Si on a souvent tendance à accuser la propagande allemande du III.Reich d'enjoliver certaines situations en sa faveur, les hivers 1941-1942 et, même, 42-43 - mais pour ce dernier, de manière parfois plus localisée, notamment, la pointe de la 6.Armee jusqu'à la rive droite de la Volga - avaient été particulièrement sévères, climatiquement parlant.
L'arrivée du premier hiver, en 41-42, avait été particulièrement précoce, où, dès le début du mois d'octobre 1941, sur le secteur d'Orel, Heeresgruppe Mitte, il avait commencé à neiger, dès le 5 octobre, avec un bon mois d'avance sur les prévisions les plus "pessimistes", et une Wehrmacht, totalement impréparée et non équipée, pour combattre dans de telles conditions climatiques. L'échec de l'offensive, reprise à dater d'octobre, et celle de la "prise de Moscou", sont directement liées au contexte climatique.
"Coyote" a raison, quand il évoque la différence qui existe entre des conditions de "vie normale", dans un environnement de temps de paix, et celles de troupes combattantes.
Dans le premier cas, la population locale est plus ou moins acclimatée historiquement à des conditions hivernales extrêmes et, en zone rurale "profonde", comme en Russie, habituée à se contenter du strict nécessaire pour les supporter et continuer de vivre une vie presque normale.
Il suffit, sans devoir, pour autant, en référer aux hivers québecois - où par -20°C, en pleine journée, et des montagnes de neige, même en centre-ville, la vie quotidienne se déroule comme si de rien n'était - de regarder ce qui se passe en France, selon les régions. J'ai, ainsi, souvenance de m'être retrouvé à Marseille, au milieu des années 80, quelques heures après une chute de neige, qui, au final, n'avait guère dépassé 5 à 6 cm d'épaisseur. Cà avait été une véritable catastrophe locale, car les conducteurs avaient, notamment, abandonné leurs véhicules en pleine rue et, ainsi, créer des obstacles incontournables dans les axes urbains essentiels. De surcroit, hormis les établissements de quelques chaines hôtelières internationales de qualité, le chauffage était, aussi, une vraie catastrophe.
Moi, qui demeurait, en Alsace, depuis un bail, j'avais pu constater toute la différence, qui pouvait exister entre une région habituée à la neige et à la froidure et une autre, sans expérience. En pleine campagne, pour aller bosser, en pleine hiver, je me retrouvais à devoir circuler, près de 15 bornes, plusieurs jours de suite, sur des routes départementales, où la neige, n'ayant pas été évacuée, n'avait été tassée que par la circulation. On s'y adapte, sans trop de problème, sauf qu'une bagnole à traction - à l'époque, je possédais une des toutes premières Goldf GTI - était très largement avantagée par rapport à une "propulsion", type BMW ou Mercedes. Cela dit, en février 2011, lors d'une tempête de neige brutale, sur l'A 7 entre Lyon et Salon de Provence, qui s'était prolongée un dimanche, durant l'après-midi et la soirée, les conducteurs urbains inexpérimentés de 4x4, qui voulaient se la "péter", en nous dépassant sur la file de gauche, finissaient au fossé, alors que, avec ma vieille Merco mazoutée, dépourvue de tout dispositif de compensation "électronique", en ayant le pied léger et le jeu prudent de la boite de vitesse, j'étais passé sans problème, mais après 7H00 de conduite "non-stop" pour parvenir à accomplir un peu plus de 200 bornes!
Mes "supposées" références peuvent paraitre "Hors sujet", sauf que la population allemande et autrichienne, en 1940 (au sens large) était, selon sa région, accoutumée aux conditions hivernales, même relativement sévères - de l'ordre de -15°C, avec, dans les immeubles, en zone urbaine, les installations de chauffage central et, en campagne, dans les maisons "individuelles" des faubourgs et quartiers éloignés, l'usage des célèbres poêles en faïence (Kachelofe), permettait de chauffer une baraque, même avec un étage.
En résumant, le "pinpin" et le matos allemand s'était retrouvé, en 1941, en train de se geler très sévèrement les "glaouis", quitte à crever geler sur pied, dans des conditions extrêmes, sans, à peu de choses près, le moindre équipement adapté.
Un détail "amusant", peu connu... durant les mois, en 1940-1941, qui avaient précédé le déclenchement de l'Opération Barbarossa, les services de renseignements soviétiques avaient, particulièrement, surveillé les achats, à l'international, par les Allemands, de la laine de mouton, matériau essentiel pour réaliser la confection de tenues hivernales; en l'absence de toute pointe remarquable d'achat, ils en avaient "conclu" que l'Allemagne hitlérienne n'avait pas prévu de campagne militaire, face à l'URSS.
Fin 1941 et début 1942, l'URSS avait du faire appel à ses réserves d'origine sibérienne, "réputées" acclimatées naturellement à ces conditions extrêmes et, également, équipées pour les affronter. Sinon, globalement, le Frontovik de base de l'Armée Rouge n'était, alors, guère mieux équipé que son adversaire allemand.
Là, il convient de ne pas oublier que le III. Reich s'était fait un devoir, vis-à-vis de sa population nationale, de limiter, au maximum, ses pertes au combat, sauf que, avant même, la fin de l'hiver 1941-1942, elle avait, déjà, perdu plus de 800 000 hommes, tués, blessés ou disparus. Du jour au lendemain, les civils allemands, sensés baigner dans un "bonheur paisible", s'étaient, brutalement, retrouvés à devoir fournir un nombre très important de recrues convoquées, afin de tenter de compléter une armée allemande exsangue.
On se fait, souvent, plaisir, à tort, avec les tableaux d'effectifs théoriques qu'étaient sensées aligner les divisions allemandes, d'Infanterie ou troupes blindées mécanisées, sauf que, depuis la période automne 40-printemps 41, elles avaient été, totalement, infoutues de parvenir à aligner le moindre supposé effectif être plein, par rapport à sa structure théorique. établie selon les K.St.N en vigueur, toutes, aussi, théoriques.
Durant l'hiver 1941-1942, la Wehrmacht et, notamment, la Heer, s'en était presque bien sortie, tout en payant très un lourd bilan humain, au règne d'un hiver "infernal", sauf que çà avait été, globalement, la même chose, du côté de l'Armée Rouge, et qu'il avait fallu attendre le printemps 1942, pour que les deux adversaires finissent par s'en remettre!