Colchique d'automne

«Herbstzeitlose» (Colchique d'automne)

Le 19 août 1944 le général Sachs, commandant le LXIVe Corps d'Armée lance un ordre d’évacuation qu'il nomme Herbstzeilose.
Le Débarquement en Provence a eu lieu le 15 août 1944. Sous peine d'être pris en étau, il est urgent d'évacuer le Sud et centre ouest de la France afin d'atteindre Autun et Dijon avant que les Alliés effectuent leur jonction. Des troupes d'élite et la Kriegsmarine demeurent sur place afin de pas abandonner les poches de Royan, La Rochelle et Saint-Nazaire.
La jonction des alliés aura lieu le 12 septembre vers 13 heures dans la région de Nod sur Seine – Champeaux – Aisey sur Seine, entre des éléments de la 2ème DB et les Fusiliers marins du 1er RFM de la 1ère DFL .

Trois colonnes seront constituées:

1: Le groupement de tête commandé par le général von der kammer, effectif, 41000 hommes dont 25000 combattants. Il comprend 2 divisions, de la Kriegsmarine, du personnel féminin, la Luftwaffe, personnel du service de santé et des hôpitaux. Il aura le temps de passer avant que l’Armée De Lattre et la Division Leclerc ne fassent leur jonction et malgré le harcèlement constant des maquis et le pilonnage des chasseurs bombardiers américains et britanniques.

2: le groupement Centre Ouest «Wurmser» composé de groupes de combat du général Nake et du général Taglishbeck, compte lui, 27000 hommes dont 6000 indiens (Les Tigres bondissants) ainsi que des éléments de l'armée Vlassov.
Les indiens issus de l'armée anglaise ont été capturés en Libye par les forces de l'axe. Ils ont été intégrés à une brigade et incorporée aux SS, créée en 1942 par le nationaliste hindou Chandra Bose. Ils se livreront tout au long de leur parcours à des violence et crimes à l'encontre des civils.

3: Le groupement temporaire à pieds Sud, 20000 hommes, sous les ordres du général Botho Elster, chef de la Kommandatur 541 de Mont de Marsan. Cette colonne a été la dernière à se mettre en route.

Elle est constituée d'un RI de la 159ème DI, stationné à Arcachon, un bataillon de sécurité 691, d'éléments de l'école de la Flak de la marine, de douaniers, de Feldgendarmes, de personnels hospitaliers, de petites unités auxiliaires. La colonne Elster fait office de colonne balai, elle recueille lors de son passage les traînards, les égarés. Chaque groupe dispose de bataillons d'artillerie anti-aérienne.

Le 3 août elle traverse Angoulême, le 3 septembre Poitiers.
La colonne se traîne le plus souvent à pieds sur des routes peu sures, souvent harcelée par les maquis locaux et mobiles qui tendent des embuscades à la moindre occasion, ralentissant encore plus son allure déjà faible, épuisante pour les hommes. Sur son passage, tous les moyens pouvant améliorer son déplacement sont volés, chevaux, voitures hippomobiles, véhicules, vélos. Les boutiques sont pillées.

Le 3 septembre, Lyon est libéré, l'Armée De Lattre ainsi que la 7ème Armée américaine ne s'attardent pas, ils foncent à vive allure vers le nord. Ceux venus d'Overlord occupent déjà le terrain jusqu'à Orléans, l'étau doucement se referme.

Pour la colonne Elster, le temps presse, il faut atteindre Belfort, mais les hommes sont éreintés, la colonne avance au rythme, à l'allure des éclopés qui composent la majorité des effectifs. Dans quelques jours les vivres commenceront à manquer. S'ajoute au ralentissement de la colonne, le harcèlement de l'aviation alliée contre laquelle ne s'oppose aucune autre force aérienne.

Pierre Monneron, sous-préfet d'Issoudun sera le premier à tenter une négociation pour la capitulation de la colonne Elster, à la faveur d'un contact avec des officiers allemands démoralisés, dont les troupes prenaient du repos.
Le général Elster découragé, accepte de déposer les armes mais il est hors de question de se rendre aux maquis, il ne veut entamer des pourparlers qu'avec des forces régulières. Ceux-ci s'effectuent d'abord avec des officiers français en uniforme. Les Américains sont alors prévenus. C'est dans le bureau du sous-préfet d'Issoudun, que s'effectueront les ultimes négociations entre le Gal US Macon de la 83ème DI US, le colonel Baker chef d'état major du Gal Simpson, 9ème armée et le Gal Botho Elster. Les officiers français présents n'auront pas droit au chapitre, ainsi les modalités de la capitulation se fera entre ces trois hommes.

La colonne Elster, soit 19739 hommes, sera dirigée à partir du 12 septembre vers Beaugency et Mer avec armes et bagages précédée par des parachutiste S.A.S. du colonel Bourgoin. Elle traversera des villages préalablement libérés par les FFI sous la huée des habitants. Avant le dépôt des armes un défilé des troupes de la colonne est organisé devant un détachement américain qui leur rendra les honneurs.

Les forces françaises régulières (Brigade Charles Martel) et maquis l'auront amère, ils se sentiront frustrés de ne pas avoir été officiellement admis dans les négociations de capitulation dont l'entier bénéfice revint aux seuls américains qui les traitèrent avec condescendance .

Le bilan matériel et des armes (Source Amouroux) de cette capitulation fait état de 310 voitures de tourisme, de 303 camions, 1171 véhicules hippomobiles, 698 bicyclettes, 13992 fusils, 587 mitrailleuses, 17 canons.

Ce même bilan source Wikipédia fait état lui de:
19605 prisonniers dont 470 officiers et 2 officiers généraux.
43 canons de campagne et de DCA.
24000 armes individuelles.
557 mitrailleuses.
375 camions, 501 voitures dont beaucoup avaient été réquisitionnés et qui seront rendus à leur propriétaire.
2000 chevaux.

Sources: Henri Amouroux – Livre IX
Wiki58 –
Jean Pflieger (La jonction 2ème DB/1ère DFL)

Albert René Gilmet

NB: J'ai fait connaissance, en 1968, à Hainstadt (Hanau) RFA de Herr Winter , un sympathique commerçant dont l'épouse parlait parfaitement le français. Il me confiait qu'il avait appartenu à une de ces colonnes et qu'il avait réussi à passer. Il aurait volontiers répondu à toutes les questions que je lui aurais alors posées si, à cette époque j'avais été intéressé par l'histoire de la SGM. Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.