Soxton a écrit:Est-il vrai que la prise de cette ville a dissipé toute inquiétude d'ordre militaire ?
Pour info: le 24 mai, il est certain que la "crise d'Arras" est totalement surmontée, ce qui permet aux forces blindées teutonnes de remonter vers le nord-est. Au point que, comme le relatera l'historien (ouest-)allemand Hans Meier-Welcker,
"les forces allemandes ont atteint le sud-ouest de Lens (hauteurs de Vimy) dans la soirée du 24 mai" (Meier-Welcker, "Der Entschluss zum Anhalten der deutschen Panzertruppen in Flandern 1940",
op. cit., p. 280). Ce que confirme, du reste, la carte que vous trouverez
p. 847 de cet article.
D'après Jacobsen dans son
Dünkirchen,
op. cit., p., ce 24 mai, à 9 h 41 du matin, Von Kluge téléphone au commandement du Groupe d'Armées A et ne fait état que d'un risque d'attaque, conduites par de
"faibles forces", sur Amiens (de fait, dans la journée, Halder consigne dans son Journal qu'une telle attaque se produit dans le secteur Abbeville-Amiens, laquelle, quoique
"vigoureuse" sur Corbie-Péronne, est manifestement repoussée). Kluge ajoute qu'il souhaite libérer davantage de forces motorisées pour conduire la bataille sur l'aile nord, et à ce qu'une division lui soit transférée, visiblement pour obtenir le maximum d'unités dans la perspective du transfert de son armée du Groupe d'Armées A au Groupe d'Armées B.
"Ce n'est qu'en procédant de la sorte qu'un commandement unifié deviendra possible".
Bref, Von Kluge a bel et bien en tête de rameuter davantage de formations blindées pour soutenir l'effort dans le nord. Il a l'intention d'autoriser le Groupe Kleist à s'emparer de Cassel, et d'autoriser le Groupe Hoth à rejoindre la
"ligne des canaux". Ce qui n'a aucun sens s'il s'inquiète pour Arras - du reste, il ne fait mention, sans s'en préoccuper, que d'un risque de contre-attaque alliée sur Amiens (laquelle sera effectivement mise en échec).
Au matin du 24 mai, le commandement du Groupe d'Armées A sait donc à quoi s'en tenir. Il pourrait donc laisser Kluge agir, d'autant que le transfert de la 4.
Armee va très bientôt entrer en vigueur. Or, il se borne à répondre à Kluge que
"l'on devrait s'en tenir aux mesures prises la veille par la 4. Armee
", ce qui, à mon avis, renvoie à la "pause" de 24 heures décidée le 23 mai. Dans cette logique, le fait suggère que Von Rundstedt adresse à Kluge le message codé suivant:
"Tu veux aller de l'avant? Tu réclames davantage de troupes? Attends là, mon gaillard, ne t'avance pas trop: je sais que l'O.K.H. va te transférer, toi et ton armée, à Von Bock - mais attends un peu que le Führer
nous rejoigne, incessamment sous peu..." Ce qui laisse à penser qu'il sait, d'avance, que Hitler va prescrire une pause - et, par définition, lui laisser la 4.
Armee.