thucydide a écrit:J'avais lu dans le livre "la bataille de l'atlantique" que c'est ah qui avait voulu de l'opération Rheinübung.
Contre l'avais des marins comme reader...
Bonjour,
AH avait donné son feu vert, du bout des lèvres, pour l'Opération "Berlin" (22.01 -24.03.1941) mais nullement pour "Rheinübung", qui, elle, avait été montée entièrement derrière son dos par Raeder. Il se méfiait des capacités de la RN et considérait qu'utiliser des cuirassés pour chasser du cargo, était du gâchis à hauts risques ; ce en quoi, il n'avait pas tort. S'il avait eu, encore, le moindre doute après "Berlin", le bilan final de l'opération ne plaidait pas en faveur d'une réédition. Pour le maigre résultat de 22 cargos coulés, en 60 jours de mer, le Gneisenau et le Scharnhorst étaient, désormais, immobilisés pour de longue semaines, exposés aux attaques aériennes britanniques, et la facture des travaux était lourde- elle sera, de surcroit, aggravée, par les dommages résultant des attaques aériennes-.
Par ailleurs, AH avait donné les ordres pour réserver les cuirassés dans le cadre de l'appui naval de Barbarossa, dont le déclenchement avait été fixé, au départ, en mai 1941, mais qui sera reporté pour différentes raisons, dont la météo.
Quand AH monte, en compagnie de Keitel, à bord du Bismark, le 5 mai 1941, il n'est en rien informé d'
Unternehmen Rheinübung . Comme par "hasard", Raeder, informé la veille de la visite dodolfienne, s'était fait excuser; c'est Lütjens, prévenu la veille de la visite hitlérienne, qui avait été de corvée de coupée, mais il avait été, au préalable, sérieusement briffé par le Großamiral... pas un mot sur l'opération!
Petit rappel de l'évolution des préparatifs de Rheinübung :
Conçue avant même le retour des acteurs de l'opération Berlin, elle prévoyait, au départ, l'engagement du Bismarck, du Tirpitz, du Gneisenau et du Scharnhorst - les quatre cuirassés, ensemble, çà aurait pu, effectivement, causer des maux de tête aux Brits -. Mais la durée des travaux de réparations des deux derniers cités n'avait cessé de s'allonger, au fil des rapports, et, en plus, ils étaient coincés à Brest, alors que les deux autres cuirassés, eux, mouillaient en Baltique. En parallèle, la recette définitive du Tirpitz n'arrêtant pas d'être reportée, Raeder et son EM avaient fini par s'assoir sur sa participation.
Le 2 avril 1941, le Seekriegsleitung établit son ordre de mission. Le Bismarck, accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen, qui achève son cycle d’essais, prendra la mer le plus rapidement possible, de préférence à la nouvelle lune, entre le 24 et le 27 avril 1941, pour mener la guerre de course en Atlantique, au nord de l’équateur; le Gneisenau, une fois réparé, les rejoindra au large des Açores et des iles du Cap Vert.
On connait la suite, le 6 avril, lors d’une attaque aérienne de la RAF, le Gneisenau est atteint par une torpille, puis, quatre jours plus tard, par quatre bombes qui le rendent indisponible, lui aussi, pour plusieurs mois. Résultat, l'Opération "Rheinübung" vire "peau de chagrin". Exit le Tirpitz, le Scharnhorst et, maintenant, le Gneisenau! l'Ordre de la Flotte 100/41 A1, ordre de mission "Rheinübung", qui avait été établi le 2 avril, est remanié et "officialisé" le 22 avril 1941. Le croiseur lourd Prinz Eugen, flambant neuf, y remplace, désormais, les trois absents!
A ce stade, il y a fort à parier que Raeder, en lui présentant un tel bricolage, se serait fait violemment envoyer bouler par son Führer, d'autant qu'il était parfaitement informé de la décision de mise en réserve du Bismarck et du Tirpitz, en vue de Barbarossa.
Il existe un certain flou sur les conditions (réelles) du déclenchement de l'opération Rheinübung dans le dos d'AH, mais, à l'époque, ce dernier, à sa décharge, avait le nez dans les préparatifs de Barbarossa.
Ce n'est que le 22 mai 1941, alors que Rheinübung a été déclenchée le 18 et que Lütjens mouille, au même moment, dans le fjord de Bergen, que Raeder se décide à informer AH! Cà m'étonnerait fort que l'ambiance était propice à déboucher le champagne. Raeder s'était royalement assis sur les réserves et les ordres dodolfiens. Mais ce n'était qu'un début, car après il avait fallu annoncer à Dodolf que le Bismarck, sérieusement endommagé à la Bataille du Détroit de Danemark, le 24 mai, au petit matin, était contraint de se dérouter vers Saint-Nazaire ou Brest (à ce moment-là, on ne savait pas trop où le faire atterrir, mais Saint-Nazaire, en raison de ses capacités d'accueil - le bassin de construction du Normandie - était prioritaire). Pour finir en "apothéose" avec la perte du Bismarck, le 27 mai!