tamelander et Niklas Zetterling en 2009.
Puis :
L'analyse de l'épave du Bismarck par toutes les équipes a permis de trouver des preuves supplémentaires pour soutenir l'idée qu'il avait été sabordé. En particulier, l'expédition de James Cameron en 2002 a pu montrer que les torpilles qui avaient percuté le Bismarck n'avaient pas pénétré le cœur du navire.
Dans
Bismarck: The Chase and Sinking of Hitler's Goliath de GH Bennett, R Bennett et E Bennett en 2012.
Enfin, voici une conclusion que je trouve appropriée, par Iain Ballantyne dans son
Bismarck: 24 Hours to Doom en 2016 :
Au fil des ans, des affirmations et des contre-affirmations ont été formulées sur la cause exacte du naufrage du Bismarck. Était-ce les centaines de brèches infligées par les canons britanniques, les torpilles qui ont pénétré sous la ligne de flottaison ou les charges de sabordage que les hommes du navire ont fait exploser ? Peu importe. Le navire a été coincé par les Britanniques et détruit, avec la plupart de ses hommes à bord tués.
La guerre en mer n'est pas un jeu de pile ou face, et la réalité de l'horrible fin du Bismarck ne peut être occultée par des subtilités techniques. Pourtant, alors que les canons se sont tus, deux des navires venus venger la mort brutale des 1 415 hommes et adolescents du Hood, ont tenté de sauver les membres de l'équipage du Bismarck.