Bonsoir à toutes et à tous,
Les sévères défaites infligées a l’Allemagne sur le front de l’est durant le printemps et l’été 1943, notamment a Koursk, font une très forte impression sur le commandement occidental et changent sa vision de la suite de la guerre. Roosevelt en particulier estime que « si les choses continuent de la sorte en Russie, il se pourrait bien que l’ouverture d’un second front à l’ouest ne soit bientôt plus justifiée »… Cette perspective réjouit les alliés sur un plan humain, car elle signifie que de nombreuses vies seront épargnées, mais elle les inquiète vivement sur un plan stratégique et politique : une mainmise des soviétiques sur toute l’Allemagne, voire sur toute l’Europe, serait inacceptable.
C’est dans ce climat d’incertitude que les anglo-saxons se réunissent à l’occasion de la conférence de Québec, en août 1943, afin de débattre de la suite des opérations et en particulier de décider d’une date pour le lancement d’Overlord.
Les américains arrêtent leur choix sur mai 1944, tandis que les britanniques préfèrent attendre août. Il est donc décidé que l’opération sera lancée entre ces deux dates, en fonction de l’avancement de la préparation et des conditions extérieures (météo, mouvements des troupes allemandes, etc.)
Mettre sur pied l’opération Overlord dans un temps si court constitue déjà un exploit, mais cela ne garantit pas aux occidentaux qu’ils puissent entrer en Allemagne avant les soviétiques. Le commandement craint en effet que les défenses allemandes ne s’écroulent brutalement sous l’effet des bombardements intensifs et/ou d’un soulèvement de la population contre les nazis.
Ces inquiétudes sont en outre attisées par le changement de ton de Staline, qui souhaite que le rôle de l’URSS soit reconnu à sa juste valeur par les occidentaux. Ainsi sa lettre a Roosevelt et Churchill du 22 août 1943 : « jusqu'à présent les USA et la Grande Bretagne se sont contentés de prendre les décisions et d’en informer l’URSS a posteriori (…). Je dois vous avertir que cet état de fait ne peut être toléré plus longtemps».
Le commandement occidental décide donc de mettre sur pied, parallèlement à Overlord, une opération visant à envoyer très rapidement une force aéroportée (certaines sources évoquent une armée complète !) afin de s’emparer aussi vite que possible de Berlin et des principales villes d’Allemagne dans l’hypothèse d’un effondrement –même partiel- du régime nazi.
Cette opération est baptisée « Rankin », et sa préparation est confiée au COSSAC (Chief of Staff to the Supreme Allied Commander).
Elle se compose de 3 plans, A, B et C, correspondant en fait à 3 hypothèses de conjoncture :
Le plan Rankin A doit être exécuté en cas « d’affaiblissement significatif de la puissance et du moral des forces allemandes ». Rankin B doit être lancé en cas de retrait des troupes allemandes des territoires occupés. Enfin, Rankin C n’interviendra qu’en cas de reddition inconditionnelle de l’Allemagne.3
Le lieu de l’intervention ne doit être décidé qu’au dernier moment, selon la position des troupes de l’axe et de l’armée rouge : France, Pays-Bas, Yougoslavie, ou même directement en Allemagne.
Durant l’automne 1943, le plan Rankin est considéré comme une alternative sérieuse à Overlord. La bataille de Koursk, en juillet, la rapide conquête de la Sicile, en août, et la capitulation sans conditions de l’Italie début septembre renforcent en effet les allies dans leur opinion que l’Allemagne est sur le point de s’effondrer.
Le général Marshall, Chief of Staff de l’armée US, exprime l’espoir que, face à la menace d’une invasion imminente de l’armée rouge, les troupes allemandes décideront sinon de se rallier aux occidentaux du moins de favoriser leur entrée en Allemagne4.
Il semble même, début octobre, que Rankin est devenu la priorité et qu’Overlord tend à passer au second plan. Ainsi, une réunion exceptionnelle du haut commandement allemand provoque de nombreuses spéculations dans le camp allié, et le général Barker (GB) télégraphie à son homologue américain le général Morgan : « Nous sommes d’avis que la mise en place du plan Rankin devient une éventualité de plus en plus certaine »5.
Néanmoins, à l’approche de l’hiver, il apparaît que ni les bombardements de l’Allemagne ni la menace de l’avance de l’armée rouge ne parviennent à faire tomber le régime nazi. La mise en place du plan Rankin devient donc incertaine, et les efforts du COSSAC se tournent vers un débarquement dans la Manche.
La conférence du Caire, en décembre 1943, achève de convaincre les occidentaux, et, bien que l’opération Rankin ne soit pas enterrée, la priorité absolue est finalement donnée à Overlord.
Les conditions de déclenchement de l'opération ne s’étant pas présentées, celle-ci n'a jamais eu lieu
Sources:
http://www.dday-overlord.com/debarqueme ... ons/rankinhttp://codenames.info/operation/rankin/http://en.citizendium.org/wiki/Operation_RANKINBien amicalement
Prosper