Version simplifiée
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Pour le Chancelier du Reich, depuis le début des hostilités en Europe, les états balkaniques constituent la chasse gardée de la diplomatie et le seul intérêt de l’Allemagne est d’y assurer la pérennité de ses approvisionnements en matières premières, notamment en pétrole roumain.
La partition de l’Empire austro-hongrois, à la fin de la Première Guerre Mondiale, avait établi de nouvelles frontières ; au fil des décennies, les demandes de rectification des tracés vont s’accumuler et créer des tensions entre états mitoyens. L’Allemagne veut y jouer un rôle actif en tant qu’arbitre. A la fin du mois de juin 1940, l’Union Soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine septentrionale, au grand dam des hongrois et bulgares qui réitèrent de plus bel leurs revendications territoriales, entrainant la mobilisation de l’armée roumaine. Le 21 août, sur arbitrage allemand, la Roumanie cède la Dobroudja méridionale à la Bulgarie. Il ne reste, dès lors, que la Hongrie à satisfaire, c’est chose faite avec l’Arbitrage de Vienne, du 30 août 1940, qui lui restitue la Transylvanie septentrionale. Considérant, après ces deux dernières partitions, avoir satisfait aux revendications de ses alliés bulgares et hongrois, l’Allemagne stipule dans le traité de l’Arbitrage qu’elle est, dorénavant, garante de l’intégrité territoriale de la Roumanie, avertissement sans frais à l’attention de l’URSS. Le dépeçage de la Roumanie provoque en interne des remous politiques et, le 6 septembre, le roi Carol II est détrôné par son Premier Ministre, le général Ion Antonescu. Le 7 octobre, une mission militaire de la Wehrmacht s’installe en Roumanie.
Benito Mussolini n’apprécie que très modérément « l’installation » de l’armée allemande en Roumanie. Mis devant le fait accompli, il décide d’occuper la Grèce sans le notifier officiellement à l’Allemagne. En Grèce, le général Metaxás, qui dirige le pays depuis 1936, est pro-germanique, le roi Georges II pro-britannique mais la volonté générale est de protéger, à tout prix, la neutralité du pays. Le 15 octobre 1940, Mussolini décide l’invasion de la Grèce et, après un ultimatum imprécis et confus, rejeté par les Grecs, l’attaque est lancée le 28, à partir des bases italiennes en Albanie. L’initiative bouleverse totalement les plans diplomatiques allemands et les revers infligés, dès les premiers jours de l’offensive, par les maigres troupes grecques à la Regio Esercito, ne font rien pour calmer le courroux d’Adolf Hitler.
Le 31 octobre, en dépit du refus de la Grèce, l’armée britannique prend prétexte de l’attaque italienne pour s’installer en Crète et dans l‘ile de Límnos. La Grèce, dans un premier temps, a interdit aux britanniques d’établir des terrains d’aviation au nord d’une ligne Mont Olympe-Golfe d’Arta et la RAF ne dispose pas, en Méditerranée, de bombardiers avec un rayon d’action suffisant mais les puits de pétroles roumains sont, désormais, sous la menace des Britanniques! Adolf Hitler, contraint et forcé, prend la décision d’occuper le nord de la Grèce mais, à cette date, aucune disposition n’est encore prise pour le stationnement préalable des troupes allemandes en Bulgarie et l’arrivée de la mauvaise saison n’est pas favorable au bon déroulement d’une opération dans les chaines montagneuses des Balkans et de Grèce. Le 12 novembre, la Directive N°18 qui récapitule les objectifs militaires prioritaires allemands, hors Barbarossa, inclut désormais l’’invasion de la Grèce depuis la Bulgarie.
Le 20 novembre 1940, la Hongrie adhère au Pacte Tripartite. Sa ratification facilite la tâche des Allemands pour transférer leurs troupes vers la Roumanie. Le 23 novembre, c’est au tour de cette dernière. Il est urgent d’installer des postes d’observation et de renseignement en Bulgarie, mitoyenne de la Grèce mais le souverain bulgare craint les réactions soviétiques et turques à l’annonce de son engagement aux côtés de l’Allemagne ; la présence d’observateurs, en civils, de la Luftwaffe est cependant acceptée, de même qu’une délégation d’experts de la Heer qui va se charger d’estimer la qualité (médiocre) du réseau routier bulgare et faire réaliser les travaux indispensables par la main d’œuvre locale. Quant au déploiement de la Wehrmacht à la frontière gréco-bulgare, il doit s’effectuer le plus tard possible.
Au cours de l’hiver 1940/1941, la Grèce, inquiète des préparatifs allemands, autorise la RAF à s’installer au nord pour assurer la protection du secteur de Salonique. Début mars, l’armée britannique transfère 53 000 hommes et une Tank Brigade sur le territoire grec.
Reste une inconnue, l’attitude du royaume de Yougoslavie. L’absence de ligne ferroviaire entre la Bulgarie et la Grèce exige l’utilisation de celle qui relie Niš, en Serbie, à Salonique et, donc, le passage des troupes allemandes sur le territoire yougoslave. Après de nombreux mois de tergiversations, le 25 mars 1941, le Conseil Privé de Yougoslavie ratifie, à Vienne, son adhésion à l’Axe mais dans la nuit du 26 au 27, un coup d’état contraint le Prince Régent Paul à se réfugier en Grèce, met sur le trône le vieux roi Pierre II, ferme définitivement les frontières à l’armée allemande et le 29 mars, mobilise l’armée yougoslave. Dès le 27 mars, 13H00, Hitler a pris la décision de régler par les armes le sort de cette Yougoslavie par trop imprévisible. En trente-six heures, l’OKW modifie le plan initial de l’Opération Marita, contre la Grèce, pour y inclure les opérations en Yougoslavie, intitulées Weisung 25, en référence à la Directive N°25, établie ce même 27 mars.