Page 1 sur 5

8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 13 Avr 2021, 21:36
de alfa1965
Les forces du Commonwealth ont dû évacuer la Cyrénaïque sous l'impulsion de l’offensive de ’Axe et retraiter vers la place forte de Tobrouk, très bien defendue grâce aux imposants travaux réalisés par les Italiens. La ville maritime était protégée par :
- la ligne Rouge, un double demi-cercle de positions retranchées avec des murs en béton, avec des postes d'observation avancés
- la ligne bleue : un fossé antichar, dont une partie se trouvait derrière des barbelés, où des pièges avaient également été placés.
- la ligne verte, une série de positions fortifiées près du port et à l'intersection de la route entre Bardia et El-Adem et en direction du fort Pilastrino.
Image
Carte du site https://warfarehistorynetwork.com/2015/ ... he-desert/
La garnison, forte de 23 0000 hommes est commandée par le lieutenant général Leslie Morshead, se compose de la 9e division (20e, 24e et 26e brigades), de la 18e brigade de la 7e division, ainsi que de quatre régiments d'artillerie britannique et de quelques troupes indiennes.

Le 14 avril, le général Rommel décide d'attaquer la place forte. La ligne d'attaque centrale, la route El Adem - Tobrouk, est confiée à la division blindée Ariete.

8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 10:46
de Benoît Rondeau
Quelques précisions.

L’objet des défenses étables par Morshead est d’empêcher toute pénétration de blindés adverses dans la profondeur en lui opposant une suite continue d’obstacles –mines et fossé antichar. Une série de positions entourées de barbelés est disposée juste derrière cette ligne d’obstacles et en assure la couverture ainsi que du terrain ouvert situé plus en avant. Cette ligne, appelée Red Line, est pourvue d’armes automatiques et antichars et constitue le périmètre de défense de Tobrouk. Celui-ci comporte 170 ouvrages bétonnés sur un arc de cercle de 48 km de long.
La profondeur du dispositif défensif est assurée par l’édification, à environ 4 kilomètres en retrait, d’une seconde ligne : la Blue Line. Elle est occupée par les unités de réserves des brigades tenant la ligne du périmètre. Enfin, à seulement deux kilomètres du port, une ultime ligne de défense se dresse pour faire obstacle à l’ennemi : la Green Line, tenue par l’unité de réserve, la 18th Australian Brigade, entièrement motorisée afin de faciliter la concentration de ses moyens en cas de nécessité. Des zones de défenses sont donc édifiées au Fort Pilastrino et à la jonction des routes vers El Adem et Bardia. La brigade de réserve occupe également l’aérodrome d’El Gubbi ainsi que la piste d’atterrissage établie sur la route de Derna. On craint en effet que l’ennemi ne procède à des parachutages. Une crainte certainement justifiée par les récents succès obtenus par les Fallschirmjäger en Grèce et en Crète. Le 29 avril, le 204th Group informe Morshead qu’une centaine de Ju-52 seraient en procédure d’embarquement de troupes à Benina. Une fausse alerte…

8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 10:48
de Benoît Rondeau
Outre les Red Line, la Blue Line et la Green Line, la garnison peut compter sur les champs de mines B1 et B2. Des zones de défenses supplémentaires sont édifiées au Fort Pilastrino et à la jonction des routes vers El Adem et Bardia. Des zones intermédiaires entre les Red et Blue Lines sont prévues mais n’ont pas encore été édifiées début mai 1941, un mois après les premiers combats, de même qu’une zone de barbelés dotés d’obstacles. Celle-ci se compose de champs de mines ininterrompus, enclos de barbelés et battus par le feu des mitrailleuses et des antichars, installés dans les points fortifiés. L’ensemble est habilement camouflé et met à profit la topographie du terrain. La priorité est bien sûr donnée à la Red Line. On accorde beaucoup de soin à la dissimulation du dispositif défensif et des filets de camouflages sont acheminés sur les positions avancées qui doivent également être entourées de barbelés.

Des mines anti-personnelles et des bombes sont placées de façon à causer le plus de pertes possible à l’infanterie ennemie. Il sera bien entendu impératif d’en noter leurs emplacements et de les indiquer à tous ceux qui pourraient être concernés. Des mines antichars seront distribuées dès qu’elles seront disponibles en nombre suffisant.

Des murs de sacs de sables doivent être édifiés au sein même des positions –y compris les fossés antichars à condition que cela ne facilite pas leur franchissement par des blindés- pour atténuer l’effet destructeur des bombes et des obus. Les parapets seront également renforcés par des sacs de sables.

Les fossés antichars sont également dissimulés dans la mesure du possible. Loin d’accorder à ces derniers un rôle purement passif, les Australiens y établissent des retranchements qui permettront de s’y établir une surveillance avancée, notamment la nuit. La maîtrise du no man’s land est la préoccupation constante des Australiens. Ceci se traduit par une intense activité nocturne par le biais de patrouilles n’hésitant pas à mener des coups de mains audacieux. C’est ainsi que des avant-postes sont construits entre les principaux points de défense. Il est prévu de les occuper avant tout la nuit. En effet, ils sont avant tout destinés à l’écoute, à lutter contre les infiltrations et à surveiller champs de mines et barbelés alliés, ces derniers, ainsi que le principal fossé antichar, devra idéalement pouvoir être pris par des tirs en enfilade.

Des consignes sont données pour organiser des positions alternatives faute de quoi l’ennemi sera en mesure de localiser les emplacements des avant-postes et pourra donc les réduire au silence. La mise à jour régulière de la dotation en matériel de chaque poste fait l’objet d’une attention particulière, étant entendu qu’elle permettra à une unité de relève de remédier à une déficience. On doit indiquer notamment le nombre de mines, de cocktails Molotov, sacs de sables, de filets de camouflages, de périscopes, de pelles et de pioches, de lanternes, d’allumettes et de bougies, de fusées Very et de drapeaux de signalisation ainsi que les quantités d’eau et de nourriture disponibles ainsi que l’état du stock de matériel médical .

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 13:55
de Dog Red
alfa1965 a écrit:Les forces du Commonwealth ont dû évacuer la Cyrénaïque sous l'impulsion de l’offensive de ’Axe et retraiter vers la place forte de Tobrouk, très bien defendue grâce aux imposants travaux réalisés par les Italiens.


Du peu que j'ai lu, il me semble que c'est l'évacuation de la Cyrénaïque planifiée par WAVELL (opération "Laxative"... ça ne s'invente pas !) qui ouvre la Cyrénaïque au DAK.
Les forces de WAVELL en Cyrénaïque (ou d'ailleurs ce qu'il en reste ; les gros étant partis se battre en Grèce ou détournés vers l'Irak) sont d'ailleurs fort limitées pour s'opposer à l'Axe :
. la 2nd Armoured Division à la valeur relative ;
. la 9th Australian Division.

Par contre, à Tobrouk, il est question de "tenir" et le général australien MORSHEAD est bien décidé à s'en donner les moyens.

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 15:58
de pierma
Désastreuse, l'initiative de Churchill d'envoyer des troupes en Grèce ! Comment a-t-il pu s'imaginer que Hitler allait laisser des bombardiers anglais à portée d'aile de Ploesti, si vital pour lui ?

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 16:20
de Dog Red
pierma a écrit:Désastreuse, l'initiative de Churchill d'envoyer des troupes en Grèce !


L'intervention en Grèce est une décision politique plutôt que "stratégique" au sens purement militaire du terme.

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 18:00
de alfa1965
Dog Red a écrit:
pierma a écrit:Désastreuse, l'initiative de Churchill d'envoyer des troupes en Grèce !


L'intervention en Grèce est une décision politique plutôt que "stratégique" au sens purement militaire du terme.

Oui, depuis Munich, l’Europe Centrale avait été abandonnée, il fallait revenir dans l’échiquier continental par les Balkans pour ne pas donner le sentiment que la Grande-Bretagne ne laissera pas tomber ses pays amis et anglophiles.

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 18:16
de pierma
"Décision politique" n'est pas un gri-gri magique. Si cette décision doit être tournée en ridicule à très court terme par une déroute militaire, on obtient l'effet politique inverse de celui que l'on souhaitait.

Je comprends très bien le calcul politique de Churchill, il est très logique, mais je me demande s'il n'a pas sous-estimé les capacités de la Wehrmacht. (Après tout, il pouvait penser, surtout avec ce qu'il avait vu de Gamelin, que la défaite à l'ouest était avant tout celle de l'armée française, et que ses troupes pourraient faire mieux dans un pays se prêtant bien à la défensive.)

On peut noter aussi à quel point, tout au long de la guerre, la possible entrée en guerre de la Turquie pèsera sur les décisions prises dans son rayon géographique. (Très courtisée, la Turquie à qui la Grande Guerre avait tant coûté ne bougera à aucun moment.)

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 21:17
de Dog Red
L'obsession de CHURCHILL pour les Balkans... !?

Re: 8O°ANNIVERSAIRE - LE SIEGE DE TOBROUK

Nouveau messagePosté: 14 Avr 2021, 22:19
de pierma
Dog Red a écrit:L'obsession de CHURCHILL pour les Balkans... !?

C'est vrai, il faut en tenir compte, dans son esprit c'est là que sera gagnée la guerre. (Ce sont les Américains qui imposeront un débarquement direct en France.) Dès lors, difficile pour lui de ne pas intervenir en Grèce. :roll: