Dog Red a écrit:De mon côté, je relis VANWELKENHUYZEN.
Quelques précisions dignes d'intérêt :
Avant le 25 mai, la
Luftwaffe largue des tractes sur les positions belges. Le message est clair : vous êtes encerclés et vos chefs vont fuir par avion. Léopold III réagit par proclamation le 25, on peut résumer celle-ci en une phrase : "
Officiers et soldats, quoi qu'il arrive, mon sort sera le vôtre". C'est cette volonté de rester avec ses hommes, avec son peuple, que le roi des Belges informe par missive à son ami George VI.
Le 27 mai, après la réunion BLANCHARD/PRIOUX à Cassel, le général KOELTZ rejoint la mission française au GQG de l'armée belge.
Quand les français arrivent, le roi s'entretient avec un général. Impossible de le déranger.
KOELTZ et consort sont dès lors reçus par le général MICHIELS, chef d'état-major général de l'armée belge.
Technicien carré qui maîtrise son état-major, MICHIELS dépeint sans fard la situation de l'armée belge à KOELTZ qui la rapporte ainsi : "...
l'armée belge est dans une situation difficile, les Alliés l'ont abandonnée, les Britanniques ne sont pas en liaison avec elle, une division est nécessaire pour boucher la brèche créée par les Britanniques [flanc droit de l'armée belge]".
Intervient alors VAN OVERSTRAETEN (conseiller militaire du roi mais qui n'est plus forcément écouté à ce moment. Un général capable pourtant qui a notamment prôné la mécanisation de l'armée dans les années '30 et mis en évidence les risques parachutistes). Il écrira
après-guerre avoir dit à KOELTZ : "
Nous entendons ne jouer de tour à personne. Nous sommes arrivés à l'extrême limite de la résistance. Notre front est en train de s'effriter, telle une corde qui se casse après usure complète."
L'entretien, extrêmement froid et dur selon KOELTZ, s'achève sur la demande du général MICHIELS d'obtenir la 1e DLM pour combler la brèche à la droite belge et une aide d'aviation ; ce que la mission française promet de demander à BLANCHARD.
Là-dessus KOELTZ se retire finalement sans demander à rencontrer le roi Léopold.
En 1951, KOELTZ déclarera à propos "
de la corde qui casse" avoir compris "...que l'armée belge allait battre en retraite vers l'ouest [vers l'Yser]". La mission française est alors en possession d'une note belge datée du 26 et annonçant que "
les limites de la résistance sont sur le point d'être atteintes."
Source : VANWELKENHUYZEN, "1940 Pleins feux sur un désastre", pp.334 et 361-63.
On est dans un enchaînement de non-dits source d'incompréhensions réciproques entre les protagonistes.
Selon BERNARD ("Panorama d'une défait" pp.132-33) que je citais hier, à l'état-major général belge, le 27 mai, la capitulation n'est pas à l'ordre du jour "...l'on peut tenir encore un certain temps." et l'annonce de la décision du roi est prise "comme un coup de massue". VAN OVERSTRAETEN est d'avis d'encore tenir un jour au moins au profit des Alliés. Le ministre DE MAN qui, seul, accompagne le roi, estime que l'on ne peut résister plus longtemps.
Quoi qu'il en soit et en revenant à VANWELKENHUYZEN (pp.370-71) sur la chronologie des événements du 27 mais au soir :
18h10, informé de la décision de capitulation, le général CHAMPON (chef de la mission française auprès du roi) téléphone à La-Ferté-sous-Jouard ;
18h45, WEYGAND informe REYNAUD ;
19h30, REYNAUD convoque le premier-ministre belge flanqué du ministre de la Défense, c'est ainsi que le premier-ministre PIERLOT apprend la décision de son roi...
La responsabilité du roi (conseillé par le ministre DE MAN) est énorme.
