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suite fascia fonda Témoignage du Caporal Olmer Dayre

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
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suite fascia fonda Témoignage du Caporal Olmer Dayre

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de laurent nice  Nouveau message 30 Nov 2005, 14:18

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Témoignage du Caporal Olmer Dayre
Fac-similé du document écrit par M. Benoit Gaziello
le 26 octobre 1970.
(Original du document)
L'effectif était de 10 hommes, dans ce poste avancé de Faïcha Founda, appelé par l'Etat Major Côte 965.

Le Sergent MEGE, l'Alpin MARONI et deux autres Alpins étaient partis au ravitaillement à MONTI, car depuis le 14 Juin, rien n'avait été apporté à ces hommes, ils avaient épuisé leurs dernières réserves et cela ne pouvait plus durer; après concertation, ils avaient décidé que 6 hommes resteraient à leur poste et 4 autres au ravitaillement.

Depuis les premières attaques italiennes du 14 Juin, auxquelles durent faire face ces hommes, attaques très dures, combats meurtriers, temps épouvantable: pluie, grêle, brouillard visibilité nulle, on aurait dit que les forces de la nature se liguaient contre les hommes et leur folie.

Six hommes de l'Armée des Alpes, appartenant au 76émé B.A.F. (Bataillon Alpin de Forteresse) sont là, dans des abris plus que précaires, mettre des hommes à 200 mètres de la frontière dans de telles positions, absurdité ou inconscience, il faut voir l'endroit pour se faire une idée !

Le poste 965 comprenait un fusil mitrailleur avec:
le Caporal Chef FRUCHARD Robert, parisien, engagé volontaire, faisant fonction de chef de poste,
BOSIO Honoré, alpin, PHILIPEAU René, alpin, FEDUCCIO Ange, DAYRE Olmer enfant de l'Ardèche, c'est son témoignage que je relate.

Il était jardinier à la villa rouge, vallée du Sorgio à Menton, il m'a raconté la triste aventure, ainsi que le drame dont il fut malheureusement un des acteurs et le seul survivant.

L'Italie fasciste est en guerre depuis le 10 Juin 40. Le 14 Juin, l'attaque commence, elle lance dans la bataille plus de 600.00 hommes, qui du Pont Saint Louis à Menton, jusqu'à la frontière suisse, ne sont tenus que par 6 divisions alpines que commande le Général OLRY.

Luttant à 1 contre 6, nos braves alpins font face avec courage et bravoire à de très durs et violents combats féroces, acharnés, des hommes tombent.

Le poste Côte 965 est un piton rocheux à l'Ouest de Faïcha Founda qu'il domine, il a la lourde tâche d'arrêter les infiltrations ennemies des deux cols frontaliers qui se trouvent à l'Est. Le pas de la Vieille et le col de Strafourche, situé au sud du Grand Mondo dans le massif de Rocci-Compassi 1.260m.

Depuis l'aube du 14 Juin, les attaques se succèdent sans relâche, l'ennemi veut à tout prix enfoncer ce front qui le tient en échec et le ridiculise.

Les divisions italiennes Modéna et Cosséria que commande le général Gambarra, multiplient les assauts dans le secteur Menton-Castellar-Sospel.

Elles devraient être à Nice depuis le 16 Juin d'après les stratèges italiens et elles sont toujours au même point; elles piétinent ne pouvant avancer, car nos braves alpins tiennent bon, malgré le surnombre, malgré une météorologie épouvantable.

Depuis l'aube de ce samedi 22 Juin, la bataille faisait rage partout, tous les postes de la ligne Maginot donnaient de la voix; Cap Martin, Mont Agel, Castillon, Sainte Agnès, Barbonnais et tous ceux au Nord de Sospel faisaient feu de toutes pièces; le bruit assourdissant de la canonnade et des explosions devenait infernal.

Honoré BOSIA avec lequel je partageais l'abri, lançait de temps à autre une grenade F1 dans le creux de Faïcha Founda, nous ne voyons pas à 10 mètres... quand tout à coup sur notre droite, le F.M. entre en action; des cris s'élèvent deux chemises noires sont à 10 mètres de nous, je tire: un est tué, l'autre blessé, mais alors de toutes parts surgissent d'autres chemises noires; submergés par le nombre, nous levons les bras en signe de reddition... ils nous désarment et nous conduisent avec nos camarades, eux aussi désarmés, nous alignent côte à côte et un groupe de chemises noires nous tirent dessus, je me jette à terre et par un signe instinctif me protège le tête des deux bras, alors un officier nous donne le coup de grâce, une balle dans la tête; cette balle me fracassera le bras droit, alors qu'elle était destinée au crâne.

Je ne bouge pas, je fais le mort, leur forfait accompli, les assassins se retirent, emportant les armes et les casques français.
Combien de temps suis-je resté là prostré, dans la même position, n'osant bouger de peur que des fascistes soient encore présents et ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai le courage de me relever, je vois mes camarades morts à côté de moi et n'ai qu'une idée; pouvoir rejoindre le fortin de la Péna...
Le bras me fait horriblement souffrir, malgré cela j'entreprends la descente vers la Pra par la cheminée de Scaretta.
Il m'aura fallu plus de deux heures pour faire le chemin Faïcha Founda - la Péna alors qu'il ne me fallait pas plus de 30 minutes en temps normal!

Arrivé en vue de la Péna, les sentinelles m'ont reconnu, elles avertissent le chef de poste l'Adjudant Chef OLIVIER et viennent me chercher, me conduisent au poste du médecin CITTERIO dans le civil docteur à Nice, qui me soigne et m'évacue au poste de secours de Monti; j'avais perdu beaucoup de sang j'étais très faible. Quatre hommes dont un vieux copain CARDON, marseillais qui est resté deux ans à la Péna.

Allongé sur un brancard, ils me conduisent au P.S. mais le P.S. était désert, il s'était replié sur Castillon et les 4 hommes me ramènent à la Péna; je ne serai évacué qu'à la cessation des hostilités, le 25 Juin à 0h30, le XVè Corps reçoit l'ordre de cesser le feu.

L'Armée des Alpes avait tenu, je cite ici les paroles du général OLRY dans la citation à l'ordre de l'armée du XVè Corps: "Il a évité au Comté de Nice une occupation injurieuse. Le pays doit lui en être reconnaissant".

Par OLMER, les hommes du fortin de la Péna connaissent le drame du Poste 965 de Faïcha Founda, une patrouille de volontaires va, le 25 Juin, chercher les morts au poste de Faïcha Founda qui sont descendus au quartier Le Pra, où une autre équipe avait creusé les fosses où ils seront inhumés; sur chaque sépulture, ces hommes ajoutent une croix de bois et ajoutent une bouteille dans laquelle y est inscrit l'identité de chacun, celle-ci est plantée, le goulot vers le bas, à chaque alpin tué.

Leur pénible et douloureuse besogne terminée, ces hommes aux visages graves se rangent en formation, rendent les honneurs à leurs malheureux camarades.

Ce dernier et sublime hommage rendu dans un milieu et un contexte de faits exceptionnels, ces valereux combattants, qui après avoir amplement rempli leurs devoirs, eux qui avaient gardé intact l'intégrité du territoire national, étaient, ce jour même, obligés de quitter leurs positions, telles étaient les clauses de l'Armistice.

Aussi, ce dernier et sublime hommage prenait ici, une signification encore plus profonde.

Honneur à ces héros qui par leur sacrifice suprème, ont mérité amplement notre souvenir et notre reconnaissance

Fait à Castellar, le 26 Octobre 1970
Benoit GAZIELLO


 

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