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LA GUERRE FRANCO-THAÏLANDAISE ET LA BATAILLE DE KHO CHANG (17 janvier 1941)

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de iffig
LA GUERRE FRANCO-THAÏLANDAISE ET LA BATAILLE DE KHO CHANG (17 janvier 1941)


CONTEXTE

Entre la France et le Siam (devenu Thaïlande en 1939) existait un contentieux ancien. Si un traité d’amitié avait été signé en 1856, à partir de 1893, la France avait contraint le Siam à lui céder plusieurs provinces cambodgiennes et Laotiennes. Après la déroute française de 1940, les Thaïlandais, dirigés par le général nationaliste Plaek Pibulsonggram, favorable à l’Axe et sensible aux thèses japonaises, ont pensé pouvoir récupérer les territoires perdus à la fin du XIX e siècle et venger les humiliations subies à cette époque.
Le peu de résistance française en Indochine à l’offensive de Lang-Son (22-25 septembre 1940) les avaient convaincus que l’Indochine, isolée de la métropole et disposant de forces militaires inférieures à celle de la Thaïlande ne serait pas en mesure de s’opposer efficacement à une offensive thaïlandaise.

FORCES EN PRESENCE

Les forces françaises en Indochine sont alors composées d'une armée d'approximativement 60 000 hommes, dont 12 000 seulement originaires de métropole, organisée en 41 bataillons d'infanterie, deux régiments d'artillerie, et d'un bataillon du génie. La faiblesse la plus évidente de l'armée française est son manque de chars, puisqu'elle peut aligner seulement 20 chars dépassés contre plus d’une centaine pour l'armée thaïlandaise. La force aérienne vichyste en Indochine se compose d'une centaine d'avions, dont environ soixante pouvant être envoyés en première ligne : 30 Potez 25, quatre Farman 221, six Potez 542, neuf Morane-Saulnier M.S.406 et huit Loire 130. La flotte française en Indochine est hétéroclite : au moment de la bataille de Ko Chang, un« groupe occasionnel » sera formé avec le croiseur léger Lamotte-Picquet de classe Duguay-Trouin en tant que navire amiral, les avisos coloniaux de classe Bougainville Dumont d'Urville et Amiral Charner, et les vieux avisos Marne et Tahure.

L'armée royale thaïlandaise de l'époque est nettement plus impressionnante. Elle se compose d'environ 60 000 hommes, divisée en quatre armées, la plus importante étant l'armée de Burapha avec cinq divisions. Les formations indépendantes sous l'autorité directe du haut commandement d'armée comprennent deux bataillons motorisés de cavalerie, un bataillon d'artillerie, un bataillon des transmissions, un bataillon du génie et un régiment blindé. L'artillerie dispose d'un mélange de Krupp âgés, d'obusiers Bofors modernes et des mortiers de campagne, tandis que soixante chenillettes Carden-Loyd et trente Vickers 6-Ton composent l'arme blindée. La Force aérienne royale thaïlandaise dispose d'environ 200 avions de combat et de 120 avions d'entraînement. L'embargo américain d'octobre 1940 a poussé Bangkok à se fournir davantage au Japon : durant l'hiver 1940, le pays a reçu ainsi 33 Nakajima Ki-27 et 9 bombardiers Mitsubishi Ki-21-I, ainsi qu'une trentaine de Mitsubishi Ki-30. Elle engage cependant plutôt des modèles plus anciens, notamment des Martin B-10.
La marine royale regroupe pour sa part une trentaine d'unités, dont deux garde-côtes cuirassés de construction japonaise, le Thonburi et le Sri Ayuthaya (armés de quatre canons de calibre 203 mm), neuf torpilleurs de construction italienne (pourvus de six tubes lance-torpilles de 533 mm) et quatre sous-marins côtiers (livrés en 1938 par le Japon). Elle comporte également une petite aviation anti-sous-marine, et deux bataillons de fusiliers-marins.

OPERATIONS
Après des manifestations nationalistes et anti-françaises à Bangkok, des escarmouches frontalières se succèdent le long du Mékong. L’aviation thaïlandaise, supérieure en nombre, bombarde de jour Vientiane, Sisophon, et Battambang en toute impunité.
Les forces aériennes françaises tentent des raids en représailles, mais les dégâts causés à la Thaïlande sont bien moindres. En décembre 1940, la Thaïlande occupe Pak-Lay et la province de Champassak.
Début janvier 1941, les armées thaïlandaises de Burapha (armée de l'est) et d'Isan (nord-est) lancent une offensive sur le Laos et le Cambodge. La résistance française est immédiatement mise en place, mais de nombreuses unités sont surpassées par les forces thaïlandaises, mieux équipées. Les Thaïlandais occupent rapidement le Laos, alors qu’au Cambodge la résistance française est plus efficace.
Le 16 janvier, la France lance une large contre-offensive menée par le 5e régiment étranger d'infanterie sur les villages thaïlandais de Yang Dang Khum et de Phum Préav, où se déroulent les plus féroces combats de la guerre. La contre-attaque française est bloquée et s’achève par une retraite, mais les Thaïlandais ne peuvent poursuivre les forces françaises.

La bataille navale de Ko Chang se déroula le 17 janvier 1941 durant la guerre franco-thaïlandaise. La flotte française d'Indochine prit par surprise la flotte de la marine thaï au mouillage dans la baie de Bangkok, lui infligeant de lourdes pertes.

FIN DES HOSTILITES
Le Japon, désireux de s'assurer la collaboration militaire de la Thaïlande, intervient rapidement en médiateur dans le conflit. Un ultimatum impose d'abord aux deux belligérants un armistice, proclamé le 28 janvier. Le 9 mai, la France, sous contrainte japonaise, signe un traité de paix, par lequel elle abandonne les provinces de Battambang et Siem Reap, prises au Cambodge, de Champassak et Sayaburi (prises au Laos qui cède ainsi les territoires sur la rive droite du Mékong) soit un territoire de plus de 97 600 km habité par 420 000 personnes. De façon générale, l’implication japonaise incitera les alliés à se méfier encore plus de l’empire du Soleil Levant (en soutenant des mouvements thaïlandais anti-japonais, par exemple). De fait le Japon envahira la Thaïlande en décembre 1941, la Thaïlande se rangeant alors à ses côtés dans ce qui sera devenu la Guerre du Pacifique.
Mais ceci est une autre histoire.

Quoi qu'il en soit, je suis certain que nos spécialistes "Marine" auront à coeur de préciser et de développer cette ébauche :D