Forum Le Monde en Guerre

Je me pose la question : Mussolini a-t-il regretté à un moment son engagement militaire au côté d'Hitler ?

Il avait demandé à Ciano de signer le pacte d’Acier pour essayer de dissuader Hitler de déclencher une guerre mondiale mais Hitler declara la guerre à la Pologne puis déclencha Barbarossa en avertissant son vis à vis au dernier moment. Mussolini tenta avec l’aide des Japonais qui n'étaient pas en guerre contre l’URSS et les autres allés de l’Axe à imposer l’idee de mettre fin à la guerre à l’est.

pili a écrit:Je me pose la question : Mussolini a-t-il regretté à un moment son engagement militaire au côté d'Hitler ?

Dès le début !

Il engage l'Italie dans la guerre le 10 juin 40, je crois, en tous cas alors que la défaite française ne fait plus aucun doute, et réclame pour prix de son engagement (de son échec militaire) Nice, la Corse, la Tunisie et je ne sais quoi encore.

Hitler ne donne pas suite à sa voracité, il n'y a pas grand chose pour l'Italie dans les conditions de l'armistice, Mussolini s'est donc mis dans le cas de déclarer la guerre à l'Angleterre - qui n'entend pas mollir en Méditerranée et le prouvera en lui infligeant des défaites navales à chaque engagement - pour ramasser que dalle : une zone d'occupation de Menton à Grenoble.

Du coup, tant qu'à être en guerre, Mussolini va se lancer dans des aventures toutes plus ratées les unes que les autres. Perseverare diabolicum.

Ce n'est que mon avis, seulement, le Duce aurait mieux fait de s'abstenir.
Par fanfaronnade, Mussolini entre dans le conflit en déclarant la guerre à la France le 10 juin 1940, quand celle-ci est déjà à genoux et sur le point de signer l' armistice avec l'Allemagne. L'Italie se révèle dès ce moment cruellement impréparée à la guerre. Les Italiens, qui plus est, sont rebutés par l'alliance allemande et n'ont aucune envie de se battre.
Réduit au rang d'allié encombrant par Hitler, Mussolini multiplie les bourdes. Il attaque la Grèce pour son compte en octobre 1940 mais ses troupes se débandent face à la résistance ennemie et Hitler doit intervenir en catastrophe à son secours.
En déclarant la guerre à la France et à la Grande-Bretagne, le 10 juin 1940, Mussolini pense pouvoir obtenir d’importants succès à moindres frais. Il compte mener une guerre parallèle à celle de l’Allemagne afin d’atteindre les objectifs stratégiques qui feraient de l’Italie la grande puissance du bassin méditerranéen et Mussolini se trompe lourdement.

Oui effectivement, il est passé d’une guerre parallèle à une guerre comme vassal de l’Allemagne. L’impreparation du Regio Esercito est due à son Comando Supremo dirigé par Badoglio. Par haine contre Graziani, il n’a pas envoyé les renforts demandés lors de l’offensive en Égypte en septembre 1940, trois mois après l’entrée en guerre. Visconti Prasca en Grèce avait déclaré avoir suffisamment de troupes pour attaquer la Grèce de peur de perdre son commandement...

Donc, on peut dire qu'il avait quand même l'envie d'en découdre, afin de se constituer un nouvel empire romain.

Le problème, c'est que si Hitler, fin politique autant qu'on voudra, il l'a prouvé, avait tout de même quelques notions militaires (mais il aura le tort de se croire omniscient) en revanche Mussolini n'en a aucune.

Déjà il est nul dans le choix des généraux, et là ce n'est que le premier point d'une longue liste de carences intellectuelles. Agitateur politique, il n'a rien pour faire un chef d'état et encore moins un chef de l'armée.

C’est ce que reprochent les hiérarques fascistes lors de la dernière réunion du Grand Conseil le 24 juillet 1943. Voilà l’intervention de Dino Grandi:
Tertio, tu nous as énoncé, d’une part, une série d’erreurs, de dysfonctionnements de notre état-major, de notre appareil militaire. D’autre part, tu cites une série de jugements et d’ordres sur des plans de construction d’armement et de projets d’opérations militaires que les techniciens responsables n’ont pas pris en considération ou exécutés. Cela signifie qu’il n’y a pas eu de connexion organique entre la partie technique du commandement et la partie politique, qui a échoué à imposer ses décisions. Un vers ronge de l’intérieur le système de commandement. Ces trois observations m’amènent à conclure que, face à une attaque ennemie dans la Péninsule, notre système de commandement s’avérera inefficace. »
L’intervention se conclue par une attaque directe contre le Duce : « La guerre a mal tourné parce que Mussolini s’est coupé de nous. Il n’a été capable ni de commander ni de se faire obéir par l’état-major. »

Et celle de Grandi :
continue son réquisitoire. « Mussolini, chef du gouvernement et ministre des armées, a eu dix-sept années pour créer, former, préparer, sélectionner les cadres, les troupes, les matériels… Mussolini dénonce aujourd’hui les graves déficiences de notre organisation militaire. Il ne serait pas juste de s’attribuer les succès et de rejeter les échecs sur les autres. La guerre n’a pas éclaté à l’improviste, cueillant l’Italie par surprise. Le conflit était prévu depuis des années et Mussolini lui-même en avait prédit l’année, affirmant que l’Italie ne pouvait pas y participer en tant que belligérant. Désorganisation des cadres, insuffisance de la préparation des moyens matériels nécessaires, déficience dans la direction stratégique et tactique. À cela, s’ajoute une série d’erreurs élémentaires dans la conduite politique et morale de la guerre, erreurs de nature politique, incompréhensibles et aggravant la responsabilité fasciste. Nous avons entendu le Duce déclarer qu’aucune guerre n’est populaire, cela est faux. L’histoire de l’Italie démontre le contraire… Le peuple italien n’a pas cru et ne croit pas en cette guerre que la propagande a qualifiée de fasciste, de guerre de Mussolini. C’est une impardonnable erreur… Les mères sont intimement persuadées que leurs fils ne sont pas tombés pour la Patrie mais sacrifiés pour la volonté de Mussolini…

Source : Complot à l’italienne d’après les mémoires de Dino Grandi