coyote a écrit:Bonjour
Dans le post précédent, Alfred demande " combien de temps de vol A/R porte avions-Pearl Harbour- porte-avions ?
J'avancerais le chiffre théorique de 2h30 car la première vague a décollé à 06h30, et est arrivée sur l'objectif vers 07h35 donc environ 1 heure de vol à laquelle il faut ajouter environ 20 minutes sur l'objectif (pure estimation) puis 1 heure retour mais...
une formation décollant d'un porte avions voire ce qui est le cas, de plusieurs porte avions, doit se regrouper avant de prendre la cap. On attend les copains et les ordres en cerclant autour du PA . Cela ne se fait pas en deux minutes !
De plus et non des moindres les appontages nécessitent du temps, beaucoup de temps !
Donc... Que penser du temps total de rotation entre le premier décollage et le dernier appontage. sur un même porte avions ?
Comme disait un certain Fernand Raynaud... "Une certain temps" ..
Le temps de vol "potentiel" dépend de :
La position de l'appareil, lors du décollage, dans la "noria" , durant laquelle les appareils se regroupent avant de mettre le cap sur leur objectif; même si, ceux, encore, sur le pont d'envol, sont, tous, moteur tournant, leur consommation en "coco" est moindre.
Le poids de l'appareil, à pleine charge, notamment les bombardiers et torpilleurs, à l'aller. Son poids "lège", au retour.
La météo et le vent en altitude (vitesse et direction) à l'aller et retour.
La durée de la procédure d'appontage, selon la météo, l'état de la mer et l'heure.
De surcroit, avec des PA qui embarquaient des flottes de 70/80 appareils, il n'était pas question de les parquer dans le hangar à l'aide de l'ascenseur, procédure trop longue (!) ; du coup, à l'instar du décollage, on les empilait vite fait à l'extrémité du pont (suivant les conditions de mer, il fallait, aussi, les élinguer), avec le risque qu'un appareil, loupant son dernier brin, aille percuter ses copains!
Tout çà avec des appareils, supposés être exempts de défaut moteur et qui n'auraient pas, non plus, subi de casses durant l'opération (réservoir percés par des pélots, trains d'atterrissage endommagés, etc.).
Cà explique la relative brièveté des temps d'intervention sur site de l'époque. Après avoir effectué leurs missions, les pilotes, durant le retour, louchaient sur leur jauge de carburant, en priant le Bon Dieu ou Bouddha, qu'il leur restaient suffisamment de coco pour parvenir à rallier le PA - dont, à la différence d'un aérodrome, la position n'était pas fixe
.
Cà avait été, ainsi, la cata, pour les appareils japonais, durant la bataille de Midway, quand, au retour de leurs missions, ils s'étaient retrouvés avec des PA "manquants", suite aux attaques réussies américaines. Entre le manque de carburant ou des réserves de jaja très limitées - souvent, au mieux, quelques minutes de rab - et l'impossibilité de récupérer sur les PA "restants" autant d'appareils, un paquet d'entre eux avait fini à la baille!
A l'époque, on maitrisait, plus ou moins bien, la consommation moyenne en coco d'un avion, mais c'était très loin d'être la "science exacte", qu'elle est devenue, de nos jours. Ainsi, s'il y avait bien une ou des jauges sur le tableau de bord, de fait, on mesurait, toujours, le niveau de remplissage des réservoirs à l'aide de jauge "trempée" du genre de celle de la 2 CV Citröen de première génération.
Dans les années 60, du temps où j'étais "chef de piste" de garde, à Saint-Raph, quand, à l'été, les vieux PBY Catalina de la Protection Civile effectuaient leurs rotations pour éteindre les incendies de forêt, les ravitailleurs en carburant grimpaient sur l'aile, déjà, parce que c'était, là, que se situaient les bouchons des réservoir
, mais, surtout, ils sortaient, au préalable, les bonnes vieilles jauges "mécaniques" visuelles - comme quand vous vérifiez, de nos jours, le niveau d'huile du moteur de votre bagnole! - pour effectuer un contrôle visuel exact des réserves, vu que les anciens indicateurs-répétiteurs électromécaniques analogiques (par "téléaffichage"), vieux de plus de 25 ans, installés dans le cockpit étaient, souvent, très imprécis. Je vous fiche mon billet, que, de nos jours, les pilotes disposent d'un dispositif numérique de contrôle instantané de leur consommation en temps réel, d'une précision redoutable.