Forum Le Monde en Guerre

L'opération "Marita" :

Après une préparation rapide, les Allemands (avec une participation italienne depuis l'Albanie au sud et l'Italie au nord) lancent l'opération Marita qui consiste à envahir la Yougoslavie. L'opération durera 12 jours du 6 au 18 avril 1941. L'invasion commence par le bombardement massif de Belgrade pour s'achever 12 jours plus tard par la réddition des forces armées yougoslaves malgré un pays au relief très accidenté et dont la superficie est de la moitié de celle de la France. A l'origine cette opération devait en priorité être destinée à occuper la Grèce et y chasser les forces britanniques. Les atermoiements du gouvernement yougoslave a adhérer aux forces de l'Axe et la signature d'un pacte d'amitié avec l'union soviétique décident Hitler à attaquer sans préavis.

Mussolini considère que l’aire balkano-danubienne est la chasse gardée de l’impérialisme fasciste, où la nouvelle Rome, phare de la nouvelle civilisation fasciste est de retour. L’arrivée des Allemands en Roumanie, intéressés par le pétrole et aussi par le blé contrarie Mussolini qui voit d’un mauvais œil la pénétration économique allemande dans son aire d’influence. Avec l’attaque de la Grèce à partir de l’Albanie, la guerre entre en Europe balkanique. La crainte de voir les puits de pétrole roumains menacés par la RAF à partir des bases grecques pousse Hitler à intervenir en Grèce en passant par la Yougoslavie. Afin de s’assurer l’alliance yougoslave avec les partenaires de l’Axe qui rassemble outre l’Allemagne et l’Italie, les royaumes de Hongrie, de Roumanie et de Bulgarie, Hitler convoque le régent Paul à Berchtesgaden le 4 mars 1941pour discuter de l’adhésion de la Yougoslavie au Pacte Tripartite. L’accord doit être entériné le 25 mars suivant. La Yougoslavie, anglophile, ne peut compter sur l’appui des Britanniques et il existe de nombreux contentieux frontaliers avec ses voisins, la Hongrie où il y a une minorité hongroise dans la Voïvodine, les Albanais et l’Italie. Avec l’Italie, le contentieux de Fiume provoqué par la prise de la ville par le poète Gabriele d’Annunzio a été réglé par les accords de Rapallo. La ville de Zara (Zadar) est resté italienne, sa province est enclavée en Yougoslavie. Le pays lui-même connait des pressions intérieures, l’Oustacha, organisation terroriste et mouvement séparatiste croate dirigé par Ante Pavelic est soutenu par Benito Mussolini.

Le 25 mars 1941, la Yougoslavie rejoignit l'Axe et accepta d'autoriser le transit à travers son territoire aux troupes allemandes se dirigeant vers la Grèce . La raison immédiate de l'invasion de la Yougoslavie par l'Axe était l'annonce par le gouvernement yougoslave qu'il ne respecterait pas ses obligations en vertu de l'accord.
Le débat sur la signature du Pacte tripartite qui liait les partenaires de l'Axe avait amèrement divisé le gouvernement fédéral yougoslave. L'annonce de l'accord le 25 mars a été extrêmement impopulaire dans de nombreuses régions du pays, en particulier en Serbie et au Monténégro. Le 27 mars, des officiers militaires serbes ont renversé la régence, placé le roi Pierre de 17 ans sur le trône et dénoncé la décision du gouvernement précédent de rejoindre l'Axe. Bien que le nouveau Premier ministre, le colonel Dusan Simovic, ait cherché en quelques jours à rétracter cette déclaration, Hitler était furieux et a ordonné l'invasion de la Yougoslavie dans la soirée du 27 mars.
L' invasion de l'Axe , impliquant des unités militaires allemandes, italiennes, hongroises et bulgares, a commencé le 6 avril 1941. Onze jours plus tard, après que le gouvernement Simovic et le roi Pierre se soient enfuis à Londres via Alexandrie, en Égypte, la Yougoslavie s'est rendue aux puissances de l'Axe.

C'est à Berlin que se décident les sphères d'influence et c’est Hitler qui redessine la carte de la nouvelle Europe centrale et balkanique. Le Reich s'attribue la part léonine en occupant les zones stratégiques et économiques les plus riches en minerais ou en céréales.
La Pax fascista prévoit que les territoires annexés ainsi que les état-satellites seraient intégrés -ou plus exactement soumis- à Rome, capitale impérialiste et centralisatrice du nouvel empire fasciste. L'intense activité partisane, la dépendance à l'Allemagne, l'impréparation des gouverneurs civils ne permettra jamais l'aboutissement de ce projet utopiste.
C'est Mussolini lui-même qui brosse, lucidement,le tableau de la situation dans les Balkans :«Je me demande si désormais nous ne faisons pas partie des nations vassales. Et même si nous ne le savons pas aujourd'hui, nous le saurons le jour de la victoire finale de l'Allemagne. J'ai les preuves que toutes les intrigues en Croatie sont ourdies par les Allemands. Je prévoie entre les deux pays une crise inévitable».
Le dépeçage de la Yougoslavie
La Croatie proclame son indépendance dès l'ouverture des hostilités le 10 avril 1941. Ante Pavelic, qui s'était réfugié en Italie avant l'invasion de la Yougoslavie, se retrouve à la tête de l'état croate (Nezavisna Drzava Hrvatska ou NDH), en théorie un royaume, grâce à l'appui allemand. Mussolini pensait pouvoir contrôler la Croatie en offrant le trône à Aimone di Savoia Aosta, duc de Spolète sous le nom de Tomislav II mais celui-ci refuse cette couronne «d'épines» et n'y mettra jamais les pieds. Le pays s'agrandit avec l'annexion de la Bosnie-Herszegovine. Le poglavnik (chef en croate) entreprend une impitoyable épuration ethnique : Juifs, Serbes et Tziganes sont massacrés ou internés dans le camp de l'horreur de Jasenovac. Dans ce camp, dirigé par un moine franciscain Miroslav Filipovic Majstoric dit «frère Satan», 80000 personnes y perdront la vie dans d'atroces conditions, comme les victimes de Petar Brzica, se vantant d'avoir égorgé en une seule nuit 1360 prisonniers .
Le 26 août 1941, pour stopper les violences commises par les Oustachis qui compromettent la stabilité de la région, les Italiens et les Allemands se partagent deux zones d'influence en Croatie sur une ligne nord-est/sud-ouest.

Bonjour,
"Unternehnem Marita" est la désignation de l'invasion de la Grèce, la partie relative à la Yougoslavie est, elle, désignée "Weisung 25" (ou directive N°25 du 27 mars 1941).

Dispositif allemand, au 5 avril 1941, en vue de Weisung 25 & Marita, d’ouest en est :

A partir de l’Autriche et la Hongrie,
2. Armee : 4 Infanterie-Divisionen, 1 Gebirgs-Division, 1 ID (mot.) (16.), 2 Panzer-Divisionen (14. &
8.) et 3 ID en affectation spéciale (z.Vfg)

A partir de la Hongrie,
IIIème Armée hongroise (uniquement dans le cadre de Marita, constitution non détaillée,)

A partir de la Roumanie, via la Bulgarie,
12.Armee : 7 Infanterie-Divisionen, 2 Gebirgs-Divisionen, SS-Division (mot.) « Reich » 2 Panzer-
Divisionen (9. & 2.PD), en affectation spéciale (z.Vfg), 1 Panzer-Division (16.PD), plus le Panzer
Gruppe 1 comprenant 1 Infanterie-Division, 1 Infanterie-Division (mot.), Infanterie-Rgt. (mot.)
Großdeutschland, Leibstandarte SS « Adolf Hitler », 2 Panzer-Divisionen (11. & 5.PD) et en affectation
spéciale (z.Vfg), 1 Infanterie-Division et 1 Gebirgs-Division.

J'ai rajouté un petit quelque chose sur les uniformes yougoslaves dans la rubrique qui va bien :


viewtopic.php?f=32&t=49128&start=10

Pal Teleki, le premier ministre hongrois, manœuvrant pour empêcher que l'Axe ne lui force la main à entrer en guerre contre la Yougoslavie, signe avec le régent Paul le 26 février 1941, un traité d'amitié éternelle.
Le 27 mars, un coup d'état évince le régent Paul et met aux commandes du royaume un gouvernement favorable aux Alliés.
Hitler ne pouvant laisser une "épine calchanéenne" se développer dans le sud de l'Europe, avec l'échec italien de l'invasion de la Grèce, décide d'attaquer la Yougoslavie. La perspective d'agrandir le territoire magyare par la récupération de la Bacska le met dans un dilemme qu'il résoudra en se tirant une balle dans la tête.

Du sud-est de la Hongrie, la 3ème Armée hongroise participent également à l'offensive allemande vers Novi Sad.
Ordre de bataille de la 3e armée hongroise (général Novak)
Corps Mobile (gyorhadtest)
IV corps d'infanterie
V corps d'infanterie
I corps d'infanterie
Le bataillon parachutiste s'empara des ponts sur les canaux autour de Verbsaz

La Slovénie cesse d'exister dès l'armistice du 17 avril 1941 et est partagée entre l'Italie, l'Allemagne et la Hongrie. La province de Ljubiana est rattachée au royaume et administrée par un haut-commissaire Emilio Grazioli. C'est le XI Corpo d'Armata du général Robotti qui est chargé d'occuper puis de mener les opérations antiguérilla dans cette zone. Cette partie de la Slovénie est la plus pauvre, la population augmentera avec l'arrivée de 17000 Slovènes fuyant la zone d'influence allemande. Cette accroissement de la population rendra encore plus problématique la question de la subsistance. La minorité allemande de Gottschee, présente depuis le XIVe siècle, doit quant à elle quitter la province soumise à une italianisation, et ainsi 12000 Volksdeutschen quittent leurs villages pour l'Allemagne et ne reverront plus leurs terres. Ceux qui restent, un millier, seront exécutés par les troupes de Tito. (mon ancien post à ce sujet sur cette minorité oubliée viewtopic.php?f=23&t=34036&hilit=Gottschee#p429281 )

La Dalmatie avec ses îles est rattachée de facto à l'Italie. La nouvelle province intègre aussi les Bouches de Kotor ainsi que la ville italienne de Zara (Zadar), ancienne enclave dans l'ex-Yougoslavie. Elle va subir une intense italianisation en changeant les noms de villes, de rues et de patronymes. A l'école, la langue officielle est l'italien (loi Gentile interdisant les langues minoritaires).La Dalmatie est dirigée par Giuseppe Bastianini, haut-gouverneur et recevra par Ribbentrop le titre de Juden ad honorem pour avoir fait obstacle à la déportation de Juifs.

Le Monténégro est déclaré Royaume indépendant sous la protection italienne. Il est amputé des Bouches de Cattaro (Kotor), rattachées au royaume d'Italie par la province de Dalmatie. L'épouse du roi Victor-Emmanuel III, la reine Elena, fille de Nicolas Ier de Montenegro, souhaite que la couronne revienne à son neveu Michel Petrovic qui l'a refuse ainsi que d'autres membres de la famille royale. C'est finalement un haut-commissaire civil qui est chargé d'administrer le protectorat: Serafino Mazzolini. Dès juillet 1941, la population monténégrine se soulève et c'est le général Alessandro Pirzio-Biroli qui reprend en main la situation en ayant carte blanche pour mater l'insurrection.

Un gouvernement fantoche est institué en Serbie sous contrôle allemand : le Gouvernement de Salut National dirigé par Milan Nedic à partir de septembre 1941.