Patrick.Fleuridas a écrit:Bonjour,
Effectivement, quatre divisions allemandes de la 12ème armée, comandées par Wenck, réussissent le 26 avril 1945 à progresser d’une vingtaine de kilomètres en direction de Berlin. Puis tout va s'arrêter. Mais Steiner avait reçu l'ordre d'attaquer par le Nord les troupes soviétiques pour casser l'encerclement avec semble-t-il 4 divisions de faible valeur tactique. Alors lequel des deux ?
Loïc, on te demande au parloir du forum
Patrick
J'avoue très humblement que les derniers jours du
III.Reich constituent, à mes yeux, une véritable pétaudière!
Alors que les Russes avaient déclenché, le 16 avril, leur ultime offensive finale en direction de Berlin - pour Staline, c'était l'objectif final incontournable! - , avec pas moins de 1,9 millions d'hommes, plus de 6000 blindés et près de 45 000 pièces d'artillerie, au quartier-général militaire de Berlin, çà avait viré à l'eau de boudin!
Le 20 avril, journée anniversaire du Führer, et 21, les états-majors opérationnels de l'OKH et OKW avaient été évacués, vers le sud, par la route, faute d'appareils de la Luftwaffe et de pistes disponibles, alors que les Russes, dans la foulée de leur progression, s'apprêtaient à couper les voies de communication terrestre! Göring en avait profité pour aller se réfugier à Bertechsgaden, tandis que l'autre fou furieux, AH - à l'époque, il n'avait plus rien de raisonnable -, jurait de mourir dans sa capitale réduite en ruine, en espérant, voire ordonnant, que le peuple allemand suivrait son exemple!
A dater de ce jour, à peu de chose près, son état-major -Jodl, Keitel - était restés à ses côtés, de même que Goebbels et sa famille, auxquels on ne peut guère reprocher leur fidélité jusqu'au-boutiste. Sinon , Martin Bormann était, lui-aussi, resté dans le bunker de la Chancellerie, mais pour des raisons moins avouables, car il cherchait ainsi et avant tout à assurer son devenir de successeur "légitime" de Dodolf. Celà dit, c'était mal barré, car Dodolf avait, alors, déjà, établi son testament, par lequel il confiait le sort du "Grand Reich" à Dönitz et lui avait, déjà, donné, dans un premier temps, dès le 20 avril, toute autorité sur le "secteur nord", à l'ouest, en zone alliée.
Bref, le 21 avril, le centre de commandement et de communication de la
Heer, à Zossen, était tombé aux mains des russes et il ne restait plus que les lignes téléphoniques publiques pour tenter de communiquer à l'extérieur de Berlin, plus une ligne TSF, en ondes courtes, hissée en catastrophe à l'aide d'un ballon, mais qui finira par se faire dézinguer durant le siège!
C'était, dès lors, parti dans tous les sens dans le bunker des jardins de la Chancellerie. Ses "habitants" vivaient dans le "confort" de leurs idées et décisions, mais les rares communications avec les états-majors du terrain s'étaient très vite résumées à des incursions automobiles hasardeuse ou périlleuses, voire, quelques jours plus tard, à des communications par projecteurs entre la capitale et les premières lignes de défense!
Ce n'était pas grave, les ordres de regroupement, de concentration et contre-attaques se succédaient "
ad libitum". Les rares réponses des chefs de corps et d'armées, qui n'avaient pas, déjà, été écrabouillées, osant, par exemple, signaler qu'ils étaient encerclés et dans l' incapacité d'effectuer le moindre mouvement, entrainaient leurs destitution immédiate, décision, clémente, alors que le mot d'ordre d’exécution des "traitres" supposés était devenu un exercice quotidien! J'ai un exemple sous la main...dans l’après-midi du 23 avril, Hitler avait confié au
General der Artillerie Helmut Weidling, patron du
LVI. Panzerkorps, le commandement de la défense de Berlin, alors même que, la veille au soir, il exigeait sa tête!
.
Heinrici, alors à la tête de la
Heeresgruppe Weichsel, isolé et coincé dans le sillage et l'encerclement de la
9. Armee, ne pouvait guère être considéré comme un incompétent ou un lâche, mais, lui-aussi, en dépit de toute son expérience et de son obéissance indéfectible, s'était retrouvé menacé de haute trahison, en ayant eu le malheur d'indiquer que lui et ses forces étaient dans l'incapacité totale d'exécuter les ordres, sauf tenter d'essayer de se casser vers l'Ouest!
Dans le même temps, les "paumés" du bunker, alors même que déjà çà ferraillait sévère dans les proches faubourgs de Berlin et que l'artillerie russe arrosait consciencieusement le centre de la capitale, avaient placé tous leurs espoirs ou s'étaient illusionnés par le biais d'une supposée intervention de la
12. Armee, dont, dans les faits, les unités de pointe parviendront au mieux à +/- 30-40 bornes à l'ouest de Berlin, ce qui avait, néanmoins, permis à certaines unités "stationnées" au sud-est de Berlin, de rejoindre son giron.
Alors que, à l'est de Berlin, Heinrici, lui-même, constatait de visu que les troupes allemandes "
rentraient d'elles-mêmes à la maison" en colonnes (sic), signe patent d'un renoncement général, dont l'importance était telle que les efforts de leurs états-majors et de la
Feldgendarmerie divisionnaire étaient incapables de maitriser! ... Au sein de la
12. Armee, le moral général était réputé comme bon, sauf que ladite armée ne disposait pas des forces nécessaires pour parvenir à percer sur Berlin, ni dégager sa garnison. Son ultime pointe d'avancée vers Berlin avait été son ultime exploit, avant de devoir se replier sur l'Elbe et effectuer sa reddition aux Américains.
Un, l'étendue géographique de Berlin et ses quartiers et les quelques travaux entrepris dans l'urgence des dernières semaines, en ayant réquisitionné 70 000 civils pour manier la pelle et la pioche étaient totalement suffisants pour tenter de défendre une supposée "forteresse berlinoise". Deux, il restait au mieux 70 000 troupes régulières, dont celles du
LVI. Panzerkorps de Weidling, qui étaient parvenues à rallier la capitale entre le 22 et 23 avril, et un salmigondis de 90 000 hommes issus d'unités hétéroclites (personnels de la Flak-Luftwaffe, Volksturm, etc.) ou de replis d'unités débandées (exemple, la poignée d'ultimes combattants de la "
SS- Grenadier-Division Charlemagne, très sévèrement étrillée, lors de son premier engagement ou presque, sur le Front de l'Est, début 1945!).
Pour éviter de "casser définitivement" le moral des états-majors & troupes, l'annonce du suicide du
Führer, dans la journée du 30 avril, n'avait pas été divulgué avant, à la louche, 24 à 36 heures, selon les unités et les moyens de communication. A cette date, si on tient compte du délai d'annonce, dans Berlin et ailleurs, sur le Front Est, çà déposait, déjà, les armes de toute part!
Sinon, pour revenir à la question originale, savoir si Wenck ou Steiner avaient pu répondre l'un ou l'autre, à un moment, au "nom de code"
Friedrich... Mystère et boule de gomme. J'aurais plutôt tendance à privilégier l'option
12. Armee ou
Armee Wenck, mais ce n'est qu'une opinion toute personnelle.
Pour des raisons assez mystérieuses, l'action d'une
12. Armee, sensée faire jonction avec la défense de Berlin, puis se "coordonner" avec les forces du Front Est, afin de repousser l'Armée Rouge, faisait bizarrement partie des "espoirs" et intentions d'un état-major, qui, en l'occurrence, se résumait à Jodl et Keitel, se berçant, tous deux, d'illusions afin de satisfaire, en bons coutisans, aux intentions dodolfiennes d'avant le 30 avril!... Slurp!
A dater du 16 avril 1945 et, même, bien avant, l'état-major allemand, bien souvent par "nécessaire" complaisance hiérarchique envers AH, avait "abreuvé" ce dernier de situations militaires erronées. A la veille du déclenchement de l'offensive finale russe sur Berlin, ils affirmaient, quasi-péremptoirement, que l'Armée Rouge, au pire, se dirigerait, au nord, vers les rives de la Baltique et, au sud, vers Prague!
A dater de mars 1945, à l'Ouest, les ordres de l
'OKW étaient restés, plus ou moins, militairement raisonnables, alors que, à l'Est, dès lors , il devenait très compliqué de tenter de trouver, dans certains ordres, une réelle logique militaire. Il y avait, alors, au plus haut niveau de l'autorité, un réel refus, quel qu’en était le prix, de voir progresser les Rouges vers l'Ouest. Attitude, historiquement vieille "
comme mes robes", mais qui était évidente.
Je dispose, certes, des registres de l'
OKW 41-1945 - ben, voui, les campagnes de Pologne et d'Europe Occidentale avaient, dès lors, été glissées sous le tapis, à dater de juin 1941, sauf dans le cas, par exemple, d'analyses de pertes comparatives, effectuées à postériori! - , mais l'exploitation des résumés quotidiens, au printemps 1945, formalisés par l'OKW, ne fait que restituer cette ambiance totalement erronée, qui pouvait régner dans le bunker!
Je ne voudrais trop m'avancer, mais, d'après les documents officiels dont je dispose, on avait pris soin, après l'offensive russe de l'hiver 1945, de présenter au
Führer, jusqu'à son dernier jour, des états d'organisation (
Schematiche Kriegsgliederungen) certes, tirés au cordeau, mais qui ne révélaient en rien l'état réel des unités déclinées!