Sur l'aspect
Cobra...
L'attaque, du fort au faible, se veut décisive. BRADLEY veut en finir avec les haies et percer coûte que coûte maintenant que sa base de départ, St-Lô, a été conquise.
La presse a été conviée, HEMINGWAY y est, même des observateurs soviétiques (?) et le général Mc NAIR (patron des
Ground Forces est venu de Washington. Mal lui en prit ! Il fait partie des 111 morts victimes de l'imprécision relative du bombardement préliminaire. LEIGH-MALLORY souhaitait 2.750m de marge de manœuvre relative pour ses bombardiers lourds, ramenée à 1.1000 de commun accord avec BRADLEY. L'axe de bombardement devait être parallèle au front, les aviateurs ont exigé la perpendiculaire pour limiter les pertes dues à la Flak. Bref ! On ne reconnaîtra le cadavre de Mc NAIR qu'aux étoiles de son uniforme).
Pour "casser la baraque", BRADLEY va emprunter 2 manières de faire à son supérieur, MONTGOMERY (certains auteurs y voient d'ailleurs l'influence de l'anglais sur son subordonné) :
1. une concentration des forces du VII Corps sur un front étroit (+/- 8km) ;
2. un bombardement stratégique en guise de préliminaire (avec des bombes légères pour éviter des cratères infranchissables par les blindés chargés de l'exploitation).
C'est donc le
VII Corps du général COLLINS (le vainqueur de Cherbourg) qui est choisi pour mener l'attaque (COLLINS est souvent considéré comme un des meilleurs, si pas le meilleur général US de la guerre).
. 3 divisions d'infanterie en ligne pour réaliser la percée : 4th, 9th (deux divisions aguerries à l'enfer des haies) et 30th ID (plus fraîche et qui se révélera une des meilleures divisions US) ;
. 3 divisions pour exploiter la percée : les 2 uniques divisions blindées "lourdes" sur le continent (2nd et 3rd
Armored) et la 1st ID (unité aguerrie s'il en est et au moins partiellement motorisée si j'ai bon souvenir
) ;
. outre l'artillerie, l'attaque sera précédée d'un bombardement stratégique mené par près de 1.500 bombardiers lourds qui déverseront plus de 3.000 tonnes de bombes sur une zone d'un peu plus de 12km² (*) ; les procédures d'appui aérien ont été méticuleusement préparées et améliorées pour obtenir le maximum d'efficacité air-sol.
De part et d'autre du front d'attaque, le reste de la
1st Army fixera l'adversaire (notamment par une attaque secondaire du VIII Corps [pour fixer les 2.SS et 17.SS Div ??]).
En face, les Allemands (qui sont conscients des préparatifs américains) ont atteint leur point de rupture :
. la
Panzer Lehr diminuée est seule face au
VII Corps, à peine "renforcée" par un régiment de la
5.Fallschirmjäger-Division (une unité récente de mémoire peu apte au combat) et des KG 2.SSPz-Div et 275.ID ;
. à gauche (face au
VIII Corps) la 2.SS-Pz-Div et la 17.SS-PzGr-Div (des restes de cette division au combat depuis le 12 juin) ;
. à droite (face aux XIX et V Corps du côté de St-Lô) la 3.FJD (solide mais au combat depuis juin) et les reliquats de la 352.ID au four et au moulin depuis le matin du 6 juin à
Omaha Beach.
Les Allemands n'ont rien de tangible à opposer à
Cobra ni de quoi mener une contre-attaque. COLLINS s'en rendra vite compte précipitant l'exploitation dès le 26 ou 27 juillet.
Le front ne peut que craquer... ...et donc il craque !
(*) Les dégâts collatéraux causés par les 2 bombardements préliminaires (le 24 juillet annulé pour cause de mauvais temps et le 25 début de l'attaque) sonneront le glas de la méthode au sein de
l'US Army.
Sur la bataille du Cotentin dans son ensemble, je ne saurais trop conseiller le livre homonyme de Christophe PRIME (il est aussi membre de ce forum).
Ma principale lecture cet été. Il brosse une belle synthèse des opérations (du nord au sud du Cotentin puisque les deux pôles intéressent Michael
).