kfranc01 a écrit:Indiscutablement, l'attaque des sous-marins allemands en plein opérations de sauvetage, arborant le drapeau de la croix rouge, est un crime de guerre US qui fut 'mis sous le tapis'.
L'affaire du
Laconia est, aussi, un tragique "foutoir", à commencer par les gardes polonais qui avaient "massacré" à la baïonnette les prisonniers italiens (désarmés!), qui, toujours, enfermés dans la cale, tentaient de s'échapper, alors que le bâtiment sombrait et que ses cales se noyaient. C'était, aussi, un comportement totalement contraire aux "règles"de l'évacuation d'urgence en mer. Dans un tel contexte, il n'y a plus de "prisonniers de guerre", de civils ou militaires qui tiennent. Il y a avait, eu, à l'évidence, une très sérieuse carence de la part du Pacha du
Laconia - c'est lui le Big Boss à bord! -, de son "état-major" et de l'encadrement britannique des "gardes" polonais. De plus, ce qui s'était passé à bord des canots de sauvetage, vis-à-vis des "rescapés" italiens, n'avait pas, non plus, été joli-joli.
On peut mettre celà sur le compte de la panique générale, mais çà n'explique pas tout. Quand on embarque des civils ou des militaires, peu ou pas amarinés, le Pacha ou son "représentant", au sein de l'état-major, est sensé - surtout en temps de guerre! -, rappeler, lors de l'embarquement, que ses ordres, quels qu'ils soient, sont prioritaires et indiscutables et que l'évacuation générale, ordonnée par ses soins, concerne l'ensemble des occupants. Le risque d'informer d'un éventuel torpillage est de son seul ressort , surtout quand le bâtiment est armé en tant que croiseur auxiliaire - première erreur, vu sa "cargaison", majoritairement, constituée de 1800 prisonniers de guerre!-; c'est ce qu'avait, d'ailleurs, souligné le Pacha du U-Boot, qui avait eu dans son périscope, la vision très nette d'un croiseur auxiliaire armé (des pièces de 6 pouces, 152 mm, ne passent pas inaperçues!) -.
Le triste bilan humain de ce naufrage est de la responsabilité directe du Pacha et, par voie hiérarchique, de la Royal Navy. Ce genre de naufrage en haute mer est, certes, très rarement exempt de pertes humaines - c'est la dure loi de la Mer - , mais les "exactions' commises et avérées envers les prisonniers italiens, elles, n'ont rien à y voir!
Là-dessus, on rajoute les bévues, celle (explicable) des communications "longue distance" et celle, sur ordre, du straffing par le B-24 sur un U-Boot arborant une Croix-Rouge bien visible!
On arrive au Procès de Nuremberg, où l'un des procureurs avait voulu faire porter le chapeau à Doenitz, au sujet de la guerre totale sur mer, en se référant au naufrage du Laconia torpillé. Là, la RN, aussi bien que l'US Navy, s'était retrouvée dans "ses petits souliers", car les deux marines, qui, eux, connaissaient les tenants et aboutissants de "l'affaire", avaient vite pigé que l'accusateur public, peu ou mal informé, était parti pour créer un très sérieux "précédent". Le procès de Nuremberg avait pour vocation de juger les crimes commis par la Wehrmacht défaite et ses principaux chefs et non "débattre" d'erreurs alliées - d'autant que l'affaire" du
Laconia était, pour le moins embarrassante!
-. Cà avait du se passer en coulisse, mais l'accusation avait vite mis "la pédale douce" sur le sujet.
Cette histoire de torpillage de bâtiments "plus ou moins" civils, date de 14-18, avec le célèbre torpillage du paquebot RMS Lusitinia, en mai 1915, que les Alliés avaient intentionnellement monté en épingle, sauf que, depuis lors, il est avéré qu'il transportait bien dans ses soutes, plusieurs centaines de tonnes de munitions américaines ou canadiennes, à destination d'un port britannique, et ce, sans que ses passagers civils en soient informés; apparemment, le renseignement naval allemand, lui, avait été informé de ces "magouilles" américano-britanniques - à l'époque, les Ricains étaient, officiellement, neutres-.
A partir de là, même, si çà ne date pas de la Première Guerre Mondiale - le transport pour usage militaire, maquillé en paisibles ""traine-couillons", étant vieux comme "mes robes" -, même les bâtiments les plus "paisibles", y compris ceux arborant les marquages de la Croix-Rouge, navires hôpitaux ou assimilés, avaient été considérés comme suspects!
En principe, la procédure prévoyait que ce genre de bâtiments soit arraisonné et inspecté, sauf que, à l'expérience, il s'était avéré que l'arraisonneur s'était, lui-même, retrouvé "pris au piège", soit par une escorte soigneusement dissimulée, soit par l'aviation navale. De surcroit, un soum en surface, à couple ou presque du bâtiment à inspecter, n'était guère armé face à une attaque de "destroyers" ou aériennes.
C'était tout le problème des "soums", car, même, en procédant à l'inspection réglementaire, qui débouchait, éventuellement, sur le constat d'un bâtiment transportant des munitions ou des troupes - donc, à "vocation militaire" -, il fallait, d'abord, l'évacuer, avant de le couler à la torpille ou au canon. Or, selon l'éloignement par rapport à la côte la plus proche et l'état de la mer, le soum, qui comptait, déjà, 50/60 hommes serrés comme des harengs en boite, était sensé "accueillir" à bord la centaine de matafs ou beaucoup plus du bâtiment "condamné". On peut, certes, parvenir, à bord d'un soum, à accueillir, provisoirement, une centaine de "pinpins" supplémentaire, mais, à l'époque, çà remettait totalement en cause ses capacités de plongée et le risque de ne plus pouvoir se défendre, en plongeant!
C'est très compliqué, cette histoire de sous-marin dans le cadre d'un arraisonnement réglementaire, suivi du constat que l'arraisonné, étant constaté comme "transport militaire" plus ou moins camouflé, était sensé être coulé. Respectée, elle pouvait prendre des heures - arraisonnement, vérification de la cargaison et, si son emploi "militaire" était avéré, évacuation préalable de l'équipage, avant destruction -, période durant laquelle le soum, lui, était immobilisé en surface.
Il convient de ne pas rêver, cette procédure "internationale", avait été intentionnellement concoctée par les Alliés, en 1915, afin de casser les jambes de la flotte de U-Boote allemands; D'ailleurs, après "l'affaire" du Lusitinia, les Allemands avaient, pendant plusieurs mois, consigné leurs U-Boote à quai!
En ce qui concerne plus particulièrement les "bavures" de l'US Army, toutes branches confondues, il avait fallu attendre la Guerre du Viet-Nam, sur-médiatisée par une presse et une télé globalement opposées à la poursuite du conflit, pour voir leurs "auteurs" faire l'objet de poursuite judiciaire militaire, mais le "couperet" était, bien souvent, tombé sur les lampistes de service, en épargnant leurs hiérarchies!