St Ex a écrit:1°) T'as vu jouer ça où?
St Ex
Bonjour,
J’ai fait un raccourci vertigineux de l’essentiel de la guerre de 70 purement pour comparer avec celle de 39-45, donc pour éviter le hors sujet. Mais puisqu’on me pose la question, je vais répondre et demande aux modérateurs de me pardonner ce hors sujet, merci d’avance.
1 – Les sources :
La Guerre de 70, François Roth, 1990, Artheme Fayard.
François Roth est un spécialiste de l’histoire de la Lorraine.
2 – Les fauteurs de guerre :
C’est l’Empire qui a déclaré la guerre a la Prusse le 19 juillet 1870. F. Roth s’est penche sur les archives ministérielles de l’Empire et en conclu que c’est une France arrogante, sure d’elle-même qui a engage le conflit. La crise diplomatique n’a dure que une dizaine de jours. Certes, on peut considérer que Napoléon III est tombe dans un piège habilement tendu par Bismarck, mais il aurait tout à fait pu l’éviter sans pour autant paraître reculer. Mais son entourage, prenant avantage sur son mauvais état de santé, a fait avancer le parti de la guerre et ce sans réelle opposition, y compris des républicains français. Des la déclaration de guerre, toutes les puissances européennes se déclarent neutre et Bismarck obtient le soutien militaire des états allemands du sud, Bavière, Bade, Hesse et Wurtemberg.
3 – Les armées :
La guerre de 1870 se déroule en 2 phases :
- La guerre Impériale, du 19 juillet au 2 septembre 1870
- La guerre de la République, du 5 septembre 1870 au 10 mai 1871 officiellement (Signature du traité de Francfort) mais en fait les combats cessent le 26 février avec la signature des préliminaires de paix entre Thiers et Bismarck a Versailles.
La guerre Impériale :
Il faut se souvenir qu’a l’époque, il n’existait pas de service militaire. L’armée est donc une armée de métier. Elle dispose d’effectifs suffisants, apparemment, et de quelques avantages dont surtout le nouveau fusil Chassepot, inégale en Allemagne. Mais l’armée de Molkte a 2 atouts maîtres : L’artillerie, avec les nouveaux canons a fûts rayes, et une discipline a toute épreuve.
C’est cette artillerie qui sonnera le glas des régiments de cavalerie cuirasses de la France. Alors que les charges furieuses de la cavalerie française ont souvent fait la différence sur les champs de bataille de Napoléon 1er, elles n’engendreront que des carnages sans résultats en 1870. Les artilleurs allemands se sont fait des cartons sanglants.
Apres le désastre de Sedan et la chute de l’Empire, cette armée de métier est soit détruite, soit prisonnière, soit enfermée dans des places fortes a partir desquelles elle ne fera pas la différence et ne gênera pas les mouvements de armées allemandes en France.
De nombreuses places fortes se rendront d’ailleurs assez rapidement : Toul le 23 septembre, Strasbourg le 28 septembre, Metz le 27 octobre, Verdun le 8 novembre, Thionville le 24 novembre, Phalsbourg et Montmedy le 14 décembre, Mezieres le 3 janvier 71, Longwy le 25 janvier.
La dernière place forte a se rendre fut Belfort le 16 février, dans la foulée du cessez le feu général.
Le cas de Paris est un peu diffèrent. Les Parisiens ne se sont pas rendus aux allemands mais a l’armée versaillaise de Thiers le 28 mai 71. Les allemands ne sont pas entre dans Paris sauf pour un cours défilé militaire le 1er mars, suivi d’un retrait.
La guerre de la République :
Lorsque la République est proclamée le 4 septembre 1870, la situation est désastreuse : Les troupes allemandes sont en force sur le territoire français, circulent presque comme bon leur semblent et Gambetta n’a à sa disposition que des miettes de l'armée impériale.
C’est donc la mobilisation générale que lancent, courageusement, les Républicains, avec la formation de compagnies de Garde Nationale Mobile et la constitution de corps-francs dans les zones occupées. Les mobiles sont enthousiastes, déterminés, c’est l’esprit de la levée en masse de 1792 qui règne.
Mais il manque du matériel, du temps pour assurer la formation et des cadres en suffisance.
L’armée de la Loire comporte quelques unités régulières mais pas suffisamment pour compenser les manques des mobiles courageux mais brouillons et inexpérimentés. L’armée de la Loire sera battue à plate couture entre Loigny et Patay les 2-4 décembre 70.
Dans le sud, l’armée Bourbaki, essentiellement formée de mobiles, ne connaîtra aussi que défaites et reculs successifs jusqu’à la retraite en Suisse le 1er février 71, retraite sans Bourbaki qui s’est suicidé le 26 janvier a Besançon, épuisé et effondré après tant de désastres.
Novembre 70 - février 71, la levée en masse aura permis de reculer l’échéance de 5 mois. La même levée en masse avait sauvé la Révolution en 1792. Les temps changent.
Nos chefs militaires, tirants des leçons de ces échecs (Une fois n’est pas coutume ! !) ont fait rétablir le service militaire obligatoire et, en 1914, cela ne se passera pas de la même façon. Les poilus de 14 sont certes les héritiers des mobiles de 1870, mais ils savaient se servir d’un fusil, se planquer à temps sous la mitraille et avaient des cadres compétents (Celle la, la source, c’est mon grand-père
)
4 – La modernisation de la France :
Oui, c’est pendant le second Empire que la France a engagé sa révolution industrielle. Menée de main de maître par les 200 familles bien protégées de la populace par l’Empire puis par Thiers, la Révolution industrielle a crée une classe de semi-forcats qui n’ont eu guère d’autre choix que de se tourner vers Karl Marx pour tenter de survivre un peu mieux. Beau bilan. Mes compliments.
Cordialement
Daniel