Augustus_caesar85 a écrit:Je ne sais pas si Guderian a réellement dit "Nous avons perdu la guerre le jour où nous n'avons pas hissé le drapeau ukrainien sur la cathédrale de Kiev" mais si c'est le cas, le propos est ridicule : il a oublié en route qu'il était sous les ordres d'Hitler ?
Cette remarque de ma part est sans rapport avec les décisions (de l'un ou de l'autre) d'entrer en guerre. Je soulignais simplement que Hitler, à l'est, ne s'était pas engagé dans n'importe quelle guerre : il s'agissait dans son esprit d'une lutte à mort contre le "judéo-bolchevisme", lutte dont il a déterminé d'entrée le caractère inexpiable.
Et donc je marquais ma surprise que Guderian affecte de l'ignorer, comme s'il ne savait pas que jamais, en aucun cas, Hitler n'aurait autorisé une Ukraine indépendante : Hitler ne faisait pas la guerre pour les libérer. (pour situer la violence de la conquête et de l'occupation allemandes : sur 10 habitants de Kiev, les nazis en ont tué 2 et déporté 6.)
Tôt ou tard, l'Allemagne aurait dû rentrer en guerre contre l'URSS. On ne peut pas garantir le fait que l'URSS aurait maintenue longtemps le pacte de non-agression. Surtout que l'URSS représentait encore un espoir pour l'Angleterre.
Le jeu de Staline était parfaitement clair dès l'instant où il signait le pacte germano-soviétique : il entendait se tenir à l'écart de la guerre à l'ouest, avec l'espoir de tirer les marrons du feu quand les adversaires se seraient épuisés. Le moment venu, à la date qui lui conviendrait, il mettrait fin au pacte de non-agression.
Il a été pris de court, comme tout le monde, par la rapidité de la défaite française, qui le mettait en ligne de mire alors que son armée n'était pas prête.
En revanche il se fichait totalement de représenter ou non un espoir pour l'Angleterre. Staline ne raisonnait que sur ses intérêts propres. (Ce que font tous les états, mais chez lui avec une absence de scrupules totale.) Evidemment une invasion de l'Angleterre aurait signifié pour lui qu'il était le prochaine sur la liste, mais il n'aurait rien fait pour l'aider.
L'Angleterre restant seule à combattre le IIIe Reich, Staline n'a qu'un souci : que le pacte dure le plus longtemps possible. L'Angleterre ne peut lui être d'aucun secours, dès l'instant où elle n'a plus d'armée de terre et ne sera pas en mesure de débarquer sur le continent avant... Dieu sait combien de temps. Donc il serre les fesses et il prie, tandis qu'il reconstitue son armée.
(A la manière stalinienne : la purge de 1937 se poursuit encore en 1940 - et même, ce qui est fou, le NKVD poursuivra des arrestations APRES le 22 juin 41 !) Mais en tous cas il mobilise et instruit les classes d'âge suivantes, (réserves dont une partie pourra effectivement entrer en ligne pour Moscou) et il pousse la fabrication d'armements. L'Angleterre est le cadet de ses soucis, sachant que plus elle occupera Hitler (en Grèce, en Afrique, sur la lune...) et mieux cela vaudra.
Il va même jusqu'à s'intoxiquer tout seul avec l'idée que Hitler ne lui fera pas la guerre (parce qu'ouvrir un second front ne serait pas logique de la part de l'Allemagne) ce qui va aggraver la catastrophe lorsque cela se produira.