Post Numéro: 12
de JARDIN DAVID
13 Jan 2021, 03:30
La question posée me semble un peu tardive.
En 1945, les Britanniques n'avaient plus beaucoup de marge de manoeuvre financière ou politique. Quant à leurs pertes humaines, jugées insupportables, elles n'étaient pas si élevées (comparer à la France par ex, en incorporant les bombardements, déportations ...). A un moment donné, c'est l'acceptabilité sociale qui fait la différence. Terme anachronique et totalement incongru aussi bien en Allemagne nazie qu'en URSS.
Ce sont plutôt certains services américains (OSS) qui ont envisagé, un temps (1943), la possibilité de renversement des alliances ce qui permettait déjà de remplacer HITLER (et un nombre à préciser de nazis) par des militaires de la Wehrmacht, moins coriaces. Une solution "à la GIRAUD" finalement.
Celui-ci était favorable au projet de ce qui s'apparentait à une "grande croisade anti-bolchévique", maintien du Maréchal en prime -au passage, de GAULLE n'a plus sa place dans le dispositif- et évacuation de la France sans combats. Du moins si l'on excepte les réactions à attendre de la part des communistes, FTP et al. Est-ce si stupide si l'on envisage la "libération" dont ont bénéficié après 1945 les pays d'Europe de l'Est ?
Les questions de génocides à grande échelle écartées (spécifiques des crimes nazis allemands, quoi qu'écrive PAXTON) avec la disparition de leur promoteur, il reste éventuellement à s'interroger sur la pérennité des mesures de type xénophobes prisées à Vichy, sans parler de la ségrégation, elle purement raciale (mais sans dérive mortifère) et jamais remise en cause par les Américains.
Cela fait un drôle de voisinage et ouvre directement la voie à d'étranges scénarii alternatifs, surtout avec le point de bascule vers 1943 ...
Difficile de bien cerner la part de réalité et d'utopie dans les postures de GIRAUD, mais la question fut travaillée. Sauf que les arbitrages politiques de ROOSEVELT, a priori, n'envisageaient pas d'autre solution que la capitulation allemande sans conditions. Peut-être faut-il y voir une part de réalisme : même le capitalisme a besoin d'ennemis pour légitimer son hégémonie locale. Une victoire définitive -et largement possible avec les technologies allemandes, les usines et la bombe US- sur le communisme ouvrait d'autres incertitudes. Comment gérer cette hégémonie totale ? De son côté, STALINE avait à peu près le même genre d'approche "raisonnable" : savoir s'arrêter dans l'expansion et verrouiller. A noter aussi que c'était la stratégie hitlérienne, qui ne cherchait pas à dominer le monde mais le continent.
JD
"Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi" (Le Cid)