pierma a écrit:Par emploi stratégique, j'entends non plus un emploi où les aéroportés servent d'avant-garde très avancée pour attaquer et sécuriser des points de passage - ou de défense - pour l'armée de terre qui va suivre, mais un rôle d'armée supplémentaire qui ferait tout le travail elle-même.
mais j'interprète peut-être mal le concept "d'enveloppement aérien". Est-il si ambitieux ? (Comme je l'ai dit, Hitler avait constaté qu'il ne pouvait fonctionner qu'au prix d'une hécatombe, et d'ailleurs sur un objectif fermé : une ile.)
Non, de ce que j'en ai moi-même compris, tu interprètes assez bien l'idée "d'envelopper" verticalement la
Wehrmacht en retraite en déposant une force importante sur sa voie de retraite qui jour en quelque sorte le rôle d'enclume, le temps (très court) que le rouleau compresseur blindé les rejoigne.
Plusieurs opérations aéroportées ont été proposées après le demi-échec de Falaise : Orléans, la Seine, L'Escaut (Tournai). A chaque fois, les forces blindées ont atteint la zone de largage, le temps que les opérations soient planifiées. BRERENTON (le patron frais émoulu de la
1st Allied Airborne Army) avait alors proposé l'opération sur Maastricht/Aachen alors que les forces terrestres allaient seulement aborder la Belgique. Proposition refusée car jugée trop risquée (le délai permettait de planifier les largages... ...mais quid si les Allemands se ressaisissaient en Belgique ? Les aéroportés auraient été massacrés isolés aux portes de l'Allemagne).
Market-Garden sera le laboratoire idéal : le 10 septembre le front est stabilisé, laissant "le temps" (une semaine en se pressant) pour planifier l'opération qui n'est plus un enveloppement vertical mais un corridor aéroporté facilitant la percée terrestre. Beaucoup souhaitaient ce succès de l'arme aéroportée avant la fin de la guerre, MONTGOMERY certainement pas le premier.
Varsity et le franchissement du Rhin me semble plus dans le ton de l'application du concept (à vérifier).
A ma connaissance, la seule opération d'enveloppement vertical tentée et réussie dans le cadre d'une guerre mécanisée c'est l'héliportage de la 101st A/B en Irak en 91 (à vérifier mais on est hors-sujet).
pierma a écrit:Mais l'avenir montrera que Aachen, s'il n'est pas pris rapidement, peut dégénérer en combats urbains. (Situation que les Alliés n'ont encore pas eu à subir à l'ouest.) Qui sait ? A cette date la ville est peut-être prenable au rythme de la Blitzkrieg, si j'ose dire. C'est intéressant, en tous cas.
J'ai l'impression que Ike a raté ce coche là. Je me perds un peu dans ses conférences successives. Pourquoi pas cette décision-là ? Qu'est-ce qui l'a retenu, ou distrait ?
Le 12 septembre 1944, quand le
VII US Corps, à l'initiative de COLLINS, attaque dans le corridor de Stolberg (une "fausse" trouée entre Aachen et Hürtgen) il semble bien qu'il n'ait rien pour tenir Aachen (SCHWERIN vient d'abandonner la ville, indéfendable). Alors oui, peut être, aurait-elle pu être prise "à la hussarde" selon la formule consacrée et qui va bien en l'occurence. Mais le hussard COLLINS en bon "Blitzkrieger" évite la ville jouant la carte de l'initiative pour franchir le
Westwall (très dense à cet endroit) avant qu'il ne soit garni. A bout de souffle, il va se casser les dents sur la
12.Volksgrenadier-Division qui arrive miraculeusement (une sorte de miracle de la Marne à l'envers).
Les Américains vont mettre le doigt dans l'engrenage Aachen d'une part et Hürtgen d'autre part. On connait la suite.
Si l'on veut évoquer les combats pour Aachen dans le détail, sur proposition de dynamo et Prosper je remonte
cet ancien fil y dédié Est-ce Ike qui rate le coche ou BRADLEY ? qui vise Francfort à la suite de PATTON ? Obligeant la
1st Army à s'étirer démesurément de la Meuse vers la Lorraine : le
V Corps pénétrant en Ardenne pour garder un maigre contact avec PATTON en consommant l'essence du
XIX Corps qui va ainsi devoir s'arrêter en vue de Maastricht pendant que le
VII Corps (COLLINS) atteint, seul, les environs d'Aachen. Dilution des forces.
Pour rappel (relire les posts précédents), MONTGOMERY avait proposé que l'ensemble des
1st et
3rd US Armies aborde Aachen en force et perce jusqu'au Rhin. Concentration des forces.
Enfin, pour les réunionites, je renvoie à l'ouvrage de Nicolas AUBIN déjà cité. Tous ces généraux se rencontrent très régulièrement de juin à octobre 1944. On n'imagine pas !