80° ANNIVERSAIRE - CHURCHILL AU 10 DOWNING STREET !

[Dog Red]

Le 4 juin 1940, CHURCHILL peut probablement souffler pour la première fois depuis bien des jours.
Dynamo est un succès !
300.000 hommes ont été arrachés de la poche de Dunkerque, pour 2/3 des Tommies.

Il monte à la tribune pour un de ses discours de guerre les plus électrisants.

[Dog Red]

Alors que le 13 août 1940 s'ouvre le combat mano a mano entre Royal Air Force et Luftwaffe et que l'on retient depuis sous le nom de "Bataille d'Angleterre", l'expression même vient de CHURCHILL (qui d'autres ) dans son discours du 18 juin 1940 (oblitéré dans notre mémoire collective francophone par l'appel de DE GAULLE).

Le discours dit de "Leur plus belle heure".

Quel personnage ! Ce speech du 4 juin 40 est un grand moment de l'Histoire. Ce n'est certes pas le seul mais il l'a prononcé dans des moments plus que sombres.
On entend pas une mouche voler pendant son allocution à la Chambre !

Sait on si c'est improvisé ou préparé ?

[Dog Red]

Sait on si c'est improvisé ou préparé ?

CHURCHILL était un redoutable jouteur oratoire.
Dans la préparation comme dans la répartie ou l'improvisation.

Mais en ce qui concerne ses discours, et à fortiori ce que l'on appelle ses discours de guerre, leur préparation était longue et méticuleuse.
Chaque mot était pesé, ciselé. Le travail avec sa ou ses secrétaires intense.
Il parait même qu'il pouvait s'entraîner face au mirroir.

Rien n'était laissé au hasard.

[Dog Red]

Début 1941, alors que la déroute italienne en Libye est presque complète, CHURCHILL "déshabille" la Western Desert Force du général WAVELL pour envoyer un corps expéditionnaire en Grèce.

CHURCHILL s'abstient de donner le coup de grâce en Libye pour une campagne vouée à l'échec en Grèce.
Ce faisant, il offrira bientôt à ROMMEL l'opportunité de fondre sur l'Egypte avec son Afrika Korps.

Grossière erreur stratégique du Prime Minister (n'en rappelle-t-elle pas une autre avec l'expédition norvégienne presqu'un an plus tôt ?) ou risque (bien) calculé ?

[Dog Red]

Février 1941...

Alors que les Allemands prennent pied en Afrique, Londres s'apprête de son côté à s'en retirer !?

Le 12 février, CHURCHILL félicite WAVELL pour la prise de Benghazi... ...mais écarte du même coup sa suggestion de s'emparer de Tripoli à portée de main.
A la place, WAVELL a ordre de regrouper ses forces sur le Nil dans le but de constituer rapidement un corps expéditionnaire en Grèce.

EDEN et DILL s'envolent pour le Caire d'où ils partiront, avec WAVELL, faire la tournée des Balkans : Athènes, Ankara et Belgrade.
Le dessein de CHURCHILL est de constituer une coalition balkanique Grèce/Yougoslavie/Turquie pour affaiblir HITLER.
Il y sacrifie toute stratégie africaine au profit des Balkans.
Se faisant, il crée un vide offrant de facto une position de force à l'Afrikakorps qui commence à débarquer.

Obsession churchillienne ?
Erreur de jugement qui laisse la tête de pont tripolitaine aux forces de l'Axe ?
Risque inconsidéré de perte de l'Egypte avec Alexandrie et Suez ?

Que passe-t-il par la tête de CHURCHILL au moment où ses armées auraient peut être pu chasser définitivement les Italiens d'Afrique ?

Risque très bien calculé !

Ne pas oublier sa situation de funambule.
Il exclut les appeasers petit à petit tout en les couvrant de fleurs, par exemple en les envoyant dans des ambassades délicates où ils seront bien obligés de commencer à soutenir sa politique : Hoare à Madrid, Halifax à Washington... Mais cela prend du temps, et il en reste beaucoup à Londres. Voilà pour le front intérieur.

Il a cueilli en Libye les lauriers dont il avait besoin. Il a moins besoin d'une victoire totale.

En revanche, laisser tomber sans esquisser un geste le seul pays d'Europe qui ait résisté victorieusement, la Grèce, serait désastreux pour le moral du monde, sans parler de celui de la région, où la Yougo et la Turquie ne sont pas encore vassales de l'Axe et pourraient prendre, si l'Angleterre apparaissait forte en paroles et lâche en actes, le même chemin que la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Même topo pour Staline, dont il n'est pas encore sûr que Hitler l'attaque.

Oser défier dans les Balkans l'armée victorieuse de la France, même si on devait être vaincu, éloigne tous ces périls.

Je viens de lire le chapitre d'Andrew Roberts sur la période, il donne beaucoup d'éléments pour corroborer ce qui précède.

[Dog Red]

C'est donc une leçon de politique que donne CHURCHILL.
Dans le sens où la guerre est au service de la politique.

Il se prive d'une victoire militaire à court terme pour une position de "meneur" dans la lutte contre HITLER à plus long terme ?

D'autant qu'Ultra l'informe de l'arrivée des Allemands en Tripolitaine dans une posture résolument défensive.
Sans risque pour l'Egypte à court terme.
Il ne peut évidemment prévoir que ROMMEL va se jeter sur la Cyrénaïque plus vite qu'escompté.