Le 12 septembre 1942le sauvetage des naufragés du Laconia par l'U156

[NIALA]

le sauvetage des naufragés du Laconia par l'U156 pose une question de principe qui sera évoquée au procès de Nuremberg.


Cette affaire pose la question humanitaire de principe, que faire des naufragés après un torpillage, la morale et le Droit veut que l'on tente par tous les moyens de sauver le maximum de personnes; mais est ce toujours possible, surtout pour un sous marin; l'affaire de Laconia et les ordres de Donitz qui ont suivi ont été discutés jusqu'au procès de Nuremberg.
La notion meme de crime de guerre peut être évoquée à cette occasion. 
L' article de Wiki assez complet sur le sujet est intéressant puisqu'il permet de se poser les bonnes questions.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Laconia

Cet extrait et notamment la lettre de l'amiral de la flotte Chester Nimitz témoignant que les Etats Unis aussi avaient mené une guerre sous marine à outrance, innocentant ainsi Donitz du crime de guerre est à mettre au crédit de l' amiral américain, évitant ainsi au procès de Nuremberg de passer pour le procès des vaincus par les vainqueurs.    

"Lors des procès de Nuremberg tenus par les Alliés en 1946, Dönitz a été inculpé de crimes de guerre. L’émission de l’ordonnance du Laconia était la pièce maîtresse de l’accusation, mais les débats ne se sont pas déroulés comme prévus. Cette accusation a permis à la défense de raconter longuement les nombreux cas dans lesquels les sous-mariniers allemands ont agi avec humanité alors que, dans des situations similaires, les Alliés se sont comportés sans pitié. Dönitz a souligné que l’ordre lui-même était le résultat direct de cette insensibilité et de l’attaque contre une opération de sauvetage par des avions américains.
Les Américains ont également pratiqué la guerre sous-marine à outrance, se fondant sur l’équivalent de l’Ordre Laconia, en vigueur dès leur entrée en guerre. L’amiral de la flotte Chester Nimitz, commandant en chef de la flotte américaine du Pacifique en temps de guerre, a fourni un témoignage écrit sans repentir en faveur de Dönitz lors de son procès selon lequel la marine américaine avait mené une guerre sous-marine à outrance dans le Pacifique depuis le tout premier jour où les États-Unis y sont entrés en guerre. Ce témoignage a conduit le tribunal de Nuremberg à ne condamner Dönitz à aucune peine pour cette infraction à la loi, même s’il a été reconnu coupable pour ce chef d’accusation."

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U156 avec le pont encombré par les naufragés du Laconia, interdisant au sous marin toute possibilité de plonger en cas d'attaque.

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L'U507 venu aider l'U156 pour se répartir les naufragés, les commandants des sous marins sont soumis à un choix cornélien recueillir les naufragés au risque d'etre eux memes détruits.

Alain

avec le nombre de marins sur le sous-marin les pilotes auraient ils tirer dessus ?

[alfa1965]

Les naufragés ont été aussi des victimes collatérales alors que de grands drapeaux de la Croix Rouge avaient été déplié et que les Alliés avaient connaissance du naufrage du Laconia.

[alfa1965]

Le U-156 appartient à la 2. Unterseebootsflotille basée à Lorient. C'est un sous-marin de type IX.C commandé par le Käpitanleutnant Werner Hartenstein. Il fait partie de la meute (Wolfpack) Eisbär 1 qui doit rejoindre le sud Atlantique et l'océan Indien. C'est la 4e mission du sous-marin. Il quitte Lorient le 20 août 1942.


La RMS Laconia est un transatlantique appartenant à la compagnie Cunard. Quand la guerre éclate, le navire est réquisitionné et armé. Elle doit transporter 1793 prisonniers de guerre italiens capturés lors de la première bataille d'El Alamein. Il y a 463 hommes d'équipage, officiers et matelots, 286 soldats britanniques et 103 soldats polonais qui servent comme gardes-chiourmes.

A 22hOO, la Laconia est répérée au large de l'ile de l'Ascension et coulée par l'U-156 . Les prisonniers italiens sont enfermés en cale mais certains parviennent à  s'échapper. Les Polonais les repoussent à la baïonnette et les abattent pour éviter de les faire monter à bord des canots de sauvetage. Les survivants se jettent à l'eau et tentent de s'agripper aux canots de sauvetage. Pour les empêcher de monter, on leur coupe les poignets ce qui a pour conséquence d'attirer les requins. De nombreux Italiens périssent tués par les squales.

L'U-156 remonte à la surface pour porter assistance aux naufragés, ignorant la présence de prisonniers de guerre italiens. Il en informe l'amiral Dönitz, Befhehlshaber der U-Boot (BuB).  Dönitz demande à la Wolfpack Eisbär 1 d'aller aider l'U-156 à récupérer les naufragés. Informé, Hitler refuse catégoriquement et ordonne de continuer la mission prévue. Deux sous-marins allemands partent à la rescousse, l'U-506 et l'U-507 ainsi que l'italien Commandante Cappellini. Informé, Vichy envoie de Dakar le croiseur Gloire, le sloop Annanmite et le Dumont-d'Urville de Cotonou.

Sur le pont de l'U-156 il y a plus de 200 rescapés et 200 autre dans quatre canots de sauvetage. Hartenstein envoie un message en clair en anglais pour avertir du naufrage et s'engage à ne pas engager une action de guerre. Les Anglais refusent de croirent au message et croient qu'il s'agit d'un piège.
Le 15 septembre, les sous-marins allemands et l'italien rejoignent l'U-156. Les quatre sous-marins  se dirigent vers les côtes africaines pour débarquer les naufragés, navigant en surface.
Le 16 septembre, malgré le drapeau de la Croix-Rouge déployé sur le pont, un B-24 Liberator américain bombarde le sous-marin avec des charges de profondeur. Un canot de sauvetage est touché, le Liberator revient quatre fois à la charge. Hartenstein est contraint de couper les amarres avec les canots et laisse le temps aux naufragés sur le pont de sauter à la mer. Le sous-marin entre en immersion.
L'équipage du Liberator sera médaillé pour avoir coulé l'U-156 (erronément).
Les autres sous-marins sont avertis de l'attaque américaine et doivent donc plonger car les Américains sont à leur recherche. Les naufragés sont cependant pris à bord des submersibles malgré une nouvelle attaque. Ils sont déchargés à bord des navires français partis à leur rencontre.
Ont été sauvés 1113 passagers dont 48 femmes et enfants :
-597 Britanniques
-373 Italiens
- 70 Polonais
1440 prisonniers de guerre italiens ont trouvé la mort.

Le capitaine Robert Richardson III qui a ordonné de bombarder une opération de sauvetage n'a jamais été inquiété ni envoyé devant une cour martiale.

En conséquence, l'amiral Dönitz après cet incident a émis le Laconia-Befehl, l'ordre Laconia, interdisant de porter assistance aux naufragés après un torpillage.
Lors du procès de Nuremberg, le procureur américain a accusé Dönitz de crimes de guerre pour avoir donné cet ordre. L'amiral Chester Nimitz interviendra pour indiquer que les Américains ne portaient pas assistance aux navires japonais depuis le début de la guerre.
Richardson a continué sa carrière au sein de l'OTAN.
Hartenstein et l'équipage de l'U-156 trouvent la mort au large de la Barbade lors de la 5e mission, le 8 mars 1943.

A noter la réaction de Hitler, inflexible et cruelle, qui est à l'inverse de celle des gens de mer, qui ont encore, à ce stade de la guerre, des réflexes d'aide aux naufragés. Et cela alors que des navires "neutres" - ceux de Vichy - sont en route vers le lieu du naufrage, ce qui va libérer rapidement les sous-marins...

(Churchill, à propos du gouverneur de Madagascar, avec lequel il essaie de parlementer pour une reddition qui évite des combats inutiles : "Il est méchant, ce gouverneur !" De Gaulle : "Quand vous discutez avec Vichy, vous discutez avec Hitler. Hitler EST méchant.")

Le Laconia porte l'indicatif RMS Laconia, tout comme il y a eu un RMS Titanic : Royal Mail Ship, bateau transport de courrier. Le fait d'effectuer cette mission "de service public" demandée par l'état a permis au gouvernement anglais, quelques années avant la Grande Guerre, de subventionner la construction de nouveaux "liners" (les paquebot de la ligne de l'Atlantique Nord) face à une concurrence allemande très envahissante.

Bonjour,
Nimitz a tout dit : un sous-marin ne doit pas aller au secours des marins ou passagers du navire qu'il vient de couler. Dès les premiers sous-marins, le sauvetage d'un navire torpillé posait le risque d'être à son tour torpillé.
La guerre fait cesser l'entre-aide des gens de mer sauf dans de rares cas comme celui-ci.
Les états européens ont largement subventionné leurs paquebots de ligne en les utilisant pour le courrier : en France la Cie des Messageries Maritimes et ses Services Contractuels. La poste aérienne précipitera la fin des paquebots plus que le manque de passagers.

Personne ne peut ignorer les ordres de l'Amirauté Britannique:Le danger sous marin prime sur le sauvetage des naufragés...Re lisez ou revoyez "La mer cruelle" de Monserrat/Un groupe de naufragés surnage juste au dessus de l'endroit détecté par l'asdic...les grenades s'abattent au milieu d'eux ...quelques secondes plus tard,leurs corps éclatés sont étalés sur la surface......."Mission remplie !!!"

Bonjour,
Nimitz a tout dit : un sous-marin ne doit pas aller au secours des marins ou passagers du navire qu'il vient de couler. Dès les premiers sous-marins, le sauvetage d'un navire torpillé posait le risque d'être à son tour torpillé.
La guerre fait cesser l'entre-aide des gens de mer sauf dans de rares cas comme celui-ci.

Cà ne se limite pas aux seuls sous-marins, car çà concerne aussi les bâtiments de surface, comme vient de le préciser Alfred en citant un extrait de "La Mer Cruelle" de Monserrat.

Du temps de la voile, on ne portait secours aux naufragés, y compris ceux de son camp, qu'une fois le combat achevé. Le Pacha du bâtiment qui aurait contrevenu à cet ordre était bon pour passer en Conseil de Guerre, sous l'inculpation de désobéissance manifeste aux ordres, en situation de combat, avec un verdict particulièrement sévère, qui, selon le contexte, pouvait aller jusqu'à la peine capitale.
Au combat, les embarcations du bord (canots, yole) étaient souvent pris en remorque, mais c'était, essentiellement, pour limiter les sources d'éclats de bois meurtriers durant le combat. De toute manière, il n'y avait pas assez d'embarcations pour tout le monde; ceux qui parvenaient à se jeter à l'eau et qui ne coulaient pas à pic, se débrouillaient pour s'accrocher à une épave, où les places étaient très chères!... et attendaient un éventuel secours, en essayant de surnager le plus longtemps possible.