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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:20
de iffig
J' espère que ce n'est pas moi le pinailleur !
J'indique des sources possibles et chacun sait que dans la tradition humaniste on ne pompe pas : on emprunte de façon créative et on entre en dialogue avec des prédécesseurs.
Il y a une magnifique lettre de Machiavel à Francesco Vettori du 10 décembre 1513 sur la question (et d'autant plus magnifique qu'elle est en partie ironique).


" Io mi sto in villa, et poi che seguirno quelli miei ultimi casi, non sono stato, ad accozarli tutti, 20 dì a Firenze. (…) Io mi lievo la mattina con el sole et vommene in un mio boscho che io fo tagliare, dove sto dua hore a rivedere l’opere del giorno passato, et a passar tempo con quegli tagliatori, che hanno sempre qualche sciagura alle mane o fra loro o co’vicini. (..) Partitomi del bosco, io me ne vo a una fonte, et di quivi in un mio uccellare. Ho un libro sotto, o Dante o Petrarca, o un di questi poeti minori, come Tibullo, Ovvidio et simili : leggo quelle loro amorose passioni et quelli loro amori, ricordomi de’mia, godomi un pezzo in questo pensiero. Transferiscomi poi in su la strada nell’hosteria, parlo con quelli che passono, dimando delle nuove de’paesi loro, intendo varie cose, et noto varii gusti et diverse fantasie d’huomini. Vienne in questo mentre l’hora des desinare, dove con la mia brigata mi mangio di quelle cibi che questa povera villa et paululo patrimonio comporta. Mangiato che ho, ritorno nell’hosteria : quivi è l’hoste, per l’ordinario, un beccaio, un mugnaio, dua fornaciai. Con questi io m’ingaglioffo per tutto dì giuocando a criccha, a triche-tach, et poi dove nascono mille contese et infiniti dispetti di parole iniuriose, et il più delle volte si combatte un quattrino et siamo sentiti nondimanco gridare da San Casciano. Così rinvolto entra questi pidocchi traggo el cervello di muffa, et sfogo questa malignità di questa mia sorte, sendo contento mi calpesti per questa via, per vedere se la se ne vergognassi.

Venuta la sera, mi ritorno in casa, et entro nel mio scrittoio; et in su l’uscio mi spoglio quella veste cotidiana, piena di fango et di loto, et mi metto panni reali et curiali ; et rivestito condecentemente entro nelle antiqui corti degli antiqui huomini, dove, da loro ricevuto amorevolmente, mi pasco di quel cibo, che solum è mio, et che io nacqui per lui ; dove io non mi vergogno parlare con loro, et domandarli della ragione delle loro actioni ; et quelli per loro humanità mi rispondono ; et non sento per 4 hore di tempo alcuna noia, sdimenticho ogni affanno, non temo la povertà, non mi sbigottiscie la morte : tucto mi trasferisco in loro. E perchè Dante dice che non fa scienza sanza lo ritenere lo havere inteso, io ho notato quello di che per la loro conversatione ho fatto capitale, et composto uno opusculo De principatibus, dove io mi profondo quanto io posso nelle cogitationi di questo subbietto, disputando che cosa è principato, di quale spetie sono, come e’si acquistono, come e’si mantengono, perché e’si perdono. E se vi piacque mai alcuno mio ghiribizzo, questo non vi doverrebbe dispiacere; e a un principe, e massime a un principe nuovo, doverrebbe essere accetto: però io lo indirizzo alla Magnificentia di Giuliano."

Personne n'invente tout à partir de rien : c'est vieux comme Hérode, ce devrait être vieux comme Hérodote. Mais apparemment, les contemporanéistes ont du mal à saisir ....

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:30
de François Delpla
tout est parti de la fausse attribution de la phrase à Garibaldi, au cours de l'émission.

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:36
de iffig
L'apport garibaldien pourrait bien être le "toil". Dans l'imaginaire italien, les marches forcées militaires sont le type même de la corvée insupportable, allant directement contre l'individualisme insouciant qui fait le charme du pays et des gens (enfin à dose modérée, parce que quand on a affaire aux services publics, on est vite soûlé :mrgreen: ).

C'est important de savoir quelles sont les lectures et les sources de quelqu'un qui a été, comme tu le rappelles, prix Nobel de littérature !
En outre, s'il avait parlé comme il a parlé à un public qui n'avait pas, au moins un peu, la même culture et les mêmes références que lui, son propos serait tombé complètement à plat.
Les sermons de Christmas Evans, par exemple, avaient depuis longtemps dépassé leur origine galloise et étaient très connus du grand public.

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:45
de Dog Red
iffig a écrit:J'indique des sources possibles et chacun sait que dans la tradition humaniste on ne pompe pas : on emprunte de façon créative et on entre en dialogue avec des prédécesseurs.
Il y a une magnifique lettre de Machiavel à Francesco Vettori du 10 décembre 1513 sur la question (et d'autant plus magnifique qu'elle est en partie ironique).


C'est bien là tout ce qu'il manque à notre monde de buzzers, de la tradition humaniste.

Je me suis par ailleurs délecté des 2 auteurs : CHURCHILL et MACHIAVEL.

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:48
de iffig
Tout grand politique est, peu ou prou, un disciple de Machiavel (enfin d'un Machiavel un peu simplifié, comme celui qu'on invoque dans les Ecoles de Commerce ...).

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 12:51
de Dog Red
Je suis un disciple du philosophe (que tu connais par ailleurs fort bien ;) ).
Et je déteste les écoles de commerce :mrgreen:

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 13:19
de JARDIN DAVID
(au passage) : merci pour votre échange très intéressant !
JD

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 23 Nov 2018, 13:21
de iffig
C'était un intermède culturel dans un monde de brutes ....

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 24 Fév 2019, 09:53
de François Delpla
A la question de savoir si Hitler n'aurait pas eu intérêt à capturer la BEF pour faire tomber Churchill, je viens de faire sur Mediapart https://blogs.mediapart.fr/francois-delpla/blog/010219/linsoutenable-legerete-darte/commentaires une réponse plus élaborée que mes précédentes ici :

Question sans réponse, bien entendu. On peut seulement se mettre à la place du décideur.

Votre solution : il obtient peut-être le renversement de Churchill et l'acceptation, par Halifax ou Chamberlain qui lui succèdent, de l'alliance aryenne visée dans Mein Kampf. Cela ne va pas sans trois graves inconvénients (outre le fait que la chute de Churchill n'est pas certaine, la perte de la BEF pouvant lui donner, son éloquence aidant, l'image d'un lutteur appelé trop tard et achever de démonétiser les appeasers) :



- c'est une alliance forcée, sous la menace d'une longue captivité de la BEF, d'un bombardement de la Grande-Bretagne, etc. : de ces alliances qui ne durent que ce que dure la force qui les a produites ;



- ladite BEF, au lieu d'être simplement chassée du continent par un typhon submergeant l'armée française et empêchant de la secourir, a été humiliée par une captivité, mettant en évidence sa propre défaite : mauvaise préface à la conservation pendant mille ans de son empire colonial, à commencer par l'Inde où Gandhi a un boulevard pour sa propagande non-violente ;



- le nazisme et son chef apparaissent définitivement comme des arnaqueurs : ah bon, on faisait semblant de ne plus en vouloir à la France, de ne lui faire la guerre que parce qu'elle l'avait déclarée en prétendant impudemment faire la police à Dantzig... et en fait on appliquait méthodiquement le programme de Mein Kampf ? Mais alors qui nous dit que ce programme lui-même soit sincère, et ne soit pas, une fois engrangés les dividendes du côté soviétique, une simple étape vers la domination mondiale ? Hitler apparaît décidément comme quelqu'un qui ne sait pas ou ne veut pas s'arrêter, notamment aux yeux des dirigeants américains... et soviétiques, qui pourraient bien en venir à veiller au grain ensemble.



Sa solution (ne faire qu'un bref arrêt devant Dunkerque puis prendre le port à un train de sénateur, en n'essayant pas sérieusement d'empêcher les embarquements, et s'enfoncer rapidement en France de façon à y obtenir un armistice qui laisse l'Angleterre démunie)

1) met Churchill en permanence sur un siège éjectable, la "sagesse" pouvant l'emporter à tout moment au sein de son cabinet et/ou de son parlement;



2) crée mécaniquement une nouvelle crise très grave à Londres au moment et au lendemain de l'armistice franco-allemand.

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau messagePosté: 24 Fév 2019, 12:28
de Prosper Vandenbroucke
Très bonne remontée d'un fil qui avait tendance à s'endormir. Une théorie qui n'a pas encore fini de faire couler beaucoup d'encre!!!!!!