
La surprise du chef; c'est dans ces termes que François Delpla aborde un angle moins "terrain" ce mois de mai 1940. Après seulement quelques jours de combats, les Allemands sont vainqueurs partout. Hollande, Belgique et l'armée française sur le reculoir. Alors la rapidité de cette victoire qui se dessine en quelques jours surprend elle Hitler ou s'y attendait-il? Le chef est surpris où c'est la surprise du chef?
Je cite François Delpla :
"La rapidité de la victoire allemande surprend, y compris ses auteurs". Cette idée très courante aurait dû appeler depuis longtemps une question : à quoi donc s'attendaient les assaillants et d'abord leur chef ? L'absence de cette question est très symptomatique. Elle trahit la persistance, au moins dans un coin des têtes, de quelques vieilleries pas encore parties pour la déchetterie : la France passait pour avoir la meilleure armée du monde, certes elle avait un peu rouillé sur pied mais comment ne pas s'attendre à ce qu'elle résiste plus longtemps ? Quant au caporal Hitler, même pas passé par une école de sous-of, quelle notion pouvait-il bien avoir de la durée au bout de laquelle une offensive aboutit ?
Il est donc peut-être temps, en cet anniversaire de Sedan, de se la poser, cette question. À quoi donc s'attendait l'assaillant ou, pour jargonner comme un historien : quel était son horizon d'attente ? Celui de Hitler différait-il de celui de tel général, de tel autre ?