Prosper Vandenbroucke a écrit:Finalement, après des reculs successifs en liaison avec les alliés franco-anglais auxquels elle ne pouvait que lier son sort, l’armée belge se trouva acculée sur la Lys après deux semaines de combats.
Ces reculs successifs sont dramatiques pour le moral et la cohésion de l'armée belge (le témoignage du cousin éloigné de RoCo en atteste tout comme la frustration de mon grand-père et d'autres).
Le premier : position de couverture canal/Albert Meuse > KW (Dyle) est prévu (quoi qu'il arrive très tôt, la position canal Albert étant percée dès le 11 mai) ;
Le second : de KW vers Lys/Escaut est dramatique pour le moral dès lors qu'il mène à l'abandon de la ligne principale de résistance sans guère combattre ; ajoutons-y la fatigue de ce nouveau bon en avant sans s'être remis du premier et ajoutons-y la pression de la
Luftwaffe semant pertes et désorganisation, c'est un repli stratégique qui prend un goût amer de retraite. Nos alliés sont à la même enseigne.
La suite est compliquée par la personnalité de Léopold III que j'ai évoquée plus haut. Je ne désire pas mettre en cause la formation militaire du roi. Elle est ce qu'elle est comme pour son père qui prit les bonnes décisions 26 ans plus tôt (on notera pour le côté people que la princesse héritière, commencera son cursus militaire à l'Ecole Royale Militaire en septembre prochain). Le roi à la formation militaire nécessaire et suffisante pour être conseillé par le chef de l'Etat-Major Général et il a son conseillé militaire (en l'occurrence MICHIELS et VAN OVERSTRAETEN qui ont les qualités de leurs fonctions).
Mais il n'empêche, Léopold III décide que l'armée se repliera sur un "réduit national" adossé à la côte et appuyé sur les ports (cordons ombilicaux avec les Alliés) d'Anvers et d'Ostende. Or ce "réduit national" tient plus de la vision de l'esprit que de la réalité stratégique dès lors qu'il ne s'appuie sur rien. L'exemple hollandais était patent. Jouant de la même stratégie, l'armée hollandaise capitulait après 5 jours. C'est selon moi le poids de l'héritage du Roi chevalier qui mène à un utopique "réduit national", comme en 1914/15. Encore fut-il placé derrière l'Yser, en relation avec les Britanniques et les Français (et comme ceux-ci le souhaitaient) que la poche de Dunkerque eut pu sans doute tenir plus longtemps...
Je ne pense pas que les compétences militaires du roi soient à mettre en cause mais plutôt son état d'esprit le portant à des "chimères romantiques" (j'ai apporté des éléments plus haut) plutôt qu'à l'analyse pragmatique d'une situation militaire difficile.
C'est l'impression que laisse la lecture d'Henri BERNARD… pas nécessairement des plus objectifs tant une certaine frustration du vétéran transpire dans ses écrits.
Quid des Alliés laissant l'armée belge à son sort et se repliant sur la Somme, bis repetita ?
Je vois 2 raisons qui s'y opposent :
1. c'est ce que GAMELIN voulait éviter ;
2. la vitesse à laquelle les Allemands s'enfoncent dans le dispositif français (7 jours de Sedan à Abbeville).
Les 2 facteurs ne se multiplieraient-ils pas pour empêcher cette retraite stratégique du corps de bataille français ?
Prosper Vandenbroucke a écrit:En ce qui concerne le "rien n'avait été prévu" je crois que le terme est peut-être mal choisi, car il ne faut quand même pas passer sous silence que le Corps de Cavalerie de Prioux est monté en Belgique plein d'allant. A mon avis c'est la manœuvre Breda et la percée de Sedan (traversée de la Meuse) qui ont engendrés une désorganisation quasi complète des Armées Alliées en Belgique. Il y à également le fait que des positions d'accueil n'avaient pas été parfaitement organisés par l'Armée Belge (je parle de la ligne K-W (Koningshooik-Wavre) Il y eut sans doute également le manque de communication entre Armée belge , Armée française et Armée britannique qui à joué un rôle important.
Dans le contexte de la Drôle de guerre les termes me semblent pourtant bien choisis Prosper
De novembre 1939 (naissance du concept Dyle ?) au 10 mai 1940, la collaboration fut-elle menée avec l'énergie nécessaire ?
Je suis contre la neutralité choisie par la Belgique en 1936. Je l'ai déjà écrit. Elle a ses raisons dictée par la candeur du moment qui ouvre une voie royale aux exigences hitlériennes de Bruxelles à La Haye, Paris et Londres.
En se soustrayant à une défense commune, la Belgique ne se donne pas la chance de voir entrer les Alliés sur son territoire dès septembre 1939, se placer en ordre de bataille sur le canal Albert et à travers l'Ardenne.
Mais c'est du
what if à cause d'HITLER a su jouer des intérêts particuliers et des tiraillements des Occidentaux pour les affronter "en ordre dispersé" un peu "comme si rien n'avait été prévu".