Bonjour JD
JARDIN DAVID a écrit:La bonne question n'est-elle pas plutôt de déterminer s'il était opportun de planifier une opération dans cette zone ?
C'est effectivement la question que se pose EISENHOWER lorsqu'il prend le commandement des forces terrestres sur le théâtre occidental le 1er septembre 1944.
Comment poursuivre les opérations après la victoire en Normandie (et les échecs successifs à Falaise et à l'ouest de la Seine).
Sa préférence va à une stratégie de "front large" toujours favorable à celui qui a la supériorité numérique ; qui plus est face à un ennemi en pleine retraite.
Mais les moyens logistiques nécessaires à l'établissement de cette stratégie ne sont pas réunis.
JARDIN DAVID a écrit:L'ego de Monty et l'initiative laissée aux Britanniques m'intéressent assez peu mais, si je me souviens bien, PATTON (pas forcément très objectif) a déploré sa pause contrainte devant Nancy alors qu'il n'avait pas grand chose en face de lui début septembre 1944.
Les 2 divas (Monty/PATTON) proposent une stratégie sur front étroit ("leur" front bien sûr ! HODGES à la tête de la
1st Army entrera le premier en Allemagne, au sud de Aachen, mais il n'a pas la grande gueule de ses concurrents).
PATTON en bon officier de cavalerie sait qu'il faut garder la pointe du sabre dans le dos d'une armée en retraite. Il propose donc d'alimenter sa
3rd Army (aux dépens des autres et notamment de son rival Monty) pour poursuivre vers l'est, franchir la Meuse en amont de Verdun, la Moselle puis la Saare et entrer en Allemagne pour poursuivre jusqu'au Rhin... et après ?
MONTGOMERY, qui n'est pas un cavalier, fait une pause après la prise d'Anvers et se regroupe (après El Alamein aussi il avait fait une pause, telle semble sa nature. Il phase les batailles comme en Normandie puis plus tard dans les Ardennes). Il propose d'alimenter la
2nd British Army (aux dépens des autres et notamment de son rival PATTON) pour franchir successivement les lignes d'eau jusqu'au Rhin, à Arnhem... et après ? Le nord de l'Allemagne est ouvert favorablement aux chars et l'enveloppement de la Ruhr prive le Reich de son poumon industriel occidental.
JARDIN DAVID a écrit:Une attaque vers l'Alsace présentait-elle d'autres contraintes stratégiques (et non politiques ou personnelles) expliquant l'attention portée prioritairement sur Market Garden ?
A mon humble avis, froidement, l'Alsace ne présente aucun intérêt stratégique pour les alliés. C'est un détour et un symbole qui ne peut avoir d'intérêt que pour des Français
.
La perspective de franchir le Rhin par la Hollande, soit par une région propice à la guerre de mouvement (ce qui est moins le cas pour la région faisant face au front de PATTON), avec à la clé un objectif stratégique majeur comme la Ruhr a, objectivement, de quoi séduire.
Je soupçonne même Monty d'avoir embelli la mariée pour des raisons bassement personnelles. Si son plan passe, il redore son blason fortement oxydé par la bataille de Caen et l'échec de Falaise (c'était lui le patron de toutes les forces terrestres alliées à ce moment là ! Il ne faut surtout pas l'oublier !!!), il récupère de fait le
leadership et peut peser de tout son poids sur Ike pour que celui-ci lui "rende" le commandement des forces terrestres. Malgré l'échec de
Market-Garden il n'aura malgré tout de cesse de réclamer ce commandement jusqu'en février 45... et le risque d'un clash définitif avec Ike et les Américains.