Forum Le Monde en Guerre

A la débâcle militaire s'ajoute un chaos social.
Un mascaret appelé EXODE.
C'est une monstrueuse migration qui jette sur les routes dans un désordre total, des foules essentiellement composées de femmes, d'enfants, de vieillards et des soldats en fuite.
Pour ajouter à leurs malheurs, l'aviation allemande prend les routes en enfilade et mitraille cette cohorte.
Une partie de la population belge et du Nord de la France, erre sur les routes semant la panique, entraînant avec elle d'autres populations dans sa lente et douloureuse migration vers le Sud.

Si je me souviens bien,il y a un endroit dans "Mein Kampf" où l'auteur exolique qu'il faut semer le plus grand désordre dans le pays que l'on attaquera,pour ma part,ce sont des reprises de la façon d'attaquer déjà bien préméditée en 1914,où,il y avait eu des leçon tirées de 1870...la meilleure façon c'est bien sûr d'épouvanter les civils qui fuiront les incendies provoqués dans les villes et aussi par les massacres sous prétexte de lutte contre les "francs-tireurs"......donc quelques massacres en Belgique et dans le Nord de la France à la moindre occasion et le tour est joué.....

Jacques A.COLIN a écrit:Pour justifier l'opinion selon laquelle c'est le souvenir des horreurs de 14-18 et la peur qui a lancé dans l'exode des centaines de milliers de Belges...et de ch'tis, j'ai feuilleté mon "histoire de la grande guerre" , cette histoire qui a hanté toute mon enfance...

Parmi ces horreurs qu'évoquent Jacques, en voici une, celle d'obliger une partie de la population de gens valides d'un village, d'accompagner, en 1918, l'armée allemande dans sa retraite à travers la Belgique. De les maltraiter et s'en servir d'esclaves jusqu'à la frontière de leur pays. Ce village se nomme Avesnes les Auber et ce témoignage m'a été conté par une personne qui a vécu ce drame, une personne un peu ma seconde mère et que j'aimais beaucoup. En 1940 avec son mari, elle demeurait à Lille. Ils n'ont pas hésité un instant à se joindre à la longue file de l'exode.

Mon père né en 1905 a vécu à Lille, à l'époque intra muros. Sous l'occupation prussienne en 14/18, tous mouraient de faim. Quand il dérobait dans un champ une betterave sucrière, il fallait la cacher pour repasser une des portes de la ville. Si la sentinelle prussienne s'en apercevait, il était rossé.
En Juin 40 en accord avec son patron qui lui a prêté un camion, notre famille à laquelle s'est jointe une autre famille, a également rejoint le long cortège de ceux qui craignaient le Prussien. J'avais 2 ans et demi.

Oui,,pour comprendre un peu mieux,il fallait avoir vécu ce calvaire des régions occupées par les troupes du Kaiser,c'est à dire les Prussiens.Population affamée,population battue au moindre regard de travers,,prise d'otages systématique dans la populalion ,ces derniers envoyés dans de vastes camps en Allemagne,la population laborieuse se faisant remarquer par son manque de bonne volonté (initialement :refuser de signer un papier reconnaissant que l'on était "volontaire" pour le travail exigé par les Allemands...)obligée de porter le brassard rouge avant l'envoi en Allemagne dans des camps de travail agricole (valable aussi pour les femmes)

Il est juste de rappeler qu'avant l'exode qui est un phénomène spontané dicté par les évènements, d'autres déplacements de population avaient été organisés en 1939 comme celui des Alsaciens.
L'administration avait imaginé des itinéraires de repli des populations avec des étapes organisées, les gens du Nord devaient se replier en Bretagne, les Belges en Normandie.
Tout cela à la vitesse de l'autre guerre, les panzers iront trop vite pour cette organisation d'une autre époque.

Il y eu celles prévues et organisées secrètement sur le papier avant 1939 et exécutées dans le désordre, dès la déclaration de guerre, notamment celle des lorrains.

Mais pourquoi cette errance ?
on aurait pu leur épargner l'étape de Chartres par exemple.
ordres, contre ordres, désordre