Quelques extraits ou résumé pour illustrer ce que deviennent les deux bataillons qui sont passés aux FFI, l'un à Vesoul, l'autre au camp du Valdahon. (Dans chaque cas, environ 500 hommes, quelques antichars, des mortiers et mitrailleuses.)
Vesoul, c'est la Haute-Saône, et pas franchement une voie de retraite pour les Allemands qui ne vont pas tarder à refluer du sud. (la bonne route pour les Allemands c'est c'est Gray-Champlitte-Langres, puis Vittel ou Chaumont) Le bataillon ukrainien se voit opposer des Cosaques, qu'ils mettent en fuite, et intercepte quelques rares Allemands en déroute. Côté statut, ils sont considérés par les FFI locaux comme intégrés aux FFI. Le plus étonnant est l'atterrissage sur un terrain clandestin d'officiers américains chargés d'établir la liaison avec eux, dont l'un parle ukrainien !
(Lorsque arrive la 7 armée US, elle décide de les désarmer pour les renvoyer en URSS - ce sont les instructions, suite à l'accord déjà conclu avec Staline - mais ces officiers protestent, et surtout le capitaine commandant les FFI de Haute-Saône fait savoir qu'ils font partie de ses troupes. Au final, ils seront intégrés à la Légion Etrangère.)
Le cas du bataillon du camp du Valdahon est bien différent : il est bien placé sur une voie de retraite passant par le Haut-Doubs (direction Montbéliard-Belfort) et va se rendre très utile, en revanche il sera mal traité par les autorités françaises, qui le transfèrent à Marseille pour "retour au pays." (Mais finalement une partie sera elle aussi autorisée à rejoindre la Légion.)
Contrairement au BUK de la Haute-Saône, le commandement est assuré par un officier français, Victor Petit.
Après quelques combats de moindre importance, la compagnie du lieutenant Fedoriv et un bataillon des F.F.I. du 3e régiment de chasseurs alpins libèrent la ville de Pontarlier le 5 septembre. Le même jour, deux compagnies ukrainiennes attaquent les éléments d'une division blindée allemande à Chaux-lès-Passavant. Les pertes du bataillon au cours des opérations dans le maquis: 7 tués et 5 grièvement blessés. L'un des blessés, D. Klym, recevra la Légion d'honneur en 1963.
Dès le 7 septembre, le bataillon est mis à la disposition du 4e régiment des tirailleurs tunisiens de la 3e D.I.A. de la Ie Armée. Il aide à s'emparer de la localité de Dambelin.
Le 11 septembre, les Ukrainiens ont mené un combat dans le Grand-Bois et le 13 septembre, sur la chaussée au nord de Pont-de-Roide. Les pertes du bataillon dans les rangs de la Ie Armée: 5 tués, 12 blessés. Total des pertes: 12 tués et 17 blessés.
Peu après l'enterrement des sept Ukrainiens à Versel [en réalité Vercel, à côté du camp du Valdahon] deux officiers soviétiques de la commission de rapatriement rendent visite au bataillon. Fin septembre, le bataillon ukrainien reçoit l'ordre de déposer les armes (la plupart des officiers ont cependant gardé leurs armes personnelles). Les hommes, accompagnés des officiers français Guillermet et Robin, sont transportés par train à Marseille où ils doivent embarquer pour Odessa.
Le 5 octobre 1944, les autorités françaises laissent enfin aux hommes le choix soit de rester en France, soit de rentrer en URSS. 116 hommes choisissent de se faire rapatrier.
Le 10 octobre, 230 Ukrainiens refusent d'être rapatriés. Beaucoup d'entre eux trouvent refuge à la Légion étrangère. D'autres vont s'expatrier. L'officier français A. Guillermet note à propos de ce bataillon: "... ces Ukrainiens, de ce bataillon déserteur de la Wehrmacht, étaient des soldats civilisés, disciplinés et patriotes... Une grande foi les animait, celle de leur Patrie ukrainienne, et pour servir cette foi, ils étaient prêts à tout..."