Nicolas Bernard a écrit:alain adam a écrit:Bonsoir ,
Pour moi aucun mystère , l'attrition naturelle des blindés et les soucis pour renvoyer les chars réparés en ligne , tout autant que l'approvisionnement .
Je crois que j'avais déjà donné ces informations , mais je les redonne :
Au 23 mai 1940 , le Pz Rgt 1 ( PzDiv 1 ) n'aligne que 42% de chars disponibles .
Les chiffres n'ont pas été trouvés pour le PzRgt 2 ( PzDiv 1 ) pour la même date , mais on constate qu'il n'y a que 47% disponibles au 30 mai , après renforcement , et que l'on a plus que 60% de chars disponibles au 13 mai . Donc la situation du PzRgt 2 semble pire que celle du PzRgt 1 , puisque celui ci parvient a remonter à 60% des dotations eu 30 mai .
Statistiquement , ces chiffres sont peu ou prou valables pour l'ensemble de la Panzerwaffe ( il existe des stats pour d'autres régiments tout a fait similaires ) . On a donc une situation globale ou il reste environ 1 char sur deux en unité de combat au 23 mai ( 45 à 60% selon les unités dirons nous ) .
10 à 15% environ des chars environ sont encore en train de fumer sur les champs de bataille à ce moment la ( plus de 800 seront détruits en mai 40 ) , et donc environ 35-40% se trouvent en réparation , en train d'attendre une dépanneuse ou en transit dans un sens ou dans l'autre . La situation , il n'y a pas de raison , est la même pour toutes les unités de première ligne ( reconnaissance , infanterie portée ) .
L’allongement des marches ( une même division a facilement 100-150 km entre l'automitrailleuse en pointe et les unités du train a l’arrière ) du au mouvement continu des divisions diminue encore plus le potentiel offensif/défensif des unités tout en déterminant un risque de percée sur les lignes de communication qui réduirait a néant l'approvisionnement des unités de tete et occasionnerait des situations potentielles d'encerclement et donc leur anéantissement .
On peut rétorquer a cela , et nous le savons aujourd'hui , que les alliés n'avaient pas les moyens d’opérer de telles opérations . Mais les Allemands ne le savaient tout simplement pas , car leur avance a été trop rapide pour que des relevés de la Luftwaffe soient satisfaisants pour apporter des informations utiles sur les unités se situant au sud du mouvement de percée , tout en sachant qu'il restait de grosses forces alliées ( et blindées ) dans la future poche de Dunkerque .
On peut rétorquer à cela que les niveaux opérationnels en 1944 se situaient aux alentours de 10/25% de la dotation théorique , mais pas pour les opérations offensives , par exemple pour les Ardennes le niveau opérationnel a été relevé avec beaucoup d'efforts à 60% , avec des dotations physiques proches de 95% de la dotation théorique ( ce qui indique que même en donnant le maxima , le fait de concentrer des unités sur un point d'attaque a générer de l'attrition , avant même que l'assaut ne soit lancé ) .
Donc , vous pourrez me dire tout ce que vous voulez, lorsqu'une armée ( qui est votre armée d'élite , la seule ) n'a que 50% de sa capacité de combat au bout d'une douzaine de jours , et qu'elle sait pouvoir la rehausser en quelques jours en immobilisant les troupes , qu'un risque existe sur les flancs , et bien soit on est optimiste et on joue le tout aux dés , quitte a perdre la guerre sur ce coup de dés quelques petits jours après , soit on a un peu de patience et on assure ses arrières au cas ou les combats durent plus longtemps que prévu , en renforçant les unités .
Je précise que ces données de chars disponibles proviennent directement de données d'archives Allemandes transmises a l'etat major divisionnaire de la PzDiv 1 .
Que dire de plus ... Vous ne partez pas pour un Paris-Lisbonne en voiture tout en sachant que vous avez une fuite au joint de culasse et avec des pneumatiques usés jusqu’à la corde ... Vous réparez ou vous abandonnez le voyage !
Amicalement ,
Alain
1/ Merci beaucoup, c'est très clair, et effectivement très intéressant, au point que j'ai bien envie de reprendre une de vos idées (crois-je) à mon compte: ouvrir un fil spécialement dédié à la logistique allemande dans la campagne de France. Cependant, et quitte à me répéter sans nier le moins du monde les "problèmes techniques" (j'admets par exemple, soit dit entre parenthèses, que de futurs "problèmes techniques" justifieront bien d'autres "ordres d'arrêt", voire d'arrêts tout court, sur le front germano-soviétique), je ne partage pas vos conclusions, à cause de ce qui suit.
2/ J'ai en effet posé des questions qui me paraissent précises et sans équivoque:
- lorsque, d'après un document contemporain du 25 mai 1940, Von Kluge "de même que le général Von Kleist, jugent qu'il vaut mieux aller de l'avant", ils considèrent qu'il est impossible d'aller de l'avant, pour cause logistique?
- lorsque ce même Von Kluge tempête au téléphone le 25 mai 1940: "Si j'en avais eu le droit, aujourd'hui les chars se trouveraient sur les hauteurs de Cassel", il considère qu'il est impossible d'aller de l'avant, pour cause logistique?
- lorsque le général Reinhardt considère qu'interrompre l'attaque est une erreur, que seules font obstacle à ses chars des "forces rapidement amenées", et que stopper "ne profitera qu'à l'adversaire", il considère qu'il est impossible d'aller de l'avant, pour cause logistique?
- lorsque l'auteur du journal de marche du corps blindé dirigé par Guderian, on trouve cette remarque: à cause de l'ordre d'arrêt, "on laissait pratiquement tomber les idées offensives qui avaient prévalu jusque là", ledit auteur considère qu'il est impossible d'aller de l'avant, pour cause logistique? Guderian, d'ailleurs, qui a protesté contre l'ordre d'arrêt, il s'exprimait comme vous?
- lorsque l'auteur du journal de marche de la 6. Panzer-Division écrit; "Le 24 mai au lever du jour, à partir de la tête de pont déjà acquise, la division aurait pu mener l'offensive vers l'est de toutes ses forces, face à un ennemi inférieur", il considère sa division (qui a franchi la ligne des canaux le 23 mai et se trouve alors à dix bornes de Cassel malgré ses "contraintes logistiques") ne peut aller de l'avant, pour cause logistique?
Bonsoir ,
Je précise qu'un ami lisant ce fil ( je ne le cite pas , mais il se reconnaîtra ) m'a donné les effectifs du PzRgt 2 au 23 mai : 17 chars , soit l’équivalent d'une compagnie .
J’étais donc optimiste dans mes évaluation , et il faut considérer que la PzD 1 devait avoir environ 35% de ses effectifs a cette date ( je compléterai mes données ultérieurement avec des chiffres précis après lecture du roll qui m'a été indiqué ) .
En ce qui concerne vos remarques : je n'ai jamais dit que continuer l'avance était impossible , relisez moi , mais bien que continuer allait encore plus réduire les forces disponibles ( chute exponentielle de jour en jour , flagrante lorsque l'on observe les chiffres, comme je le fais ) , et allonger les distances , donc ralentir d'autant l'approvisionnement et le remplacement , pour finir avec des panzer divisions ayant le potentiel de combat au maxima d'un bataillon . N'oubliez pas que les Allemands , lorsqu'ils débouchent dans cette zone , on tapé dans le ventre mou du dispositif Français , et n'ont rencontré quasi personne , sauf ponctuellement sur certaines zones comme par exemple Lille . Il est donc logique qu'un certain optimisme existe , et que l'on désire aller plus loin , puisque c’était si facile jusque la .
Mais il est clair aussi , que les tankistes auraient fini à pied , avec une MG-34 sur l'épaule , tout juste démontée de leur char en panne , abandonné sur le terrain .
Pis , c'est sans considérer la crainte d'une attaque sur les flancs qui était bien réelle dans l’état major Allemand , et désirée dans l’état major Français .
Au moment du Haltbefehl , je n'ai pas repris mon fichier de comptage , mais de mémoire la France doit encore disposer d'environ 1500 chars modernes disponibles ( auxquels on peut ajouter un bon millier de FT ) , c'est pas rien face a une panzerwaffe qui est déjà réduite a , grosso modo , 1000/1200 chars disponibles .
Amicalement ,
Alain