Les pertes sont le pis-aller de la bataillologie ! Il y a autant de chiffres que d'auteurs.
Je vous en livrerai 2... car leur évolution est intéressante ; elles sont tirées de 2 auteurs américains célébrissimes pour leur travail sur la Bataille des Ardennes (je sens déjà la levée de boucliers : des chiffres américains
).
Hugh COLE tout d'abord (la chronologie est importante) qui publie peu de chiffres dans son histoire officielle de 1965,
un total des pertes US de 41.315 hommes (il précise que les données ne sont pas complètes ; n'oublions pas que tout cela est encore classifié en 1965) réparties comme suit :
. tués au combat : 4.138 hommes ;
. blessés au combat : 20.231 hommes ;
. disparus : 16.946 hommes.
Pour les pertes allemandes rien... sinon 67.000 blessés transportés sur le front Ouest du 16 décembre au 2 janvier (sur base des archives de transports par trains...
).
Ces chiffre sont à proprement parler "à minima" pour ce qui est la bataille la plus sanglantes menée par des troupes US sur une théâtre extérieur jusqu'à la fin de la guerre du Viet Nam.
Dany PARKER ensuite (surnommé "Mister Bulge") qui, 25 ans plus tard, donne un bilan de pertes plus travaillé et auquel, personnellement, je me fierais préférentiellement :
un total des pertes US de 80.987 hommes réparties comme suit :
. tués au combat : 10.276 hommes ;
. blessés au combat : 47.493 hommes (dans leur majorité, retirés pour des blessures ou des maladies dues aux conditions hivernales épouvantables lors de l'un des 3 hivers les plus froids du siècle en Europe occidentale) ;
. disparus : 23.218 hommes ;
. 733 chars et
Tank Destroyers.
un total des pertes allemandes de 81.000 à 98.000 hommes (les archives allemandes sont communément réputées peu claires à cette époque...) :
. tués au combat : +/- 12.600 hommes ;
. blessés au combat : +/- 38.000 hommes ;
. disparus : +/- 30.000 hommes ;
. 600-800
Panzer et
Stuge.
et n'oublions pas les pertes britanniques (
XXX Corps descendu à la rescousse sur la Meuse et ayant participé aux combats contre la
2.Pz-Div et sur l'Oourthe)
. tués au combat : 200 hommes ;
. blessés au combat : 1.208 hommes.
Il est communément admis que les Américains ont perdu 80.000 hommes et les Allemands 100.000 et de part et d'autre 700 chars ce qui peut étonner (surtout si l'on compare les pertes américaines aux pertes allemandes à minima).
Cette relative parité s'explique par le fait que la bataille s'est menée en "aller/retour" : du 16 décembre au 2 janvier, ce sont les Allemands qui attaquent et subissent de lourdes pertes sur un terrain propice à la défensive ; durant tout le mois de janvier, ce sont les Américains qui passent à l'offensive dans des conditions météo épouvantables (c'est surtout après le 31 décembre qu'il neige avec un record météorologique à -18°C à Spa (sous abri) à la fin du mois). Si bien que les pertes s'équilibrent.
Les Allemands, à l'Ouest, ne s'en remettront pas. Les Américains, durant les combats, alimenteront la bataille avec plus de 30.000 remplaçants engagés au fur et à mesure des pertes. Les pertes en chars mettront, elles, plus de temps à être comblée (certains auteurs parlent de véritable crise de matériel jusqu'au printemps
).
Pour les chiffres cités par Emile ENGELS (que j'apprécie énormément et avec lequel j'ai eu la joie de participer à une journée-conférence à Bastogne il y a longtemps) ils ne sont pas aussi fouillés que ceux de PARKER et se basent beaucoup, me semble-t-il, sur les sources de COLE, ce que je trouve dommage dès lors que le Colonel ENGELS (chef de corps retraité des Chasseurs ardennais et ayant vécu le siège de Bastogne étant enfant
) a écrit son excellent ouvrage (au demeurant) en 1999.