Salut thucydide (faudra me rappeler ton prénom
).
Un bombardement stratégique en prélude à une offensive (en remplacement du traditionnel barrage d'artillerie) était une première pour les Américains.
Sacro-saint principe du
Safety First, un maximum de précautions est pris pour éviter les pertes collatérales (les faits vont démontrer que cette volonté était bien nécessaire).
L'idée est donc d'offrir aux aviateurs un repère tangible net et précis pour larguer leurs bombes : la route D900 St-Lô/Périers (très aproximativement le schéma ci-dessous).
Bombarder en remontant le long de la D900 n'apporte pas nécessairement une meilleure précision mais garantit aux yeux de BRADLEY que toutes les bombes tombent au sud de la route, là où est massée la force d'assaut.
Les aviateurs refusent. La remontée de la route expose plus longtemps la force de bombardement à la
Flak.
Le bombardement se fera donc classiquement selon l'axe de l'assaut, à partir de la route dans la profondeur du dispositif allemand.
Selon Christophe PRIME (référence citée précédemment), LEIGH-MALLORY réclame une distance de sécurité de 2.750 m entre les avant-postes et la zone de bombardement. BRADLEY refuse de recule son infanterie de près de 3 kilomètres et propose 750 m. Les deux chefs vont s'accorder sur une distance de sécurité de 1.100 m.
Ces détails sont très intéressants et mettent en évidence l'imprécision kilométrique des bombardements diurnes de l'époque.
Quant à la quantification du bombardement :
Toujours selon PRIME (ouvrage récent pp.222 et suivantes)On retrouve tes plus de 3.000 avions ventilés comme suit :
. 1.800 bombardiers lourds de la
Mighty Eight ;
. 396 bombardiers moyens et 350 chasseurs bombardiers de la 9 TAC ;
. 500 chasseurs.
Dans les faits :
le 24 juillet, 1.586 bombardiers quittent l'Angleterre. La météo annule la mission en plein vol mais tous les appareils ne sont pas prévenus dont 16 qui larguent leurs bombes 2km trop au nord sur les positions de la 30th ID (25 morts et 131 blessés)
le 25 juillet, 500 chasseurs-bombardiers ouvrent le bal suivis par 1.495 bombardiers lourds et 380 bombardiers moyens pour un total de 3.370 tonnes de bombes. La fumée des premiers bombardements gène les suivants et les fumigènes oranges de l'infanterie US passent inaperçus, des positions des 9th et 30th ID sont à nouveau bombardées (111 morts et 490 blessés).
Une autre référence récente qui analyse Cobra dans l'ensemble des opérations de la fin de l'été '44 (Nicolas AUBIN "La course au Rhin" - Chapitres III et IV)
. 1.500 bombardiers lourd ;
. 380 bombardiers moyens et 350 chasseurs-bombardiers ;
pour un total de 4.700 tonnes de bombes.
Les chiffres du 24 juillet recoupent ceux de PRIME. Pas de détails pour le 25 juillet.
Néanmoins, AUBIN rapporte le constat du faible effet du bombardement sur les premières lignes allemandes. Les défenseurs sont toujours là, avec leur mordant habituel, à tel point que la progression du 25 juillet ne dépasse pas 1.500 m.
C'est derrière que les effets sont les plus notables avec des communications totalement démantelées et 3 PC de bataillon anéantis. Voilà qui relativise l'emploi des bombardiers stratégiques en appui au sol (l'expérience sera unique pour les Américains).
Plus ancien,
l'album mémorial de la 1st Army de Georges BERNAGE (pp.280-82) cite :
le 24 juillet, environ 1.600 bombardiers dont 35 qui bombarderont les lignes américaines (les pertes se recoupent avec les autres) ;
le 25 juillet, 1.500 bombardiers pour 3.300 tonnes de bombes (ici aussi les pertes collatérales recoupent les autres auteurs).
Conclusion, en l'absence de sources primaires on peut retenir les ordres de grandeur suivants :
3.000 avions dont 1.500 bombardiers lourds pour un peu plus de 3.000 tonnes de bombes.
Personnellement, je préfère des ordres de grandeur aux fameux "chiffres précis" qui ne se recollent jamais en l'absence de sources primaires.
Remarque :
Thucydide a écrit:Tu donnes deux chiffres, 1.1000 sans doute 1100 avions et plus tard 1500.
1.100 (mètres) est la distance de sécurité sur laquelle BRADLEY et LEIGH-MALLORY se mettent finalement d'accord.
Ce n'est pas un nombre d'avions.